Le peuple malien a encore en mémoire le 17 janvier 2012, date à laquelle la rébellion touarègue a opposé l’armée malienne au Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) et au mouvement salafiste Ansar dine de Iyad Ag Ghaly, alliés à d’autres mouvements islamistes.
Cette insurrection armée était parvenue, par des concours de circonstances, à chasser l’armée de toutes ses positions au nord du Pays, et se partager, en l’occurrence, l’espace que ses mécènes dénomment Azawad. Mais, par suite, ceux-ci, dont les objectifs sont demeurés inconciliables, malgré tout, se séparèrent, sans ménagement, en se tirant dessus aux armes, car Iyad et autres, qui avaient l’ambition démesurée d’instaurer forcément la charia sur l’ensemble du territoire malien se sont vus confronter à la détermination des membres du MNLA de limiter leur lutte au territoire de l’Azawad dans lequel ils veulent un Etat laïc, la dernière chose dont veut entendre parler le premier. L’on connaît la suite.
On retiendra, en ce moment, que cette rébellion, a enregistré, en horreur, des milliers et des milliers de morts, civils et militaires, dont le nombre est difficile à déchiffrer avec exactitude. Et l’inadmissible qui se présente, c’est de croire de plus en plus que ces tueries vont crescendo, et cela malgré la conjugaison de plusieurs forces militaires, dont celles de la France, à l’époque appelée Serval, qui étaient parvenues à stopper net, dans la nuit du 10 au 11 mai 2012, la progression vers le sud de la coalition des forces du mal, si bien que des supputations, voire, des accusations fusent de la part des populations contre les secours qu’elles taxent de laxistes quant à ramener la paix.
A présent, non seulement la crise n’a pas trouvé sa solution au nord où elle a pris sa source, mais elle s’est déplacée au centre, opposant, de surcroît, des communautés qui vivaient jadis en parfaite symbiose. D’où certains prédisent son extrapolation.
C’est alors que le Président, Ibrahim Boubacar Keïta, a trouvé plus juste de désigner son représentant pour le centre, en la personne du Pr. Dioncounda Traoré, qui avait été Président de la transition après le coup d’Etat du 22 mars 2012. Beaucoup contestent ce choix pour la simple raison que celui-ci n’étant pas originaire des zones concernées ignorent leurs réalités afin de savoir par où prendre le mieux les belligérants, sans lui dénier, malgré tout, des qualités.
Ce dernier, en portant ainsi le manteau d’aimable compositeur qu’il est devenu par cette nomination, et ayant découvert l’énormité des tâches auxquelles il doit faire face, a estimé que la meilleure alternative qui s’offre à la situation, c’est le dialogue avec Iyad et Kouffa tel qu’il ressort d’ailleurs dans une des propositions du DNI.
Evidemment, ce choix divise, mettant en conflit oratoire entre ceux qui soutiennent que ces derniers sont l’œuvre de tellement de morts de personnes qu’ils ne méritent pas d’être approchés pour un dialogue et ceux qui concèdent que c’est aussi une voie indiquée à l’effet d’arrêter l’hémorragie des tueries gratuites et sauvages. Leurs farouches ennemis désormais, tout en se demandant sur quoi dialoguer avec des terroristes qui sont plus que jamais déterminés à instaurer la charia dans un Pays laïc, réclament irréversiblement leur tête à tout prix
Le Professeur sait maintenant, et ce n’est pas à négliger, que la réalité de l’horreur du nord au centre s’appuie sur plusieurs forces centrifuges qui se diluent les unes sur les autres. En cela, sans les forces en provenance de divers horizons dont l’épicentre est Kidal et Iyad, Amadou Kouffa pèse peu. Chaque fois qu’il nourrit la pensée de perpétrer des attaques, il fait appel à Iyad qui le fait renforcer par ses hommes parmi lesquels on rencontre des terroristes les plus aguerris d’EIGS, de certains de la CMA et d’autres mercenaires de gros calibre dont certains sont européens et d’autres nationalités blanches, et vice-versa. Pour le mal, ils sont soudés et ne se lâchent pas d’une semelle, de la frontière de l’Algérie, de la Mauritanie, du Niger, du Tchad, et tout dernièrement le Burkina Faso, après la chute de Compaoré. Et ce qui est plus terrifiant, parmi ceux qui crient très fort à l’hégémonie terroriste, beaucoup de la zone des conflits sont leurs complices dévoués et leur filent des renseignements capitaux. Il y en a également, qui les acceptent à cause de l’application correcte de la justice, ou parce qu’ils pensent simplement qu’ils sont musulmans, en n’occultant qu’ils tuent même dans les mosquées.. De la sorte, au sein des armées régulières, des traitres intelligents sont camouflés. Comment, se pose-t-on la question, venir à bout de la terreur qu’est celle des populations la plupart innocentes ?
Par rapport à ce choix de dialogue préconisé par le Pr. Dioncounda Traoré, des voix discordantes, sans preuve, attribuent au Président de la République et au Ministre Tiéble Dramé un refus catégorique. Même si ce dernier, lors de sa conférence de presse, a semblé désapprouver l’approche du Pr, celui-là, c’est-à-dire le Président, n’en a pas pipé un mot publiquement, avant de se raviser plus tard.
La seule vérité que l’on peut retenir en considération de la position des Etats-Unis, qui ont fiché les deux terroristes susnommés sur leur liste noire, et la France, qui a déclaré inopportun tout dialogue avec eux, et même l’ONU, est que la Communauté Internationale n’approuve aucune amabilité à leur égard. Cependant, l’on ne doit pas craindre que les Etats-Unis, face à l’intransigeance des Talismans en Afghanistan, se soient résolus au dialogue afin de sauver la face.
En tout cas, le Pr. n’a pas caché sa décision d’avoir déjà envoyé des émissaires auprès des terroristes, si c’est une possibilité de mettre un terme à l’hécatombe dont vivent au quotidien les Maliens. Maintenant, il reste de savoir, par leur réaction, s’ils consentent à revenir à de meilleurs sentiments en déposant les armes et en renonçant à leurs visées extrémistes. A la connaissance des gens, jusqu’ici ils n’ont pas manifesté une volonté favorable à la paix souhaitée par tous. Comme les Anglais le disent, watt and see.