AFFAIRE KAOU DJIM ET L'INTERPRÉTATION DE L'ARTICLE 62 DE LA CONSTITUTION MALIENNE

 Outre la vérité que le CNT a outrepassé les limites de ses prérogatives en allant à se substituer aux T

ribunaux, notamment la Cour Suprême, pour critiquer la qualification de l’infraction donnée par le Procureur de la république du Tribunal de Grande instance de la CIV, mais, en même temps, a ignoré les nuances que le Législateur met entre le stade de poursuite et de jugement, et l’indépendance de la Justice qu’ incarne le siège.  Pour la manifestation de la vérité , bien que le parquet soit hiérarchisé, le siège est souverain et rend ses décisions indépendamment de  toute autre autorité que celle de la loi.

Donc, confondre la suspension de poursuite ou de détention  contre un Député et l’arrêt de jugement des Tribunaux et des Cours,est une violation flagrante du principe de la séparation des pouvoirs, et pire, met le judiciaire sous domination du législatif.  Ce qui est inconcevable.  

Dans le cas présent, où un membre nommé du CNT a  été arrêté, poursuivi, déféré  devant  un Tribunal légalement  constitué et jugé, pour des faits hors des missions d’un législatif, en flagrant délit, au stade du délibéré, est-t-il conforme aux normes et principes de venir arrêter le  cours de la Justice, sachant qu’il n’est pas couvert par l’immunité, flagrance oblige ? Quel sera le sort du délibéré s’il est assorti d’une condamnation à une peine de prison  ?

Ce qui est sûr, en cas de condamnation  qui ne peut être présumée, plusieurs voies lui sont ouvertes pour la  combattre. Il existe l’amnistie, la grâce présidentielle ou la réformation.

Enfin, c’est dire que le CNT  a  “botté  en touche” en voulant garantir l’impunité, côute que côute, à un de ses membres et en touchant, par  conséquent , le coeur de la Justice. Je ne pense pas que ce soit l’esprit du législateur qui a institué l’immunité au profit du Député. En réalité, ce dernier se voulait garant du Député dans l’exercice normal de ses fonctions. Ainsi, sauf en cas de flagrant délit, le Député ne doit pas être poursuivi ni arrêté sans l’aval du Parlement, dans l’expression de ses opinions liées à son statut. Le cas échéant, il se donne la possibilité de faire suspendre l’action, car il y aurait abus.

Faut-il comprendre par là que l’expression continue de la lutte contre l’impunité  est creuse au Mali? Puisque cette résolution du  CNT n’aura de but que de casser l’aile de la Justice qui a donné des garanties de bonne fois de lutter efficacement contre l’impunité. Il n’est pas étonnant dans ce Pays que tous les cadres valeureux, tel que ce jeune Procureur Idrissa Hamidou Touré , ont fini par baisser les bras devant  l’injustice et l ‘hostilité d’avoir simplement servi avec loyauté. 

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GRÊVE DES BANQUES : CETTE FOIS–CI

 Les banques du Mali, depuis quelques jours, ont décidé, à leur bon vouloir, de punir leurs clients en engageant un bras de fer contre leurs promoteurs, au moment crucial des fins de mois, de manière injuste, alors que ces promoteurs, qui ont dans leurs poches le minimum pour vivre,se la coulent douce inconsciemment. Et le plus choquant, rien ne se dessine à l’horizon pour y trouver rapidement une solution. Et mêmes les autorités du Pays, qui ont pris , à un moment de l’histoire, la charge unilatérale  de faire virer dans les banques tous salaires égaux ou supérieurs à cinquante mille (50000) FCFA , ne semblent pas  apparemment s’en soucier. Pour le commun des mortels maliens, autrement, cette situation ne saurait perdurer. 

Qui peut ignorer qu’au Mali , sans les salaires qui servent juste pour exister chichement, on serait  en face d’un génocide collectif. C’est vrai que le Gouvernement s’est acquitté, à juste titre, de son devoir de virer ces salaires, à  temps.  Mais, est-ce cela est suffisant s’ils ne parviennent pas à destination. 

Donc, cette grève fait plus mal aux clients, qui n’ont d’autres choix que d’aller toucher leurs salaires dans les banques, qu’aux promoteurs qui , visiblement , ont plus d’égards pour leurs profits que le social. 

Dans cette histoire, normalement, le Gouvernement doit maintenir son leadership en abrogeant la décision qui nomme le PDG et en réintégrant la dame Kane, dans  le  cas où les lois  ne sont pas  violées. 

L’on n’ignore pas que faire du limogeage d’un responsable un cheval de bataille dans des revendications syndicales est une mesure qu’il ne faut nullement encourager, parce qu’elle peut conduire à  des précédents anarchiques. C’est facile de réclamer la tête d’un cadre à chaque incartade avec ses subordonnés, mêmes  les causes où il  défend  l’intérêt général. Mais, si son maintien est plus préjudiciable que son limogeage, le choix doit doit être vite opéré.

Mais, ce que demandent les salariés, c’est de concilier ces grêves à la précarité de  leur vie en faisant en sorte que des guichets soient disponibles pour les payer, même si elles s’étendaient, de manière regrettable, sur la longue durée, et si elles veulent se faire comprendre. Car une grève ne doit pas avoir pour but de faire du mal à ceux qui ne se reprochent rien, même si ses causes sont justes.