En considération des événements constants de ces derniers temps, en tout cas depuis que le Mali a demandé, à juste titre à cause des liens qui unissent les deux pays, l’implication de l’Algérie dans la résolution de la crise, au début, septentrionale, le démon de paternalisme dormant en elle s’est réveillé, confirmant la pensée de beaucoup qu’elle considère le Nord du Mali pour sa base-arrière et non comme motif de bon voisinage. Et de plus en plus, elle érode la souveraineté de ce pays voisin qu’elle regarde avec un complexe de supériorité. Donc, elle commence à oublier l’histoire.
L’on ne comprendrait pas autrement le comportement qu’elle adopte, à présent, en voulant imposer au Mali des terroristes auteurs de sa déstabilisation durant plus de dix ans, des tueries les plus odieuses contre sa population. Comment ne comprendrait-on pas qu’elle soit complice de cette situation, lorsque l’on sait que ceux-ci sont ses ressortissants et trouvent toujours refuge chez elle où leur impunité est négociée.
Ainsi, elle montre qu’elle est de mèche avec la France qui, dans son dessein ignoble de division si la sauvegarde de ses intérêts n’est pas assurée, est prête à tout. Des supputations se dessinent qu’elles (l’Algérie et la France) entretiennent désormais un deal contre le mali à cause de ses richesses convoitées par elles. C’est pourquoi, de tout le temps, elles ont ourdi toutes sortes de plans pour empêcher l’exploitation de ses richesses pour le bonheur des Maliens, qu’elles considèrent comme des noirs, donc des êtres inférieurs, par oubli de leur histoire. Il ne faut pas le nier, ce sentiment est pour beaucoup dans le déséquilibre des rapports en tout.
Donc, l’Algérie a mal pris la libération de Kidal par l’armée malienne qui ne lui a pas demandé une autorisation. Et, surtout, elle ne conçoit pas que des gens qu’elle a soutenus, entretenus, afin de garder la main et son leadership sur le sahel, soient réduits à rien, mettant à nu ses projets. C’est ainsi que, s’invitant dans la crise nigérienne, sans que personne ne le lui demande, en proposant sa médiation et en fixant une transition de six mois, elle corrobore son sentiment de paternalisme que les Africains combattent. Est-elle plus indiquée que les Nigériens eux-mêmes? Fait-elle moins que la France qui a l’audace de fixer des dates d’élections de façon impérative à certains pays africains qu’elle a colonisés?
Enfin, en réalité, l’Algérie ne souhaite pas la fin de la crise au nord Mali, sinon elle perdrait son rôle de paternalisme qui est le sien aujourd’hui. Alors que le Mali est en train de nettoyer son territoire qui était aux mains des terroristes qu’elle protège, elle s’offusque de cette délivrance et les reçoit en grande pompe et exige que l’accord de paix soit exécuté, un accord de paix que la CMA a dénoncé depuis belle lurette en reprenant les hostilités, en sachant que si l’on restait derrière cet accord jamais la paix ne reviendra, d’autant que ces groupes armés ont tout entrepris pour empêcher son exécution. Et, à cette fin, elle invite le chef religieux malien mercantile le plus contesté aujourd’hui dont la seule ambition est de diriger le pays afin de le mettre entre les mains des terroristes que ce dernier appelle djihadistes. De ce fait, elle va jusqu’à s’opposer à la Russie qui apporte toute son aide dans le but de permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale, tandis que toute sa puissance militaire provient de celle-ci. Sans la Russie, l’Algérie serait encore un balourd de la France, qui n’a pas d’amis mais que des intérêts à défendre. C’est ce que le Maroc, son ennemi juré, a compris pour se tourner vers d’autres horizons plus cléments. Ainsi, les pays du sahel sont en train de lui glisser entre les mains au profit de cet ennemi juré qui semble plus crédible. Que faire avec celui qui, par égoïsme, déploie toutes ses forces pour piétiner tes possibilités de développement? Au demeurant, quel est le pays africain qui peut nourrir du paternalisme à l’égard d’un autre pays africain alors qu’il se cherche lui-même? Entre pays africains la domination est à bannir. Cependant c’est le pays où on enregistre le plus de violations des droits de l’homme contre ceux qui optent pour l’émigration, où l’on compte plus d’expulsions d’Africains avec maltraitance. De l’histoire, jamais l’Algérie n’a offert son littoral comme est en train de le faire le Maroc qui ne partage pas de frontières avec les pays du sahel.
Enfin, elle a intérêt à se ressaisir et soutenir le Mali dans sa lutte contre le terrorisme pour son développement qui ne la gênera en rien. C’est dire que le développement du Mali ne nuira pas à son économie. Tout au contraire, la balance d’échanges commerciaux sera plus équilibrée et profitable. Avant la guerre en Ukraine, les pays développés échangeaient librement, chacun dans son domaine de prédilection, le tout appuyé d’une saine émulation, sauf avec la Russie et la Chine qui subissaient une discrimination plus ou moins voilée.
En tout cas, les pays de l’AES sont en voie de décollage sécuritaire et économique sur un chemin de non retour. Aucune action nocive ne pourra contrecarrer cette volonté d’Ibrahim Traoré, d’Assimi Goïta et d’Abdourahmane Tchani de redonner au sahel ses lettres de noblesse, même si l’Algérie s’allie avec le diable qui était son ennemi d’hier.