On ne croit pas mieux dire qu’aujourd’hui Bamako constitue une ville calvaire.Située (la ville) dans le creux d’une vague de montagnes traversées par un désormais semblant de fleuve auquel les pouvoirs publics n’arrivent à trouver la possibilité de redorer le blase en le restructurant de sorte qu’il puisse répondre aux multiples besoins d’exploitation dont on pouvait en attendre, elle offre au fur à mesure du temps un spectacle désolant de cacophonies délirantes n’obéissant à aucune harmonie structurelle.La stratification des besoins socio-économiques n’a pas suivi son développement.Le fond de son poumon est bloqué ou en passe. Elle a perdu son âme. Contrairement aux autres villes modernes, elle ne compte en son sein aucune infrastructure dégagée permettant la mobilité libre des biens et des personnes. L’illustration la plus parfaite de cet étranglement se trouve au niveau des quartiers du centre, même si l’on n’oublie pas les quartiers nouvellement installés ou spontanés où les inondations, chaque hivernage, constituent la lisière de dégâts matériels et humains. Dans cet état de mélancolie, on donne au revoir à la ville coquette de Bamako qui avait été glorieusement chantée que de simples monuments n’ont suffi à embellir. Actuellement, nul ne peut affirmer les traits propres de son architecture, comme ce fut jadis son architecture soudanaise. Sa personnalité est difficile à définir.
Lorsque nous étions plus frais et dispo, le marché de légume était un joyau où convergeaient toutes les routes venant du centre. On tournait dans tous les sens de façon loisible la bâtisse du marché rose, sans encombre. Aujourd’hui s’y mêlent stands et charrettes,motocycles, marchands ambulants obstruant ses allées, des dépôts d’ordures. Tout autour,des véhicules personnels, sotramas et taxis se disputent des routes étroites et mal entretenues, qui auraient pu se faire remplacer par quelques bus..
Le même problème est visible pour les gens auxquels il est fait obligation de rejoindre son centre commercial. Parfois, ils n’ont qu’une route pour ce faire, ajoutant aux tracasseries des travailleurs. Or avec une politique bien réfléchie, les autorités concentrées ou déconcentrées pouvaient trouver des possibilités de construire des marchés dignes dans toutes les communes, palliant la pensée qu’ont les périphériques que seul le centre commercial est en mesure d’offrir tous les services.
C’est le lieu d’attirer l’attention sur la position du nouveau marché de Médine qui offre le visage d’une boîte de sardine et qui risque, à la longue, de se transporter à l’intérieur des quartiers voisins, si ce n’est déjà fait.
Personne ne s’étonne que des quartiers entiers soient dépourvus d’eau et d’électricité, contraignant des femmes à se mettre en file indienne depuis trois (3) heures devant des fontaines de faible densité.
L’hygiène et la sécurité sont délaissées au profit de personnes insouciantes.A cause du laisser-aller de l’Etat, l’on a peur de dire au voisin qu’il ne doit pas verser de l’eau ou des ordures devant sa porte, par crainte de s’entendre dire que mêmes les autorités tolèrent que l’on les accumule, faute de solution alternative.
Il est déplorable, pour autant, que tous les transporteurs en provenance de Kati, de Kourémalé, Bougouni, Ségou et Koulikoro, et autres, viennent se concentrer au centre de la ville, où les gros porteurs rendent la vie dure aux Bamakois. Ces villes qui constituent des portes d’entrées liées aux ports des pays voisins,profitent peu du trafic généré ainsi à cause du manque de promotion à l’investissement qu’elles connaissent. Rarement elles ne possèdent des infrastructures donnant un répondant comme relais à celles de Bamako.
A ce rythme, dans vingt (20) ans, si on n’y fait face à bras le corps, Bamako serait invivable.