De mémoire très proche des Maliens, la création de la CMAS avait pour objectif le soutien à l’Imam Mahmoud Dicko, dont le mandat à la tête du Haut Conseil Islamique prenait fin. Mais le charisme de l’homme aidant dans les méandres des délices octroyés par les faveurs des pouvoirs, et cependant en voie de disparition, et la caution non encore émoussée d’une frange importante de musulmans, l’idée venait de tout faire pour garder le pavé des acquis. En effet, la présidence du Haut Conseil Islamique ne manque pas de retombées en termes de popularité, de gains de la part du Gouvernement et de bonnes volontés. Ainsi, on retiendra, pour exemple, la somme de cinquante (50)millions de nos francs que l’ex-Premier Ministre Soumeylou Boubeye Maïga avait tenté d’offrir à l'”Imam” pour l’organisation d’une rencontre qui portait des menaces contre celui-ci même. On n’ignore combien de pareilles sommes ont été données en de circonstances semblables par les pouvoirs successifs. Il se dit que pour prendre langue et négocier la paix avec Iyad Ag Ghaly et compagnons, l’Imam avait reçu une somme très importante que certains chiffrent à huit cent (800) millions du Gouvernement de l’époque par l’entremise d’Abdoulaye Idrissa Maïga, ex-Premier Ministre. D’autres vont à dire que le désamour entre l’Imam et Soumeylou Boubèye Maïga tire sa source du refus de ce dernier à continuer à payer cette fabuleuse somme au détriment du trésor public. Cette même assertion est tenue contre le respectable M’Bouyé Haïdara qui, semble-t-il, a mal pris que le même Chef du Gouvernement osât prendre la décision de faire dédouaner toutes les marchandises que les camions de l’érudit pouvaient transporter à l’intérieur du Pays. En tout cas, de toute évidence, ces deux hommes avaient des raisons personnelles d’abattre celui qui a pris sur lui le combat de mettre pied sur des avantages dont ils pensaient, par leur statut social, avoir droit. Dans ce combat de salut, Kaou N’Djim mûrit la pensée d’aider son beau-père. Mais l’on découvrira plus tard que sous l’ombre de ce dernier, il s’est fait à l’idée qu’il pouvait également profiter pour se faire une place au soleil.
Ainsi, lorsque l’ex-Président, IBK, fut évincé du pouvoir dans les conditions que les Maliens savent, les membres du groupe dont les actions ont été déterminantes se ruèrent chacun dans les brancards du CNSP pour avoir à figurer au sein du peloton de commandement, sauf les plus avisés qui souhaitaient plutôt que le plat leur soit gracieusement présenté, sinon avec honneur. Les jeunes colonels qui ont plus d’un tour dans leur sac, ne virent pas de cet oeil. Aussi, ils sonnèrent le rassemblement de tous, y compris ceux de la majorité en disgrâce. C’est clair qu’ils n’avaient nulle intention de lâcher le morceau à ceux qui pensaient en avoir le droit par leur lutte victorieuse, même si parmi ceux-ci certains ont perdu toute crédibilité aux yeux des Maliens, même si eux-mêmes avaient déclaré qu’ils étaient venus parachever cette lutte. Et la grande majorité des Maliens les soutinrent dans la quête de mieux être, en droite ligne des idéaux avancés par le groupe qui a pu convaincre du bien fondé de sa cause. Car tout le monde aspirait au changement en vue de réalisation de meilleures conditions pour l’ensemble qui a souffert d’ouverture politique dont la seule avancée reste la liberté d’expression qui n’a empêché aucun scandale de l’ère démocratique. Les esprits étaient divisés, notamment de la part de ceux qui sont profondément légalistes et réprouvaient le coup d’Etat. C’est alors que Kaou Djim et son mentor l’Imam Mahmoud Dicko choisirent leur camp dans l’espoir de tirer le maximum de profits de la situation. Le premier déclara sans sourciller que “le M5-RFP est mort de sa belle mort” et le second annonça à qui veut l’entendre que la lutte contre le régime d’IBK n’était pas pour prendre le pouvoir exclusivement à eux qui ont mené la lutte. Ils restèrent donc dans les bottes des Colonels qui leur ont fait miroiter des avantages. D’abord, ils firent croire à l’Imam la possibilité d’être le Président de la transition. Comme l’on sait, cela ne passa pas. Mais non seulement cette présidence l’a échappée et, pire, il ne voyait venir aucun intéressement de la part de ceux que l’on peut appeler désormais les putschistes. En désespoir de cause, il se réduit à écrire un memorandum contre les plus hautes autorités de la transition sans en tirer le réel succès d’antan, rejeté par le M5-RFP qu’il avait trahi et par beaucoup de ses compagnons qui ne le comprennent plus. Ils se demandent s’il est toujours le fervent religieux qu’ils connaissaient ou est-il devenu politicien. On retient, qu’à la suite de la chute d’IBK, il avait prononcé un discours au cours duquel il a exprimé sa décision de se retirer dans sa mosquée. Certains se disent que certainement la mosquée est devenue très étroite pour lui et qu’il fallait rebondir au risque de tomber dans les oubliettes. .
C’est le moment qu’a choisi la CMAS pour se disperser en injectant sans gants le sulfureux Kaou Djim, qui était, non sans calcul, le soutien de taille de l’Imam.
Cet autre bras fort du M5-RFP, n’y vit du côté de l’Imam et de ses anciens compagnons que du feu, parce qu’à présent qu’il a pu trouver une place au soleil pour un temps, on veut l’en faire sortir. Tout sauf cela, alors. Kaou Djim, puisqu’il s’agit de lui, s’agrippe au mieux à la planche qui lui est ainsi tendue. Il interdit désormais la tenue des rassemblements de son groupe au siège de la CMAS dont il détient la clé, et ne fait rien pour soutenir le memorandum de l’Imam. Pour garder des privilèges, il est prêt à tout, même de cautionner la violation de la charte de la transition. Ainsi, il invite à se couper les cordes vocales, en violation de l’article 9 de la dite charte, le Colonel Assimi Goïta à se présenter aux élections présidentielles de 2022, alors que les dispositions de celui-ci l’y interdisent. A regarder de près, il n’a pas peut-être tort, quand l’on sait que rien ne le prédestinait à cette marche du piédestal, accompagnée de tous les honneurs et avantages. Puisqu’il le soutient lui-même, il n’est détenteur d’aucun diplôme, mais il est tout comme, et payé mieux que ceux-là qui ont passé plusieurs années sur les bancs de l’école.
De toute façon, tous les Maliens espèrent à une bonne fin de transition qui puisse apporter le changement auquel ils aspirent fortement.