Ces derniers temps, Guillaume Soro réapparaît sur la scène internationale et fait parler de lui. Alors qu’il était très récemment menacé de kidnapping, d’enlèvement, voire au moindre mot d’arrestation, en Turquie, où se serait rendue la Procureure de la Cour d’appel d’Abidjan à ses trousses, il débarque au Niger un pays dirigé par une transition comme au Burkina Faso et au Mali, des pays avec lesquels, présentement, Alassane Dramane Ouattara ne tisse pas le parfait amour.
En effet, on retiendra que ce dernier, afin de faire valoir sa désapprobation contre le coup d’Etat au Mali, a tenté tous les coups pour chaparder sa réussite. On n’oublie pas l’affaire des quarante neuf mercenaires qu’il avait fait entrer dans le pays pour destabiliser le pouvoir d’Assimi Goïta.
La même réprobation a été dirigée contre Ibrahim Traoré, le Président de la transition burkinabé. On le soupconne d’avoir ourdi un coup d’Etat contre celui-ci. D’ailleurs, deux gendarmes ivoiriens sont dans les mains des autorités judiciaires burkinabés pour des faits allant dans le sens d’une destabilisation.
Le cas de Tchani, le Président de la Transition du Niger, se passe de tout commentaire. Alassane Dramane Ouattara a mis poingts et pieds joints pour convaincre les pays de la CEDEAO de constituer rapidement une force armée d’intervention à l’effet d’attaquer ce pays supposé frère avec toutes les conséquences qui pouvaient en découler, avec seul but de restaurer Bazoum, le Président déchu avec la bénédiction des Nigériens, dans son fauteuil présidentiel contesté.
Donc, l’on comprendrait que Guillaume ait choisi ces pays pour exprimer son intention qui ne plaît pas à Ouattara et qui y voit un complot en préparation contre lui.
Ainsi, la seule déclaration essentielle que Guillàume Soro a tenue et qui est reprise en boucle par la chaîne nationale nigérienne, et sommairement par les chaînes internationales, il informe de sa décision ferme de rentrer dans son pays duquel il est en exil depuis près de cinq ans.
Cet exil est intervenu, à la suite d’une discorde entre lui et Ado. Il avait senti qu’après tous les sacrifices consentis pour que le pouvoir actuel soit, ce dernier n’entendait pas le désigner comme son successeur. Aussi, démissionna-t-il de la Présidence de l’Assemblée et refusa d’adhérer au RHDP. S’en suivit un bruit de casseroles auquel il prétend avoir échappé de peu.
Depuis le 23 décembre 2019, il est sous le coup d’un mandat d’arrêt international qui n’a jamais été exécuté, puisque la justice ivoirienne l’avait condamné en 2020 à vingt ans de prison par contumance, peine qui fut alourdie en peine à perpétuité par la Cour d’assises d’Abidjan en 2021 pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Ayant appelé à une insurrection contre la réelection d’Ado, à Paris où il était installé, il fut déclaré indésirable. Donc, avec cette menace d’arrestation permanente, et des attentats dont il soutient être victime, et pour y échapper, il erre.
Alors, étant donné que rien ne filtre des entretiens qu’il a eus en tête-à-tête avec les Chefs d’Etats de l’AES, il est difficile de penser de la part de ceux-ci une aide suffisante que de lui souhaiter bonne chance et ne pas s’opposer à son entreprise tant Ado est nuisible. Il n’est pas clair qu’il fasse revivre les évènements de 2010. Tout autant, l’idée ne se précise pour afirmer qu’il est un pion de la France, même s’il y a des présomptions découlant de la possibilité qui lui est oferte de circuler dans l’espace Schegen sans inquiétude majeure.
Ce qui est sûr, il a toujours nourri l’ambition affichée de venir à la tête de l’État. Pour cette fin, il ne recule devant aucun obstacle, notamment que trois de ses proches viennent d’être élus aux dernières communales.
Il est intéressant de savoir si au cas où il parvenait à ses fins, il acceptera de réjoindre le groupe des pays de l’AES.
De toute façon, il n’y a pas de vérité que le temps ne révèle pas, comme l’avait affirmé Jean Jacques Rousseau.