Le Terrorisme et le Crime organisé

              A l’origine, le Mali était habité par un peuple courageux, laborieux, mais essentiellement animiste, régi à l’aide de règles de vie qui ne toléraient pas la trahison de la parole donnée. Certaines de ces règles s’étaient muées en totems.
               Beaucoup d’écrits le confirment.
             Mais avec l’arrivée des envahisseurs, qu’ils soient colons ou conquérants islamiques, la donne évolua sensiblement dans la direction menant à des confrontations sociales, entre blancs et noirs, dont la plupart étaient nées du fait de l’intolérance nourrie du refus de l’autre et de ses différences. Celles-ci eurent pour corollaire la volonté d’affirmation  de chaque groupe ethnique coloré se positionnant comme étant le supérieur sur les autres.
              C’est ainsi qu’avec le temps, les races “dites blanches” se cristallisèrent autour des idéologies scissionnistes trouvant terreau fertile de la promiscuité des voisins. C’est dire que le voisinage immédiat des pays maghrébins n’a pas été d’un apport toujours souhaitable dans la résolution  des crises récurrentes au nord du Mali.
             Crises sorties des matrices identitaires avaient pour but jusque récemment l’isolement par rapport au noir qui est vu et senti comme un autre que moins important, d’où l’idée fractionniste à l’intérieur des frontières établies par le colon et reconnues par la Communauté Internationale. Elles sont toujours justifiées du côté non légaliste, donc opposé au Gouvernement, par l’état de précarité de vie du Nord, le peu d’attention accordée de la part des autorités  de Bamako au septentrion, ignorant volontairement  que cet état n’est  pas non plus enviable au sud, à l’exception que les Sudistes vivent de leur labeur. Il faut noter au demeurant que rien de durable ne peut se construire sur l’insécurité permanente, sinon le nord fait l’objet, aux yeux des Maliens, de faveurs particulières ayant conduit à élaborer des programmes suivis d’intégration sans concours dans les différents corps de l’armée et de sécurité, dans la fonction publique.
           La délation est le propre des Touarègues qui ont une conception erronée de l’environnement qu’ils pensent pouvoir toujours dominer et asservir, au point d’être partisans de moindre effort qu’ils laissent à leur vis-à-vis. Et les Touarègues, ils se retrouvent dans bon nombre de pays arabes dont beaucoup les soutiennent si le terrorisme sous-tendu par le crime organisé ne s’était pas mêlé.
          En effet, les terroristes honnis, vomis et chassés de partout trouvèrent leur refuge dans les grottes de l’Adrar des Ifoghas. Face à cette intrusion, les parties en belligérance, l’Etat et les rebelles, restèrent indifférentes, chacune croyait avoir , le premier, le moyen de mettre un terme à la rébellion, le second, le renforcement de sa position de combattant révolté.
           Le terrain obtenu sur un plateau avec la bénédiction de certains locaux qui se reconnaissaient en eux, ils eurent de longues années pour se matérialiser en s’armant lourdement et en faisant appel à d’autres groupes, qui avaient séparément des visées propres. Leur ramification allait au-delà de ce que le pouvoir de Bamako pouvait croire, lorsqu’on savait qu’ils constituaient une des branches armées de l’Aqmi, dont la mère nourricière est l’Alkaïda au Maghreb islamique. La nébuleuse, comme on la qualifie souvent, posait ses tentacules dans plusieurs pays et bénéficiait de financement conséquent de divers cartels, ralliés à leur idéologie expansionniste, dont ceux de la drogue, des armes, de marchandises prohibées, d’Afghanistan au Quatar. L’affaire “Air cocaïne” était passée par là.
           Le plus important du financement lui vient de ses opérations de prise d’otages à travers le sahel. Les rançons payées à cette fin sont importantes à la propension de leur hégémonie.
           En plus des attentats les plus odieux de l’histoire contemporaine, les prises d’otages mettaient en mal le Mali, qui voulait fermer l’œil par ses dirigeants qui découvraient de plus en plus, en l’occurrence, la faiblesse de son niveau  de défense. Aussi, l’appel à l’aide  qu’ils lancèrent la gorge serrée ne trouva pas d’écho, et cela même de ses voisins qui couraient  autant la menace.
           Ils faisaient déjà peser cette menace sur la communauté arabe à laquelle ils adressaient des affiches de ralliement à leur raison. Ceux parmi eux qui s’y opposaient, étaient abattus sans ménagement, comme ce fut le cas du Colonel Lamana, ancien rebelle, qui avait choisi, avant son assassinat, le camp du Mali. Des attaques sporadiques de leur part étaient enregistrées par-ci par là.
           C’est alors que le mouvement irrédentiste, dont certains sont venus de la Libye après la défection de l’armée de Kadhafi,  érigé en Mouvement de Libération de l’Azawad (MNLA), prit plus d’ailes et remit sur la scène sa revendication d’indépendance du Nord, après s’être assuré de l’accompagnement de la nébuleuse, associée à Ansardine, Mujao et de quelques éléments de Boko Haram.
            Tous ces groupes désormais  fusionnés, sous le commandement de stratèges de guerre et à la suite d’un coup d’Etat qui a affaibli la chaine de commandement militaire malienne, ensemble, prirent en chasse l’armée mal équipée et sans soutien, parmi les éléments desquels ils tuèrent froidement plus d’une centaine, semble-t-il, et occupèrent en moins de 48 heures les 2/3 du territoire, de Kidal à Douentza et de Kidal à Ténenkou . Donnant libre cours à leur victoire, ils imposèrent des souffrances et l’humiliation aux populations, détruisirent les symboles de l’histoire de la ville mystérieuse, Tombouctou.
           Mais, paradoxe, une bataille gagnée , entre eux s’installèrent des divergences sur la ligne politique à adopter. Des archives avaient été découvertes sur cette politique djihadiste et diffusées sur la ligne.
          Le MNLA, croyant avoir abouti à sa fin, et la cause de tout ce bouleversement, voulait un Etat laïc, tandis que les autres mouvements, Iyad Ag Ghali en tête, n’entendait pas de cette oreille et voulaient plutôt tout le Mali.
          Leur rêve prit fin entre le 10 et le 11 janvier 2013 avec l’intervention de Serval venant en appui, sous l’égide de l’ONU, à l’armée malienne et, plus tard, aux troupes de la MISMA, aujourd’hui transformée en MINUSMA.
         Le Mali espère enfin que c’est la fin définitive de toutes les épisodes rebelles et du terrorisme, dont les contours sont très difficiles à saisir.

            
           

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