PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, GOUVERNEMENT ET ENSEIGNANTS, UN DIALOGUE DE SOURDS?

Depuis le début de l’année, et même avant, les enseignants du Mali, du préscolaire au secondaire, en passant par le fondamental, ont déterré leur hache de guerre, qui était, en réalité, à portée de la main, contre le Gouvernement, qu’ils accusent de manque de respect de la parole donnée, d’autisme, en un mot.
En effet, récemment, à la suite aussi d’un bras de fer entre le Gouvernement et l’Union Nationale des Travailleurs du Mali, (UNTM), ces derniers ont vu la grille indiciaire des fonctionnaires majorée de 20%. Or la loi n°2018-007 du 16 Janvier 2018 portant statut du corps enseignant précité dispose en son article 39 :“Toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du statut général des fonctionnaires s’applique de plein droit  au personnel enseignant de l’enseignement fondamental, secondaire, de l’éducation préscolaire et spéciale.“ Fort de cette disposition, les enseignants également ont réclamé l’augmentation de leur valeur indiciaire, à la hauteur de celle octroyée aux autres fonctionnaires.
Face à cette demande, le Gouvernement a tenté, en premier lieu, de nier l’évidence, en voulant faire croire qu’ils n’y ont pas droit car ils sont régis par un statut particulier. A ce niveau, il (le Gouvernement,) a perdu pied sur le plan juridique, et à cause de la détermination au combat dont ses vis-à-vis font montre. Ces derniers ne veulent, en aucune manière, desserrer les mâchoires devant l’opportunité qui leur est offerte d’améliorer tant soit peu leurs conditions pas enviables à présent. Il est connu qu’ils ne vivent que de leur salaire, contrairement à d’autres qui ont des avantages liés au traitement de tout dossier, ou à leur statut.
Ensuite, tout en acceptant le principe de la majoration, le Gouvernement joue sur la corde du sentimentalisme qui n’émeut pas aussi les enseignants, en raison du fait que dans leur croyance le train de vie de l’Etat prouve à suffisance que des ressources sont disponibles pour les mettre dans leur droit. Aussi, la corruption et la délinquance financière à ciel ouvert qui rongent le Pays ne viennent pas pour arranger la situation.
Le bouée de sauvetage  que le Dialogue National Inclusif  propose, en l’occurrence l’observance d’une trêve sociale, se résume à l’adage :“Autant en emporte le vent.“ pour ceux qui ne croient plus en rien. Evidemment, sur le fondement des résolutions de ce Dialogue National Inclusif, le Président de la République et, à sa suite, le Premier Ministre et son Gouvernement, ont tous demandé avec insistance cette trêve sociale, en vain.
Cette volte-face du corps enseignant s’explique par la crise de confiance qui s’est installée progressivement entre  les protagonistes.                                                                                                         En effet, devant l’intransigeance des  grévistes,  c’était l’une des deux alternatives qui se présentaient au Gouvernement, qui crie finalement, pour convaincre, que l’Etat n’est pas en mesure d’honorer ce qu’ils demandent, soit il réduit sensiblement les crédits des services ou institutions autres que les salaires, soit il recrute des volontaires pour suppléer le débrayage des cours et venir à bout de la résistance des frondeurs. Alors, il choisit la deuxième solution, comme nous l’avions dit tantôt. Est-ce une solution, car le recrutement d’enseignants qui manquent d’expérience et de pédagogie, qui entraînera  surement des contraintes budgétaires supplémentaires, ne résoudra pas le problème, même s’il est de nature à éviter coûte que coûte le scénario de l’année précédente, et à donner satisfaction à bon nombre de Maliens qui refusent de concevoir que leurs enfants restent dans la rue.
Par ailleurs, le Gouvernement affirme avec force arguments tenus, en confirmation de ceux du Premier Ministre, lors de la conférence de presse du Ministre du Dialogue Social, du Ministre de l’Education et de l’Enseignement  Supérieur et de celui de la Communication, Porte-Parole du Gouvernement, que le but du choix des autorités n’est pas la révocation des grévistes, mais de pallier la carence déplorable de l’enseignement. Ceci est heureux d’autant plus que les enseignants constituent une couche importante de la société qui a apporté beaucoup au Pays. Ils méritent la compréhension de tout le monde, car il n’est pas aussi aisé d’être enseignant de nos jours, en face de gens dont les bouches sont pleines de beurre et d’huile.
Comme, il est du souhait des Maliens qu’ils acceptent les conditions d’échelonnement de paiement proposées par le Gouvernement  à l’instar de celles de l’UNTM, si ça ne tient qu’à cela. L’exigence du temps nous obligent à nous faire des concessions mutuelles avant la sortie du Pays de  l’imbroglio sécuritaire  dans lequel il se trouve. Le devoir leur impose cela, même si les raisons qu’ils avancent gagnent l’entendement humain. Le Pays est menacé dans son existence, et ils doivent comprendre cela.

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