QUE COMPRENDRE DU RASSEMBLEMENT ORGANISE PAR LA CMAS,LE FSD ET EMK?

A l’appel des organisations suscitées, plusieurs partis politiques, associations et de regroupements de la société civile, ont répondu présents au rassemblement qui s’est tenu au Boulevard de l’Indépendance de Bamako, le 05 Juin 2020. Toutes les voies adjacentes à ce Boulevard avaient été prises d’assaut par toutes sortes de couches socio professionnelles, économiques, politiques.
La question qui mérite d’être posée dans pareil cas, c’est qu’est-ce qui motive un tel engouement à braver même la Covid-19 qui fait des ravages pour aller exprimer sur la place publique son mécontentement ? La réponse ne peut être seulement liée au charisme de l’Imam Mahmoud Dicko, même si ce dernier avait été Président du Haut Conseil Islamique et jouit encore de la popularité, voire de notoriété au sein de landerneau musulman, il est adossé à une CMAS qui a pour gouvernail Kaou Djim, et dont il est le porte-étendard. Même si, par ailleurs, il est assuré de l’appui inestimable du Chérif de Nioro, M’Bouillé Hamaoula Haïdara. Le doute n’est pas permis d’affirmer, en effet, que la CMAS est une organisation politico-religieuse depuis sa création. Ses fondateurs ne l’avaient pas nié et ses membres originels se tirent essentiellement parmi les religieux qui la financent. Et il n’y a pas à craindre de dire que la force de l’Imam Dicko réside dans cette organisation qui gagne du terrain dans la sphère politique, au point d’avoir des velléités de concourir aux différents suffrages comme celui des législatives dernières. Certains créditent  son mentor d’avoir des visées pour les présidentielles de 2023. Donc, l’on ne se serait pas trompé de soutenir que la réussite du rassemblement du 05 juin trouve crédit grâce au charisme de Dicko, des bénédictions du Chérif de Nioro et du cartel musulman. D’ailleurs, le Chérif, tout en proclamant sa volonté de rester légaliste, et l’imam Dicko, ne cachent pas leur satisfaction de voir le raccourci du pouvoir du Président de la République, avant termes, si les circonstances le permettaient. Toutes les raisons qui restent à approfondir par rapport aux intérêts et objectifs ont été avancées pour expliquer cette rupture.
 A côté, alors, ont profité le FSD, EMK et autres qui n’ont pas la carrure du succès si éclatant d’un tel événement qui a ébranlé la République jusque dans ses fondements. A eux seuls, ils n’auraient pas pu réunir autant de monde, à se dire la vérité, parce qu’ils portent aussi en eux une crise de crédibilité.
Il faut comprendre aussi et alors, par ricocher et en l’occurrence, qu’à présent, le Mali regorge d’un nombre important de mécontents du régime parmi lesquels comptent tous les frustrés de la mauvaise ou parfois fruste gouvernance, les enseignants, les victimes des dernières élections, qui ont rallié la cause du rassemblement. Trop de récriminations ont été accumulées contre le pouvoir en place que l’on accuse d’autisme si ce ne sont pas ses intérêts propres. Trop d’affaires qui exigent un coup d’accélérateur souffrent de latence par la faute de certains responsables politico-juridico-administratifs.

Il importe enfin, et vu l’urgence, de nettoyer les écuries qui ne sentent pas la population, étant donné que le mali ne peut pas s’offrir le luxe de faire fi de notre constitution par un renversement de pouvoir par la force et de revenir dans l’immédiat sur les résultats des élections proclamés solennellement par la Cour Constitutionnelle, même si celle-ci est contestée, de régler le litige, et cela est dans les cordes du Gouvernement, né de l’application de l’article 39 du statut particulier des enseignants grévistes, et penser à redresser la barre de la gouvernance en revoyant les structures de commandement qui n’y répondent pas valablement ou mal conçues, encourager et aider celles qui nourrissent la volonté de mieux servir le pays.
En conclusion, la porte ouverte au dialogue prôné par la partie gouvernementale et les contestataires laisse entrevoir la possibilité de trouver un terrain de compréhension en prenant des mesures urgentes et adéquates allant dans le sens de l’aspiration du peuple. Pour cela, une réunion autour d’une table pour discuter de ces mesures est recommandable. 
Au moment même où notre article est terminé, nous apprenons que la conférence qui avait été annoncée par la CMAS, le FSD et le EMK s’est bien tenue ce jour 08 juin 2020. Selon les différentes déclarations de ses initiateurs, le mouvement a reçu l’adhésion de plusieurs partis politiques et associations qui sont tous déterminés à en découdre avec le pouvoir. Ainsi le mouvement élargi envisage des actions dans les prochains jours ou semaines en vue de la démission du Président de la République. Pour ce faire, une assemblée générale de tous les adhérents est prévue pour jeudi prochain, le 11 juin, au cours de laquelle la restitution des démarches entreprises dans le but de l’aboutissement de la lutte sera opérée.

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