ENFIN, LES SANCTIONS DES CHEFS D'ETATS DE LA CEDEAO SUR LE MALI LEVEES

 

Il n’est plus besoin de répéter que les sanctions des Chefs d’Etas de la CEDEAO du 09 janvier 2022 sur le Mali ont été illégales, illégitimes, injustes et inhumaines, et, au maximum, elles ont causé du tort aux populations maliennes et d’ailleurs, au lieu de leurs autorités. En fait, elles n’ont pas produit tout l’effet escompté par les décideurs de l’occasion.

L’intention, l’on ne le dira pas assez, était de punir, poussés à fond de course par ceux qui estiment que les dirigeants du Mali et leur peuple sont devenus arrogants en n’écoutant pas les sirènes de mauvais aloi, dans le but unique de sauver des meubles qui sont fragiles et renversables par leur nature. Il ne faut pas que l’exemple du coup d’Etat ne serve pas d’exemple au renversement des princes du jour éjectables à souhait par leur mépris à réaliser une bonne gouvernance dans leur pays.

Le Mali avait atteint un tel niveau de somatognosie de son culbutage occasionné par l’insécurité due au terrorisme que la nécessité d’une solution urgente s’imposait. Tout l’abacule du pays s’effritant, le peuple a réclamé la mue du pouvoir aux abois devant les crimes les plus odieux des terroristes de tous genres, et, aussi, devant la corruption et les délinquances financières généralisées et impunies. Loin de mettre le tout sur le dos du pouvoir, beaucoup demeurant comptables de la situation, de deux choses l’une, soit celui-là en trouve du baume, soit parvient à susciter une solidarité agissante de ses pairs surtout africains. Malheureusement, ni l’une ni l’autre n’a été obtenue, favorisant ainsi un ressentiment et son enlisement. Devant le choix de canarder son peuple ou de déposer le tenant du pouvoir qu’est Ibrahim Boubacar Keïta, l’option est tout faite. C’est en ce moment que la CEDEAO donne de la voix pour fustiger, pour menacer, pour imposer, sans au préalable penser aux solutions meilleures pour le pays, en ce qui concerne la sécurité sans laquelle rien de normal n’est possible, en oubliant qu’elle avait suggéré auparavant des reformes avant toute élection qu’elle met au-dessus de tous les intérêts d’un pays. Des élections, oui, mais pas avec le tiers du territoire et avec 10% des électeurs, au moment où les terroristes égorgent comme des moutons les populations innocentes.

Assimi Goïta, fidèle à ses engagements, et son Gouvernement, à la suite de Bah N’Daou qui voulait faire le jeu des méchants, voulurent diversifier leurs partenaires qui sont susceptibles de lui apporter la réponse la plus souhaitable au déchiquetage de leur pays. Parallèlement, à l’interne, l’inclusion de tous fut demandée à l’effet de répartir sur de nouvelles bases pouvant acquérir l’adhésion du plus grand nombre. Alors, des Assisses Nationales pour la Refondation (ANR) furent organisées au cours desquelles toutes les sensibilités que renferme le Mali se sont exprimées librement. A l’issue donc de ces Assises, le peuple souverain du Mali décida de la durée de la Transition, dans la fourchette de six mois à cinq ans. La CEDEAO mise au courant du souhait exprimé par les Maliens, avant de proposer toute alternative par le dialogue, laissa s’abattre son épée de Damoclès qu’elle tenait déjà quelque temps. Des sanctions que l’on ne pouvait imaginer contre un pays frère tombèrent en cascade sans tenir compte royalement des conséquences qu’elles peuvent entraîner pour le peuple malien et les autres peuples de la CEDEAO. Certains prédirent que le Mali serait à genou dans six mois au maximum et lui coupèrent leurs aides ciblées. Au lieu de cela, il tient plus de six mois et mit en péril économique ses voisins. Les Maliens plus radicaux, patriotes jusqu’à la moelle épinière, demandèrent même le retrait de leur pays du FCFA, de la CEDEAO et de l’UEMOA.

En effet, il faut concevoir que contrairement à la Russie qui a son rouble, le mali ne peut utiliser, pour l’instant, que le FCFA rimé à l’euro au moyen duquel des comptes ont été bloqués, donnant à la banque mondiale et autres sous pression ou solidarité française de suspendre allègrement leurs décaissements en sa faveur.

A cet effet, des solidarités, en plus de la résilience des Maliens, à l’échelle africaine et mondiale, se manifestèrent pour fustiger l’opportunité et la justesse des sanctions. Aux premières heures, les autorités guinéennes, mauritaniennes et algériennes exprimèrent ces solidarités en laissant ouvertes leurs frontières alors  qu’elles sont fermées chez tous les pays de la CEDEAO qui a rappelé ses Ambassadeurs. De sources crédibles affirment que Nana Akufo Ado du Ghana, Mohamed Bazoun du Niger et Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, taxés de valets de la France, étaient les Chefs d’Etats les plus intransigeants dans la prise des sanctions et de leur maintien. De réunion en réunion suivie de médiation de Goodluck Jonathan qui n’en finissait pas, les autorités maliennes décidèrent que la transition durera 24 mois. Le Premier Ministre, Choguel Kokala Maïga, l’avait exprimé clairement lors de sa déclaration de Plan de Politique Générale devant l’Assemblée Nationale. Ainsi, en face de l’état des lieux et des médiations venant en appui de celles de Goodluck Jonathan et Faure Niassingbé du Togo, de la volonté de toutes les parties de trouver un terrain d’attente, les 24 mois courant à compter du 26 mars furent acceptés, laissant un goût de non achevé, par manque de confiance, puisque les sanctions individuelles sont maintenues et le Mali reste suspendu des organes de l’Organisation. De ce fait, la Transition au Mali prendra fin le 26 mars 2024, et pour y conduire un chronogramme a été arrêté. Déjà une nouvelle loi électorale a été votée et la rédaction d’une nouvelle constitution est en chantier, et la montée en puissance des forces armées pour sécuriser le territoire, avec des partenaires crédibles, se concrétise.

En termes de sécurisation, le Mali doit mettre tout en œuvre pour avoir la maîtrise totale de son espace aérien et terrestre, des infiltrations inavouées n’étant pas à exclure. Récemment le Conseil de Sécurité a donné mandat à la Minusma contre quelque part la volonté des autorités hôtes de fouiner partout, comme déjà elle fut un frein parfois au déploiement normal de l’armée malienne sur des prétextes non fondés. Et sur ce plan, non plus, la CEDEAO ne s’est pas prononcée, dans leur furie de voir les autorités maliennes sombrées, tel qu’elle est restée sourde quand la Cour de Justice de l’UMEOA avait décidé de la suspension des sanctions qu’elle vient de lever, faisant qu’elle en a laissé des plumes.

La CEDEAO, en levant les sanctions, a assorti sa décision de l’interdiction des organes de Transition de se présenter aux élections marquant sa fin, nonobstant les dispositions de la Charte révisée et de la loi électorale. C’est aussi une écuelle qu’il faut aplanir avant les échéances.

La CEDEAO a l’obligation, enfin, de revoir sa gouvernance surtout politique afin de trouver des alternatives aux sanctions dont le mali a tout de même souffert, en évitant les mêmes à la Guinée Conakry et au Burkina Faso. L’intégration de l’ensemble de ses Etats membres en dépend.

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