Farako est un nouveau quartier du sud-est de Bamako où beaucoup de maisons sont en construction, mais en beatnik. Tout au long des chemins sont creusées, pêle-mêle, des fosses béantes qui constituent des dangers pour tout le monde, notamment les enfants, pendant l’hivernage. Ces fosses ouvertes au vent se remplissent quand il pleut, et n’indiquent pas leur présence aux usagers. Remplies d’eau, elles sont au ras du sol et propice à provoquer des accidents parfois irréparables.
C’est là que je vous tiens l’histoire de deux jumeaux qui ont perdu la vie tous les deux le 02 juillet 2022. Leur père était berger, ensuite éleveur et vendeur de bétail à Niamana. Ce dernier étant parti, comme d’habitude, au marché de bétail, a laissé ses enfants dans sa cour. A sa suite, leur maman est allée chez le tailleur à la recherche de leurs habits de fête. Aux environs de 15 heures 16 heures, la pluie tomba abondamment, drainant tout sur son passage. Leur sœur aînée, sentant les dégâts qu’elle peut provoquer, s’enferma avec eux à clé dans leur chambre. Curieusement, ils prirent la fenêtre en compagnie de leur grand-frère. Ils se rendirent au parc de leur père où ils fournirent des aliments aux bœufs de celui-ci. Leur corvée terminée, ils prirent le chemin de retour pour se rendre en famille. Mais, sur cette voie, ils découvrirent un attroupement de personnes battant mains comme lors d’un mariage. Cela aiguisa la curiosité du grand-frère qui intima aux deux jumeaux de continuer avant lui à la maison. Le nez en l’air et confiants, ils empruntèrent allègrement la voie qui semblait la mieux à même de les conduire à leur destination. Ne se doutant de rien, un des deux, voulant traverser ce qui lui donnait un semblable de flaque d’eau, fut emporté par une chute. L’autre jumeau le voyant, tenta désespérément de le sauver, mais, au lieu de cela, fut entraîné avec lui au fond de l’abysse. Les témoins qui assistèrent malgré eux à ce drame s’écrièrent et alertèrent l’alentour. Leur grand-frère ayant compris que les victimes étaient ses frères qui l’avaient quitté il y a peu, appela à l’aide pour les y extraire. Ainsi, grâce aux bonnes volontés, ils purent être repêchés. Leur enterrement a eu lieu le même jour.
C’est plus tard, dans la nuit, que le propriétaire de ce qui a causé ce malheur se présenta pour implorer le pardon et demander la conduire à tenir. Le père des enfants, comme à l’habitude des Peulhs, lui rétorqua qu’il s’en remet à Dieu, puisque c’est son fait contre lequel personne n’y peut rien.
Peut-être que celui-là ignore qu’il est passible d’homicide involontaire par le simple fait de n’avoir pas pensé à une rambarde de nature à aviser les passants de l’existence de la fosse.
Il revient, c’est un cri de cœur, aux autorités de prendre des mesures urgentes pour éviter à l’avenir la réitération de telle tragédie.