DE PRETENDUS SOLDATS QUI SOUFFRENT D'INSOLENCE

De l’inédit. Des hommes en uniforme, au nombre de 49, débarquent de deux aéronefs avec armes et bagages à l’Aéroport International Modibo Keïta-Sénou, sans autorisation. A la question des services de sécurité dudit aéroport, comment se fait-il, ils prétendent être des soldats ivoiriens venus en renfort des effectifs de la Minusma.

Dès lors des soupçons naissent, car, suivant les termes qui lient les pays contributeurs de contingents et la Minusma, il existe une procédure préalable d’admission. Pour participer aux forces des casques bleus,  tout pays contributeur en exprime d’abord le souhait par écrit aux institutions de l’ONU, en l’occurrence son Conseil de Sécurité qui en juge l’opportunité. C’est alors, si l’accord est donné, ce Conseil de sécurité informe le pays de destination. En toute logique, le pays bénéficiaire doit pouvoir avoir la faculté de refuser de l’arrivée sur son sol de soldats d’un pays qui lui est hostile. Si le pays destinataire donne son accord, après avoir été informé de la nature de la force, de ses composantes, celle-ci vient dans les conditions de toute transparence, soit par terre, ou par air. Ainsi, elle est reçue avec tous les honneurs. Le remplacement d’un contingent militaire par un autre ne peut, non plus, se faire en incognito, comme les soldats ivoiriens veulent nous faire croire.

Ainsi, ils furent interpellés et conduits dans les locaux de l’école de la Gendarmerie. Là les soupçons se confirmèrent à la lumière des interrogatoires qu’ils subirent. Les documents d’identité qu’ils présentèrent montrent à suffisance qu’ils ne sont pas ce qu’ils prétendent. Sur un document, il est mentionné qu’ils sont des soldats ivoiriens, dont 31 de la force spéciale et 18 de la force ordinaire, mais, en même temps, les passeports qu’ils détiennent présentent tout autre : ils sont maçons, mécaniciens, chauffeurs, vendeuse, etc.

Ce qui suffit à conclure qu’ils ne sont issus d’aucune force régulière, le Représentant de la Minusma, le Chef du contingent ivoirien au Mali,  l’ONU même dont ils prétendent, dans leurs contradictions, être employés, déclarent tous qu’ils sont inconnus d’eux.

Alors, le Gouvernement malien trouva le mot juste en les qualifiant de mercenaires, puisque l’on ne sait plus au nom de qui et pour quel but ils sont venus au Mali, en tout cas tout sauf des intentions claires pour des gens se présentant sous des qualités douteuses. L’on ne peut que se demander pourquoi.

En tout cas, pris le pied dans le tapis, autrement la main dans le sac, l’on entendit des versions toutes aussi contradictoires les unes que les autres.  Maintenant, du coup, ceux qui avaient rejeté aussitôt leurs différents justificatifs mensongers, et publiquement, se dédisent par la suite pour leur trouver un nom qui tombe du cheveu : ELEMENTS NATIONAUX DE SOUTIEN. De soutien à qui ? Tantôt la Minusma, tantôt Sahel Aviation, tantôt un contingent ivoirien, et finalement le diable.  Enfin, quand est-ce que peut-on avoir du sérieux dans ce monde ? L’ONU, se permet-elle de jouer au cache-cache avec ses pays membres qui ont recours à elle ? Depuis quand des forces spéciales d’une armée en soutien se composent de mécaniciens, de maçons, de chauffeurs, d’étudiants, de vendeuses, si elles ne sont pas celles qui sont chargées d’exécuter les sales besognes ?  Il y a doute qu’elles ne soient pas celles qui sont  utilisées pour aller attaquer des villages sous  le label de terroristes ? L’on est en droit de se demander si cette forme de forces est légale. Est-ce que les textes de l’ONU le permettent, ou c’est une pratique instituée délibérément pour cacher des intentions ?  Des forces cachées en soutien à des forces reconnues de l’ONU dans un pays qui pense qu’il a seulement affaire à  un contingent d’un autre pays déterminé. Cela sent le cambouis. Après tout, l’on n’est pas loin, dans un monde de fausseté, de se faire avaler des couleuvres. Seuls les rapports de force déterminent l’influence des Etats actuellement.

Et le paradoxe se trouve dans l’attitude du Gouvernement ivoirien, fendeur d’un communiqué menaçant à l’égard du Mali sur le territoire duquel ces mercenaires ont été arrêtés, en faisant semblant d’oublier que la notion d’éléments nationaux de soutien n’existe pas dans les rapports qui lient le Mali à l’ONU. Le mali ne reconnaît que les casques bleus de l’ONU. Et aucune gymnastique intellectuelle ne peut le convaincre du contraire. Dans cette histoire, la Côte d’Ivoire ne peut se référer qu’aux instances de l’ONU qui peut certainement trouver un dénouement qui satisfait toutes les parties. Elle n’a rien à avoir avec les autorités maliennes qui ont le droit de refuser une pratique qui n’est pas adossée à une loi.

D’ailleurs, cette pratique doit être bannie puisqu’elle n’apporte rien à l’efficacité des actions de l’ONU dont les casques bleus sont censés se suffire pour se protéger mutuellement de façon découverte.

C’est de dire aussi à ceux qui ne veulent pas respirer le Mali de s’en éloigner afin de permettre à celui-ci de vivre sa vie. L’égoïsme et la haine ne servent que le diable.

   

 

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