COMPTE-RENDU DE L'INTERVENTION DU CHERIF, CE JOUR 06 MARS 2020, APRES LA PRIERE DU VENDREDI

Après son mot de bienvenue aux fidèles hamalistes comme à l’accoutumée, le Chérif a tenu à donner des précisions à l’ensemble des fidèles sur toute l’étendue du territoire national à propos de sa position face aux rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux concernant la marche, finalement, annulée suivant l’appel de l’imam Dicko.
Aujourd’hui, je me glorifie d’être le fils d’un grand homme comme Cheickné Hamaoula. Un homme de tolérance, un homme emblématique. Même si d’autres pensent qu’il ne vit plus. Je suis parmi les gens qui pensent que Cheickné Hamaoula n’est pas mort. Je n’ai rien aussi contre les gens qui pensent qu’il est mort.
Le Chérif : « Ma relation avec Dicko est sincère, nous nous sommes engagés ensemble en 2011 contre le code de la famille qu’ATT avait voulu nous imposer. A présent, je retiens de lui un homme correct, intègre et fidèle à mon égard.
Concernant la marche annulée, j’ai fait savoir à l’imam Mohamoud Dicko qu’on n’a pas besoin d’utiliser la violence contre un régime ayant montré ses limites. Les propos attribués à lui après son meeting m’ont été rapportés et j’ai, donc, pris l’initiative de le faire revenir à la raison en lui demandant de surseoir à la dite marche.
Tout le monde est conscient de la situation actuelle du pays. Le Président et son gouvernement sont incapables de gérer les affaires publiques de l’Etat et la situation sécuritaire va de mal en pire.
Je ne m’associerai jamais à quelqu’un pour déstabiliser le pays. Mon seul objectif est de voir tous les Maliens heureux.
Le régime actuel est déconnecté de toute la réalité du pays.
Si nous avons des ennemis aujourd’hui, c’est ceux-là qui prennent des armes contre nous.
Nos militaires et civils meurent à longueur de temps.
Notre pays a figuré parmi les grands empires du monde, mais aujourd’hui, nous connaissons toutes sortes d’humiliation du fait de la mauvaise gouvernance pendant que le Président, lui-même, n’est même pas conscient de son rôle de Président que lorsqu’il se voit dans son avion pour voyager; le peuple malien étant laissé à lui-même.
Notre souveraineté est bafouée et la seule préoccupation du régime, c’est de jouir des deniers publics. Les droits des fonctionnaires ne sont plus respectés et l’armée humiliée en permanence.
Qu’allons-nous faire avec ce régime qui tend vers sa fin ?
Une chose est claire, le Mali ne restera pas comme ça.
IBK doit se rappeler de 2002 quand le troisième a pris la place du premier (en 2002, il avait été premier à l’élection présidentielle suivi de Soumaïla Cissé, ATT était arrivé troisième, mais a pris le dessus sur les deux autres grâce à la complicité d’Alpha Oumar KONARÉ qui avait, lui aussi, perdu les élections en 92 face à Tiéoulé Konaté et cela, grâce à l’implication du même ATT qui fut son mentor, en son temps et qui a volé les voix des autres au profit d’Alpha.
En 2007, le même scénario s’est produit face à ATT où Alpha jurait qu’IBK ne serait jamais président de son vivant à lui. A l’époque des faits, j’étais le seul confident à IBK et il doit encore se rappeler de ce que je lui ai dit pour le réconforter.
Alpha le traitait d’incapable à gérer le pays, mais lui reconnaissait, au moins, un homme de rigueur et ferme lorsqu’il s’agit d’exécuter des décisions.
Une chose n’est plus un doute sur IBK, c’est que c’est une liane (une liane est une plante grimpante herbacée ou ligneuse à la tige particulièrement souple qui utilise d’autres végétaux, mais aussi, d’autres supports verticaux pour monter vers la canopée bénéficiant d’un meilleur ensoleillement.).
IBK n’est bon que pour exécuter des ordres/décisions à lui instruites. Il ne saurait les initier lui-même.
En 2013, c’est lorsque les deux Chefs religieux, à savoir : Mohamoud Dicko et Haidara, n’ont pu nous faire un choix que j’ai décidé de porter ma confiance à IBK pour la simple raison qu’il n’était pas parmi les gens qui ont défendu le code des personnes et de la famille. »
« IBK, reste le seul Président incompétent que le Mali n’a connu de toute son histoire. Il a trahi son peuple et son gouvernement est incapable de gérer les affaires publiques de l’État. Pourtant, il est le deuxième Président légal et légitime à travers son élection de 2013, Modibo KEÏTA étant le premier. Les autres ont fait des mascarades pour venir au pouvoir.
Le peuple malien l’a choisi, lui, comme président par la voix démocratique.
Alpha, dans sa stratégie de livrer notre pays à nos ennemis, a opté pour une flamme de la paix en détruisant nos armes au profit des rebelles.
Quant à ATT, il a porté atteinte à nos valeurs sociétales et religieuses en voulant instaurer le code de la famille pour faire plaisir aux occidentaux.
Tant que nous resterons vivants, nous dirons non aux tripatouillages de nos textes.
IBK laisse gérer le pays par sa famille et son entourage. Prenons le cas de son fils Karim, il est impliqué dans toutes les affaires. Qui ne sait pas que Karim fait du trafic d’argent a travers le monde entier ?
Ils ont tous des comptes bloqués à l’étranger.
Nos ressources sont pillées pour des investissements en dehors du pays.
Karim ne serait pas devenu député si je ne m’étais pas opposé à la décision de son père qui prévoyait d’empêcher sa candidature. Mais j’ai été la première personne a être attaquée par Karim à travers mes enfants pendant la campagne présidentielle de 2018. Lui et le fils de Tiékoro Bagayoko, en la personne de Mohamed, ont planifié une attaque contre une partie de ma fille à Guiré dans la zone de Nara.
Par ailleurs, deux de mes enfants ont subi de coups et blessures volontaires, l’un à Diema au poste de péage et l’autre à Bamako.
Notre Zawia de Niaréla a fait l’objet d’attaque, le 05 avril dernier, à gaz lacrymogène par des policiers. Si je dois raconter tout ce que nous avons subi de ce régime, on n’en finirait pas aujourd’hui.
Pour conclure mon intervention, le message important que j’adresse à l’endroit du peuple malien est le suivant : “Ma position face au régime reste la même, mais de façon démocratique.
Notre pays est une grande nation, tous ceux qui pensent que le Mali va tomber se trompent, nous allons nous relever. Même les ennemis de la nation qui souhaitent du malheur au pays profiteraient du Mali.”
Wassalam »
Cheick Coulibaly porte- parole de l’union des jeunes Hamalistes.

LE JUGE MALIEN EST-IL REELLEMENT INDEPENDANT?

Aujourd’hui, au Mali, il existe trois (3) pouvoirs : le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire.
L’article 81 de la constitution malienne, bien entendu, dispose : « Le pouvoir judiciaire est indépendant des pouvoirs exécutif et législatif. Il s’exerce par la Cour Suprême et des autres Cours et Tribunaux. » L’apothéose se retrouve dans l’article 82 de cette même loi suprême : « Les Magistrats ne sont soumis dans l’exercice de leur fonction qu’à l’autorité de la loi. » Et, en plus, ils ne peuvent être révoqués qu’après décision du conseil supérieur de la magistrature (art.3 al.3 du statut de la magistrature). Dans l’exercice de leur fonction, le même statut, en son art.4, leur assure toute la protection nécessaire contre les menaces  et attaques de quelle que nature que ce soit dont ils peuvent faire l’objet. Ces textes sont bien beaux, mais est-ce la réalité du vécu, selon que l’on se place du côté du pouvoir politique, des Magistrats, eux-mêmes, et de la population ou du peuple au nom duquel la justice est rendue ?
I-DU COTE DU POUVOIR POLITIQUE :
Dans le contexte du Mali, le pouvoir politique limite énormément les pouvoirs du Juge, par le fait des lois ou des pratiques avec l’environnement immédiat:
A-Limite des pouvoirs du Juge par les lois :
a-      Le recrutement du juge :
Selon les articles 37 et 38 du statut de la Magistrature, le pouvoir de recrutement des Juges revient au Ministre de la Justice. Pour qui connaît comment ce recrutement est opéré, il n’est pas exempt de reproche, à bien des égards, à cause de certaines pesanteurs qui peuvent résulter de pressions hiérarchiques, sociales, ou financières :
1-Pressions hiérarchiques pour le recrutement des magistrats :
Ce genre de pressions trouve un terreau fertile le plus souvent quand le premier responsable du Ministère de la justice manque de caractère et est facilement influençable, si bien qu’il se laisse imposer des candidats qui, une fois recrutés, causent du tort à l’indépendance de la Justice. Ces derniers, en effet, par devoir de reconnaissance, restent maniables par ceux-là dont leur réussite dépend.
Il a été dit qu’au temps d’un Ministre du Mali, chaque institution proposait  la liste de candidats dont elle souhaitait le recrutement. Sur la liste de chacune d’elle le recrutement se faisait, en plus de celle du Ministre lui-même. C’est alors seulement que le reste des places disponibles est comblé par les candidats les plus offrants.
2- Pressions sociales pour le recrutement des magistrats :
Rien ne vient démentir l’idée que des magistrats sont recrutés grâce au statut social de leurs parents qui gardent en mains un privilège sur eux. Ces parents de notoriété incontestable savent remuer le cocotier quand il faut pour faire admettre dans la magistrature de gens qui ne peuvent pas y accéder en pure légalité.
3-Pressions financières au recrutement des magistrats :
Comme il est souligné tantôt, ce fut un temps où seuls ceux qui pouvaient y mettre le prix, financièrement parlant, accédaient avec facilité au corps des magistrats. Ainsi, des Ministres, pour éviter des fraudes de ceux qui ont accepté d’être soudoyés, ont fait corriger des copies des candidats aux concours de recrutement de magistrats et proclamer leur résultat dans leur bureau. Et paradoxalement, ces Ministres, pour avoir bien fait, ont été traités de tous les noms.
Il est établi que ce type de magistrats est prêt à tout pour se faire les poches quitte à ruiner leur indépendance.
b-La nomination du Juge :
1-La Direction Nationale de l’Administration de la Justice et le Ministère de la Justice :
Dans l’ordre normal des attributions, le projet de mutation et de nomination des Magistrats incombe à la Direction Nationale de l’Administration de la Justice, qui n’est pas toujours du sang bleu dans ses choix. Il est de pratique qu’une fois ce projet préparé sur demande du Ministre de la Justice, il est présenté à celui-ci auquel il est loisible de le soumettre à l’appréciation des différentes Directions assujetties à son Département, ou de le peaufiner en y associant son Cabinet et le Secrétaire Général. Ensuite, ce projet est adressé au Président de la République qui le soumet, la plupart, à la Cellule du Conseil Supérieur installée au niveau de la Présidence. Après le travail de cette Cellule, il est retourné au Président de la République, avec des propositions d’amendements ou non. Ce Premier Magistrat peut le retourner au Ministre de la Justice ou faire venir ce dernier à son bureau pour arrêter sa forme finale. En tout cas, il ne passe pas tant que les violons ne s’accordent pas.
A ce niveau, évidement, ceux qui ont des entrées essayent par tous les moyens de torpiller les nominations déjà proposées. Certains, d’influence avérée auprès du Chef de l’Etat ou de ses collaborateurs y parviennent, dit-on.
2-Le Conseil supérieur de la magistrature :
En mettant à part la nomination des auditeurs de justice (art.45 du statut de la magistrature), qui sent à des kilomètres le favoritisme, l’on est obligé de reconnaître que le conseil supérieur de la magistrature est une farce, tant elle sait être injuste de bien de fois, or il a été institué pour garantir l’indépendance des Magistrats.
L’inamovibilité du juge tel que prévue dans le texte n’a de sens que lorsque la nécessité selon la tête du magistrat a pion sur rue. Tout autant, le plan de carrière de ce dernier n’est fait cas que pour arranger quelqu’un.
Personne ne s’en offusque de l’injustice de nommer des magistrats de grade exceptionnel à des postes inférieurs à ceux de premier grade. Certains, pour peu ou à défaut de soutien, sont envoyés très loin alors que d’autres à couteaux plus tranchants et criminels mais soutenus, se passent les postes à Bamako.
Le Conseil Supérieur qui porte en lui des membres non Magistrats se divise pendant ses réunions en clans qui défendent chacun ses protégés, notamment ceux du corps qui luttent pour leur maintien, ou pour leur promotion ou celle de leurs amis, au détriment de l’ensemble et de l’indépendance de la justice. Ces derniers temps, l’on constate la tenue de concertations en amont du conseil à l’effet d’harmoniser les positions afin d’influencer les nominations, toujours au détriment de ceux dont les voix ne sont pas portées devant cette importante  réunion parce que décidant de la carrière et de l’avenir des hommes.
De plus en plus des voix s’élèvent pour demander que le Conseil Supérieur soit présidé par le Premier Président de la Cour Suprême, à l’instar de ce qui se passe au Bénin, et qu’il soit composé uniquement de Magistrats, pour mieux garantir son indépendance et mettre fin, du coup, à toutes ces tractations qui se trament et président à sa négation.
Pourquoi pas, le mali est dans l’échelon des Etats qui peuvent organiser des élections afin de pourvoir aux postes les plus importants dans la Magistrature.
c-La rémunération du Juge :
L’article 60 du statut de la Magistrature et bien d’autres textes ont permis de déterminer le traitement des magistrats en termes de rémunération. A ce niveau, on regrettera le fait que la conception du budget de la Justice exclue les principaux concernés et présente deux paliers, même si globalement la Justice est un pouvoir, soit  en se plaçant par rapport à l’Exécutif et à l’Assemblée Nationale, soit par rapport à son ordonnateur, soit par rapport à la Cour Suprême :
1-Par rapport à l’Exécutif et à l’Assemblée Nationale :
C’est une vérité incontestable que le budget du Ministère de la Justice s’opère en dehors des Magistrats et concerne tous les agents qui émargent au nom de ce Département, et est voté tel que présenté par l’Exécutif, alors que ce sont les deux autres pouvoirs qui préparent et présentent leur budget. Il n’est pas rare que les citoyens soient mis devant le fait accompli de la part des Députés qui se donnent parfois le droit de voter des lois pour revaloriser leur traitement, ou de celui du Président de la République et des Ministres et des autres institutions.
2-Par rapport à l’Ordonnateur du budget des Magistrats :
Est-il besoin de répéter que l’ordonnateur du budget de la Justice demeure le Ministre de la Justice qui dispose de tout l’arsenal financier pour l’assister ? Le fonctionnement normal des Cours, excepté la Cour Suprême qui a son gestionnaire propre, dépend de lui. C’est ainsi que l’organisation des Assises reste suspendue à sa disponibilité financière. Qui connaît la ténuité du budget dont il dispose, sa tâche est la moins aisée et lui demande beaucoup de gymnastique. L’intolérable est d’accepter que les Magistrats ne peuvent rien entreprendre sur le plan financier sans son aval qui le met très souvent dans des conditions inconfortables.
3-Par rapport à la Cour Suprême :
Alors qu’il est consacré à l’article 81 de la Constitution que le pouvoir judiciaire s’exerce par la Cour Suprême et les autres Cours et Tribunaux, on note une discrimination de traitement entre les membres de cette Cour et le reste de la Magistrature. Seule elle est reconnue comme institution de la République laissant en pétaudière l’entier de son corps.
La Cour Suprême, désormais institution au même titre que les autres institutions, nargue au plan traitement les autres membres du pouvoir judiciaire, comme si une institution est supérieure à un pouvoir. Elle est dotée d’un service de gestion qui se charge de la conception de son budget et d’un ordonnateur propre qui est le Premier Président de la Cour.
Les membres de la Cour Suprême, qui sont nommés principalement sur proposition de son Premier Président, sont nettement mieux payés que les autres Magistrats de grade exceptionnel affectés à d’autres juridictions, et qui n’ont pas eu la chance d’y être nommés, si bien qu’à la retraite ils n’ont pas les mêmes droits. Ceci est de nature à amener des frustrations.
Enfin, quel sens pratique donne-t-on à cette disposition qui veut faire de la Justice l’égale du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif ?
L’indépendance du Juge donc ne peut être effective tant que pour rendre justice il dépend de l’efficacité de son environnement.
B-Limites des pouvoirs du Juge par les pratiques avec l’environnement immédiat :
Personne ne dénie le fait que les subalternes, les professions libérales, la police judiciaire, les experts et les services de la sécurité contribuent à l’effort et à l’œuvre de Justice, mais peuvent aussi poser des freins à son épanouissement et à son indépendance:
a-Limitation des pouvoirs du Juge due aux subalternes :
Le fait que les agents subalternes de la Justice soient recrutés et mutés par l’exécutif sans tenir compte de la volonté du juge est de nature à amenuiser le pouvoir de celui-ci. Il arrive que le juge soit confronté au refus de mutation ou de maintien d’un agent qui paralyse le service ou qui donne satisfaction. Un Juge n’est pas indépendant quand pour rendre justice il lui faut faire appel à la volonté d’autres services que le tien. Cela peut se produire dans le cas où dans la juridiction il y a une insuffisance de personnel, ou si ce personnel n’existe même pas.
                     b-Limite des pouvoirs du juge due aux professions libérales :
Il est indéniable que le service de la Justice a besoin, pour sa crédibilité, de compétences extérieures comme les Avocats, les Notaires ou les huissiers-Commissaires Priseurs. Toutes ces différentes corporations ont leur place dont la finalité est d’aboutir à une justice saine, sereine et juste. Mais leur mauvais service peut ternir l’indépendance du Juge. Rien que des actes mal servis ont le tort de nuire aux droits des justiciables. Il importe que ces acteurs dont l’univers, comme les Magistrats, est essentiellement dans la justice, jouent pleinement leur rôle pour éviter au Juge des critiques infondées.
c-Limitation des pouvoirs du juge due à la police judiciaire :
Dans la chaîne pénale, la place de la police judiciaire est prépondérante. Sans elle, le Juge pénal ne peut rien.
Mais son problème n’est autre que les deux casquettes qu’elle porte en même temps, et sa situation disciplinaire.
Au mali, la police administrative et la police judiciaire sont presque confondues. Elle relève pratiquement du même échelon, soit qu’elle soit à l’Escadron ou dans une Brigade, dans une Direction ou dans un Commissariat. Il n’existe pas à présent une police judiciaire propre au Ministère de la justice aux ordres du seul elle doit répondre. Quelle indépendance veut-on reconnaître à un Juge dont l’ordre peut être contredit ou contrarié par l’ordre du supérieur hiérarchique de l’Officier autre que lui, qui note ce dernier, en plus? Cet officier, s’il a la bénédiction de ses Chefs hiérarchiques au nombre desquels le Juge compte peu, il peut laisser ce dernier pantois en refusant d’exécuter son ordre. On a assisté à des cas qui n’ont été suivis d’aucune sanction de l’agent réfractaire, et cela malgré l’insistance de l’ordonnateur. Donc, sans occulter l’effort inlassable que mène la police judiciaire, il convient de lui donner plus de poids et d’indépendance en réunissant son pouvoir de direction à la seule structure de la Justice.
e-Limitation des pouvoirs du Juge due aux experts :
A cause de la technicité de certaines affaires, le Juge est obligé de faire appel aux compétences des experts qui peuvent éclairer sa lanterne. En raison du nombre réduit des experts et de la difficulté que ceux-ci rencontrent pour rentrer dans leurs droits vis-à-vis de l’Etat, empiètent sur l’efficacité du Juge dont l’autorité peut être bafouée, entrainant parfois des suspicions sur son indépendance. Encore que les textes admettent à l’expert de décliner son expertise, au grand dam du Juge.
F- Limitation des pouvoirs du Juge due à l’insécurité :
Il n’est plus un secret que l’insécurité limite le service de la Justice dans les zones où elle existe. Il est à l’évidence que bon nombre de parties du mali, où le juge ne peut plus officier, sont laissées dans les mains hétéroclites de terroristes.
En outre, le juge, dans l’exercice de ses fonctions, ne bénéficie pas de la sécurité indispensable à sa protection, exposant sa vie de sorte que son indépendance reste aléatoire. C’est parfois la croix et la bannière pour obtenir le service de sécurité d’une audience. Récemment, l’une des revendications de la grève des Magistrats a trait au problème de sécurité de ceux-ci.
En effet, la sérénité du juge dépend aussi de l’assurance de sa sécurité, si, surtout, la jalousie de son indépendance peut déterminer de mauvaises volontés à vouloir son agression.
II- DU COTE DES MAGISTRATS EUX-MEMES :
Dans l’exercice de leurs fonctions, les Magistrats peuvent être amenés à résister à certaines tentations ou contraintes.
A-RESISTANCE DU MAGISTRAT CONTRE LES TENTATIONS :
Baromètre de la société, le Magistrat constitue le dernier rempart contre toutes les dérives à quel que niveau qu’elles soient. Grâce à lui, la loi s’applique à tous, même contre l’Etat, qui devient ainsi sujet de droit. N’étant pas dans les secrets de Dieu, il joue néanmoins un semblant de son rôle sur terre.
Pour cela, il doit être à l’abri du besoin pour s’éviter la  tentation de la corruption. Il n’y a pas d’indépendance quand, à l’effet de rendre la monnaie à des justiciables, le Magistrat est contraint de sortir par la fenêtre opposée à la clameur publique. C’est pratiquement difficile, mais une vraie justice commande l’application stricto sensu de la loi à l’égard de tous. La stabilité d’un Pays en dépend. Il n’est pas exagéré de dire qu’il n’y a et il n’y en aura jamais de paix sans une justice équitable.
Donc, la corruption du Magistrat joue négativement sur son indépendance. C’est pourquoi, il doit s’opposer à ses faveurs et la combattre par tous les moyens de droit.
B-RESISTANCE DU MAGISTRAT CONTRE LES CONTRAINTES :
Même si c’est vrai que son recrutement, sa nomination et sa rémunération dépendent, en grande partie, de structures autres que purement judiciaires, le Magistrat doit pouvoir avoir la force nécessaire de s’opposer à toutes demandes venant d’elles qui entrent en conflit avec la loi. Même si c’est pour obtenir des promotions, le Magistrat ne doit courber l’échine que devant la loi. Il ne doit nullement s’acoquiner avec des violeurs de l’ordre qui n’hésiteront pas un instant à le jeter à la pâture après l’avoir pressé à souhait.
Tout autant, il fera œuvre honorable en s’insurgeant contre les pressions qui ont tendance à le décider sur la mauvaise voie de ces jugements, notamment celles des parents et amis. Le magistrat peut être de tout ce qui reste à la société lorsque les dérives s’amplifient et prennent le pas sur le tolérable. Les gens pensent que devant lui l’impunité ne peut pas prospérer.
III-LE PEUPLE AU NOM DUQUEL LA JUSTICE EST RENDUE :
Ne dit-on pas que la Justice est rendue au nom du peuple ? Si cela est vrai, elle doit gagner la compréhension de tous. Mais, malheureusement, l’ignorance ou le défaut de probité de ses bénéficiaires peut parfois travestir sa finalité.
A-L’ignorance des bénéficiaires de la justice :
L’on ne peut pas nier que les 80% des bénéficiaires de la Justice au Mali sont analphabètes en considération de la langue dans laquelle les textes de loi sont écrits. A cause de cette ignorance, très souvent l’incompréhension naît entre acteurs de la Justice et les justiciables. Il arrive que ces derniers perdent des procès par cette ignorance. L’aveugle qui refuse aussi de se faire guider court inexorablement à sa perte. Il est nécessaire donc que ceux au nom desquels le législateur a consacré la protection des droits cherchent à connaître les lois de la République, les procédures de leur mise en œuvre afin d’éviter d’être surpris par des décisions qu’ils ne comprennent pas.
Il va de soi que quelqu’un qui ignore mêmes les voies de recours mises à sa disposition pour attaquer une décision de justice peut être exposé à la perte de son procès, alors qu’il aurait pu le gagner s’il les connaissait. Rien n’est plus désolant pour quelqu’un qui s’entend dire qu’il est forclos parce qu’il n’a pas su exercer les voies de recours dans un délai imparti, ou seulement n’a pas payé la consignation nécessaire à la prise en charge de sa demande.
Il résulte, certes, de ces méprises dues à la méconnaissance des textes la spoliation d’argent et, par conséquent, des récriminations contre le juge qui ne se reproche, cependant, rien, parce que l’intéressé s’est fait arnaquer par quelqu’un qui n’a aucune autorité sur la justice. A cause de cette ignorance beaucoup pensent qu’actuellement tout procès gagné est un fruit de la corruption, même si tel n’est pas le cas toujours, et n’hésitent pas à mettre en cause l’indépendance de la Magistrature, en répandant des invectives.
On ne fermera pas, outre mesure, sciemment les yeux sur le comportement de certains acteurs de la justice qui profitent de cette ignorance pour soutirer indument de l’argent aux justiciables les moins avisés.
B- Le défaut de probité des bénéficiaires de la Justice :
Rares sont actuellement ceux qui viennent à la Justice sans en avoir une idée derrière la tête, mêmes ceux qui tiennent le bon bout de leurs affaires.  A qui mieux mieux, chacun essaye comme il peut de mener le juge en bateau. Pour certains, la corruption est la règle. Souvent, elle prospère, mettant la corde au coup du juge qui perd, par ce biais, son indépendance.
La probité du justiciable l’empêche d’accéder à toutes compromissions en vue de faire triompher ses droits. Autrement, il s’abstient d’insister à gagner un droit qu’il sait pertinemment injuste.
Une société en grande majorité probe aide beaucoup le juge à préserver son indépendance, sinon, le contraire, l’entraînera au gré d’un ballotage de ceux-là qui excellent dans la délation.
L’indépendance effective et souhaitable de la Justice, donc du Juge, révèle de nombreuses exigences qui ont du mal à être satisfaites, que cependant il est nécessaire de satisfaire, si nous la voulons crédible, transparente, impartiale, équitable, et, alors, honorable. Aucune démocratie n’est viable sans Etat de droit, et il n’existe pas d’Etat de droit sans une Justice indépendante et juste.
Il faut, enfin, combattre l’état de fait décrié un jour d’une rentrée judiciaire par l’ex-Bâtonnière Me Fanta Sylla : « Le Magistrat malien est indépendant de tout sauf de l’argent sale. » Il y a lieu d’ajouter aussi, de la promesse de promotion.
Les interférences extérieures à la Justice et les mises de bâtons dans ses roues, et le défaut de punition contre ses fauteurs de trouble ne contribuent nullement à raffermir son indépendance.
Il est difficile de clore ces écritures en omettant de saluer les actions qui sont en train d’être menées depuis l’arrivée du Ministre Malick Coulibaly et de certains collaborateurs en vue de l’affirmation sans conteste de l’indépendance de la Justice.
Il reste à se convaincre que la nomination de l’ex-Ségal du Ministère de la Culture, Andagoli Guindo, rentre dans ce cadre. Celui-ci est connu pour ses compétences et son honnêteté.

LA DIPLOMATIE MALIENNE MISE A MAL A PARIS

Ce jour Toumani Djimé Diallo, Ambassadeur du Mali à Paris, a osé, sans langue de bois, en regardant droit dans les yeux le Président de la commission défense du Sénat français, et en tenant bien dans ses bottes, révéler le fond de ses pensées sincèrement. Il ne croyait pas mieux faire lorsque les propos qu’il a tenus pour les exprimer provoquèrent, sans qu’il le souhaitât, un tollé si puissant qui a failli entrainer l’effondrement  de l’espoir du maintien des relations qui sont celles qui lient actuellement le Mali à la France. Comme aux dernières habitudes qu’elle a prises, celle-ci, qui n’admet être que flattée, s’insurgea et le mit au banc des accusés. Aussi, elle prit faits et causes contre toutes ses pensées en faisant croire même qu’il n’est pas un bon représentant d’une diplomatie crédible, intellectuelle. D’où notre regard sur I-A- les qualités intellectuelles de l’homme, B- ses compétences diplomatiques, II- la portée réelle des propos qu’il a tenus, III-A- et la réaction des autorités maliennes, B- et de l’opinion publique.
I-                    Les qualités intellectuelles de l’homme et ses compétences diplomatiques :
Il ne souffre d’aucun doute sur les qualités intellectuelles et diplomatiques de l’homme eu égard au parcours dithyrambique  qu’il a effectué durant sa carrière professionnelle.
A-     Les qualités intellectuelles de l’homme :
En lisant la fiche d’identité de BAMAKO.com et pour celui qui connaît l’homme, on réalise que Toumani Djimé Diallo possède des qualités intellectuelles exceptionnelles dont l’essentiel de l’affirmation s’est passé en France où il a reçu et réalisé ses meilleurs diplômes. Il y a occupé des postes importants, avant d’aller continuer à transmettre son amour du travail bien fait à un Pays africain qui a su lui valoir ses mérites. De ce Pays, la Côte d’Ivoire, il est rentré à la maison familiale avec laquelle il a gardé des liens ineffaçables. Digne fils, au Mali, d’abord professeur, par la suite Directeur de publication d’un organe, le Démocrate et consultant, puis Directeur de Cabinet du Président de l’Assemblée Nationale, Ambassadeur du Mali au Maroc, il gravit tous les échelons pour être récompensé enfin comme Secrétaire Général à la Présidence, avant d’être nommé Ambassadeur du Mali en France. Cela veut tout dire de l’homme, quant à ses compétences, autrement, ses professeurs qui l’ont formé et reconnu sa valeur s’en seraient voulus.
B-      Les  qualités diplomatiques de l’homme :                                                           Tel qu’affirmé plus haut, il n’est pas à sa première expérience dans la diplomatie, car il avait été Ambassadeur au Maroc, où il a laissé une bonne presse auprès des autorités chérifiennes et des Maliens qui y vivaient. Certains le regrettent  nos jours. Un ressortissant malien dans ce Pays a dit à son propos « Nous n’avons pas eu jusqu’ici un Ambassadeur comme vous, aussi attentif aux problèmes des Maliens. Nous vous regretterons toute la vie. Merci pour tout ce que tu as fait pour nous ».
Et dans ce pays qu’est la France, qu’il connaît comme les doigts de sa main, il n’est pas le premier venu. Il peut s’y targuer d’y avoir laissé des bonnes traces. D’ailleurs, mis à part cet incident regrettable, la chancellerie française l’a toujours adoubé l’un des meilleurs diplomates. C’est pourquoi sa surprise n’a de limite que sa conviction que son intention n’est pas de tenir des propos vexatoires, comme ils ont été.
II-La portée réelle des propos qu’il a tenus :
La portée de ses propos a été, si l’on accepte de se placer sous un certain angle de jugement,  un déclic à la conscience de l’état de critique probante de la majorité des Maliens vis-à-vis des résultats des forces françaises au Mali. A ce propos, le niveau d’information de beaucoup de Français qui ignorent le vécu réel de l’intervention française a été relevé. Dans l’entendement de celui qui pense que la France est à l’orée d’une démocratie avancée, son Sénat traditionnellement demeure un symbole de l’expression libre et sincère du peuple. En effet, le peuple y a droit à une information vraie, sans langue de bois.
La réaction des autorités françaises, je doute que ce soit celle du peuple français qui veut avoir la vraie version des faits de la cause, s’est volontairement focalisée sur les reproches qu’il a tenus contre la légion étrangère, en mettant la gomme sur ceux relatifs au manque de résultats de l’armée française, alors que dans la croyance populaire malienne elle a les moyens d’en engranger. Il serait inutile d’insister sur la récurrence de l’aggravation de la crise qu’elle a pour mission d’enrayer. Beaucoup de milliers de morts enregistrés qui mettent une croix sur sa présence qui rappelle cette autre assertion du diplomate affirmant que « les forces françaises ont donné Kidal aux rebelles », d’où la mise en cause de l’exclamation de l’ex-Président François Hollande lors de sa visite officielle au cours de laquelle il a dit : « J’ai passé la plus belle journée de ma carrière politique », confirmant que le Mali sait être reconnaissant quand il le faut et réfractaire à toute duperie. Autrement, l’appel à « Takuba » et les supplications à l’endroit des forces américaines pour qu’elles restent à côté de celles de la France  ne sont-t-ils pas les preuves visibles de l’échec des stratégies menées, pour l’instant ? Ou bien, les autorités ne veulent pas que l’on le dise avec franchise ?
Donc, l’accusation de l’Ambassadeur Toumani Djimé Diallo de vouloir stigmatiser la désolation du peuple malien, qui assiste impuissant à des massacres de sa population civile et militaire, sans distinction d’âge et de sexe, ne tient nullement. Ses propos reflétant le sentiment le plus partagé n’ont pas pour but d’attiser le feu longtemps allumé du sentiment anti-français sur ses approches de règlement de la crise que connaît son Pays.
A ce propos, la satisfaction a été grande d’assister à l’engagement plus poussé de Barkhane après le sommet de Pau.
Quant à la légion étrangère intégrée dans l’armée française, qui ignore que c’est leur propension mercantile qui est la raison de leur existence ? Les autorités françaises pensent que l’on ignore qu’elle est capable des exploits les plus extraordinaires pour mieux gagner sa vie, faisant d’elle une proie facile à la corruption. Qui peut exclure qu’elle est capable de jouer selon ses intérêts malgré le serment qui la lie ? Le dire, en fait, n’est pas préjudiciable si cela permet d’avoir un œil vigilant sur elle, car c’est au Mali qu’elle agit, pas en France.
III-La réaction des autorités maliennes  et de l’opinion publique :
A-     La réaction des autorités maliennes :
Elle n’a été que celle des autorités françaises qui ont voué aux gémonies l’Ambassadeur pour sa franchise. Les déclarations de celui-ci ont été tenues le 27 et le 28 Février fut dépêché d’urgence le Ministre des Affaires Etrangères du Mali, Tiéblé Dramé, à Paris, pour éteindre les braises dit-on, parce que les rapports de force, surtout maintenant, ne sont pas favorables au Pays de Modibo Keïta. Donc la réaction des autorités maliennes conditionnée à celle de Paris était rendue obligatoire sinon il faut craindre la mise à prix de la tête du Président Ibrahim Boubacar Keïta.
On notera, en recul, que chaque fois que ce dernier a aussi osé, la justice française avait mise au goût du jour l’affaire dite Tomi avant que celle-ci trouve une issue heureuse pour lui.
Et à ce jour, l’actuel Président de la République française, le jeune Emmanuel Macron, que l’artiste Salif Keïta traite de gamin, et le Jean Yve le Drian, ne manquent aucune occasion de lui rappeler qu’ils ont le pouvoir de le lâcher s’il le faut, tant qu’il ne se soumet pas à leur desideratas. En effet, c’est à cette posture que se résout le pouvoir du Mali, écartelé entre une horde de malveillants et des manifestants sociaux les plus déterminés à avoir gain de cause. Quand quelqu’un tient tes couilles entre ses mains, avant de les libérer, il y a risque à crier fort sa victoire contre lui, ce qui fait que la redondance de la volonté des Maliens à l’évacuation des forces étrangères pose problème, surtout lorsque rien ne garantit qu’après cette évacuation l’armée nationale pourra tenir seule la sécurisation de l’ensemble du territoire, en face des obscurantistes.
Il y a le fait également que plus de 44 soldats français sont morts à cause de cette crise sur le sol malien. C’est un fait indéniable qui est à regretter, car quelle que soit sa manière la mort n’est pas souhaitable. Mais malgré, entre amis, si réellement l’amitié existe, la vérité doit être de mise. Evitons la maxime qui soutient que « seule la vérité blesse ».
C’est d’autant plus étonnant qu’aucune vérité ne peut être dite aux autorités françaises lorsqu’elle émane des Africains. Désormais, pour refuser de l’entendre, c’est récent, des visas de ceux qui l’osent sont systématiquement annulés ou rejetés, l’interdiction du territoire français est décrétée, des financements sont annulés, des réactions presqu’épidermiques sont soutenues. Et pourtant, l’on sait que la vérité éclatera au grand jour quand le mensonge s’arrêtera de courir. Fuir la vérité, c’est encourager le mensonge.
Enfin, le Président Ibrahim Boubacar Keïta connaît mieux que quiconque Toumani Djimé Diallo et ses qualités d’homme intellectuel, pour avoir travaillé longtemps avec lui. C’est en reconnaissance de ses valeurs que celui-là l’a propulsé ainsi à des hautes fonctions comme celle d’Ambassadeur du Mali en France. Son écart de langage, si dire la vérité est un écart de langage, ne doit pas engager la responsabilité de IBK comme l’on peut penser, outre mesure, à la Métropole. Il n’y avait eu auparavant aucun conciliabule entre les deux avant ce que l’on peut appeler sa comparution devant la commission de la défense du Sénat français. Les propos qui ont fait sauter au plafond alors qu’il n’en était rien pour des gens véridiques, sont venus directement de la sincérité du diplomate malien qui a toujours parlé sans langue de bois. Cependant, et c’est aberrant, des propos plus graves ont été tenus par d’autres voix sans qu’ils créent l’émoi auquel l’on a assisté venant de ceux de Toumani.
La France doit se rassurer que quel qu’en soit le Mali est composé de vieux peuple civilisé qui ne s’en prend pas facilement aux étrangers, et qui les ont toujours protégés d’ailleurs. Le sentiment que les Maliens expriment  présentement n’est d’autre que la conséquence du désarroi que causent les ignobles tueries de leurs semblables, en dépit de la présence massive des forces de toutes sortes sur son territoire.
B-      La réaction de l’opinion publique :
L’opinion publique est très partagée selon que l’on soit malien ou français, ou africain, selon que l’on soit pour ou contre.
a-      L’opinion publique française qui désapprouve les propos du diplomate malien :
Tous ceux qui pensent que le noir n’est pas l’égal du français ont crié au scandale, en entendant les propos de l’Ambassadeur malien, avant même de comprendre le fond de sa pensée et la cause qu’il défend, en ignorant ou oubliant qu’il a préparé l’essentiel de la réalisation de sa vie en France à laquelle il est reconnaissant, et contre laquelle il ne garde aucune haine. Ils sont ceux-là qui condamnent l’intervention de Barkhane au Mali
b-      L’opinion publique française qui approuve les propos du diplomate malien :
Pour ceux-ci, dans une France libre et démocratique, l’opinion est sacrée quand elle exprime la vérité à laquelle on pense. Aussi, ils demandent le respect mutuel dû aux rapports entre Pays, sans discrimination. En soutenant les efforts des forces françaises, ils pensent que l’expression sincère d’une opinion seule ne peut pas conduire à nier l’efficience d’une intervention militaire dont le but est purement humanitaire, si elle est bien menée.
c-       L’opinion africaine :
D’une manière générale, excepté ceux qui attribuent au diplomate le manque de diplomatie devant la France qui porte le titre de duce, les Africains, dans leur grande majorité, estiment qu’il n’a pas tué un lion ou le diable avec ces simples mots, dès lors où il a rendu un éminent service à cracher la vérité que tout Africain, surtout Malien aimerait dire de la même façon. Personne ne comprend, selon eux, que la crise s’étire et s étend et que les morts augmentent chaque jour au moment où les forces appelées au secours se décuplent.
d-      L’opinion publique malienne :
Elle est sidérée, sauf une minorité, à l’idée de savoir de plus en plus que la France pense qu’elle est seule détentrice de vérité, au point de prendre une attitude scabreuse à chaque fois que ce ne sont pas de fausses louanges pour elle. Ne pense-t-elle pas qu’elle exagère en se fâchant à cause des dénonciations que les Maliens font contre les carnages qui se perpétuent sur leur sol sous ses yeux? Elle n’a pas cure de sa réaction lorsque l’occasion est donnée de lui porter la vérité en face.
Enfin, elle donne raison à Toumani qui devrait même rappeler à la France que le Soudan français, l’actuel Mali, a perdu des millions d’hommes sur le territoire français, pour sa gloire, sans rien lui réclamer. Ceux-ci n’ont eu droit, pour sa reconnaissance, qu’à des maigres pensions discriminatoires par rapport à celles octroyées aux anciens militaires français de l’époque de la guerre mondiale. Donc, elle  a le devoir, si elle possède le minimum de conscience, de faire mieux que de continuer à penser à imposer sa volonté colonisatrice déjà révolue. Ce que l’Allemagne nazie ne lui a pas fait.
Enfin, le citoyen malien croit que quelle que soit la résolution qui va suivre les propos de Toumani Djimé Diallo, celui-ci restera un homme de valeur, qui a eu seul tort de tenir la vérité qu’il pense en son for intérieur, et qui est le quotidien des Maliens qui demeurent optimistes à l’issue heureuse de la crise.

RETROSPECTIVE SUR UNE ANNEE MOUVEMENTEE

Une année finit et une autre commence. C’est dans ce cas qu’il est de bon ton de regarder dans le rétroviseur, de procéder à un examen de conscience pour une remise en cause de ceux qui ont eu l’insigne honneur ou la lourde charge de nous gouverner dans les actions qui n’ont pas été couronnées de bonheur à l’égard de la population, ou pour mériter de la gratitude de la Nation dans la bonne conduite des affaires du Pays.

Pour être objectif, voire pragmatique, le transfert du pouvoir en 2013 ne s’est pas opéré sur un plateau d’or, à la suite, cela ne peut pas tomber si tôt dans l’oubli, d’une crise sécuritaire et institutionnelle de laquelle le Président de l’époque, Amadou Toumani Touré dit ATT, fut victime d’un coup d’Etat à deux mois de la fin de son deuxième mandat, qui l’a contraint à l’exil de sept (7) ans au Sénégal. Celui-ci vient de rejoindre le bercail à la joie de tous ceux qui ont été mécontents de son renversement injuste du pouvoir. En effet, il est difficile de nier qu’il a fait du mieux qu’il a pu pour son Pays. Mais aucune œuvre humaine ne peut être parfaite. Quelle que soit toute la bonne volonté d’un homme, il peut commettre des erreurs d’appréciation à certains endroits de son règne, surtout quand il se trouve en face d’individus captieux qui oeuvrent  uniquement pour leurs intérêts. Il faut reconnaître qu’il a été desservi vers la fin de son pouvoir. Mais bon nombre de Maliens croient comme fer que  n’eut été le coup d’Etat qu’ils qualifient de plus débile que l’histoire du monde a enregistré, le Mali ne tomberait pas dans le trou abyssal dans lequel il se trouve actuellement, parce qu’autrement les djihadistes n’auraient pas la possibilité d’occuper tout le nord aussi rapidement. En effet, depuis lors le Mali se porte au plus mal que l’ensemble des Maliens cherchent inlassablement à soigner. C’est ainsi, effectivement, que celui-ci fut amené, couteau à la gorge, à signer un accord dit d’Alger pour la paix et la réconciliation qui marque la transcendance de la position de quelques enturbannés qui avaient pris des armes contre leur pays en s’associant avec toutes sortes de malfaiteurs. On ne le dira jamais assez.

C’est ainsi que nous comprenons les multiples difficultés qui ont assailli toute l’année 2019, qui demeurent une suite logique de la situation qui a prévalu comme sommairement rappelé au début de notre intervention

SUR LE PLAN PAIX, SECURITE ET COHESION SOCIALE :

Durant cette année 2019, les Maliens n’ont pas cessé de garder espoir à voir définitivement la crise derrière eux. Mais le constat vient nous prouver que cet espoir se réalise dans la douleur à cause de manque de franchise des parties à la résolution du conflit, qui s’en rejettent la responsabilité. Ce qui est constant, en dehors des groupes armés connus à l’origine qui se rejoignent parfois et se séparent dans leur réalité d’approche, d’autres groupes se sont formés et ont imposé leur prise en charge, contre la volonté de la CMA qui a fait le caractériel pendant quelques semaines avant de revenir à la raison. Cela fut le cas quant le Gouvernement a annulé sa participation à une réunion qui s’est tenue à Kidal. L’on ne peut compter le nombre de fois où elle a suspendu pour peu de chose sa participation au Comité de Suivi de l’Accord  (CSA) La singularité de celle-ci à la phase du MOC et du cantonnement a fini de déterminer les Maliens sur la mauvaise foi des Chefs de cette organisation armée, tant elle a dansé et continue de danser sur ses deux pieds toujours opposés. Est-ce que cette attitude est comprise ? Cela signifie que dans ce groupe minoritaire, en fait, au Nord, il arrive que quand certains regardent la pointe de leurs pieds, d’autres regardent plutôt du côté du ciel où se trouvent des experts de tout, parmi lesquels on retrouve quelques responsables qui ont élu domicile en France  et qui leur tirent le vers du nez jusqu’au sang, de sorte qu’avant qu’ils accordent leur violon le Mali peut attendre. Ce sont ces derniers qui procurent à la branche armée les armes sophistiquées, de dernier cri, qui sont même parfois interceptées par les services d’ordre. Ceux-ci  ne veulent pas entendre que l’armée malienne a fait son retour à Kidal, ce qui justifie leur attitude quant à la constitution des forces armées reconstituées. Ils tiennent à cette disposition de l’accord comme à la prunelle de leurs yeux, car ils nourrissent dans le secret de leur cœur la chance d’avoir, par cette manière,  la lueur de la possibilité de l’atteinte de leurs objectifs. Est-il sensé d’accorder la direction et les 80% des effectifs des forces armées reconstituées à des irrédentistes pour sécuriser une partie du territoire qu’ils revendiquent ? Et en vertu de quelle fin leur donnera-t-on les 30% du budget national ?  Ce qui constitue une difficulté majeure à la mise en œuvre de l’accord. De plus en plus, on se rend compte que de telles concessions qui peuvent conduire à la partition du Mali sont injustes pour le reste du peuple malien. On pense même que cela est arrivé parce que cet accord n’a pas été discuté au parlement afin que tout le monde s’en approprie. D’ailleurs l’accord manque de lisibilité dans sa totalité.

Le seul fait positif de l’accord depuis sa signature, si l’on peut le croire ainsi, c’est l’impression qu’on a que  les armes se sont tues apparemment  entre l’armée malienne et les séparatistes, et que ceux-ci se sont résolus, du bout des lèvres, à reconnaître l’intégralité territoriale du Pays, sans oublier cependant les affrontements récurrents entre groupes armés et la célébration de l’indépendance de l’Azawad. Le drapeau de cet Azawad dont on ne connaît pas les contours à présent flottent sur la ville de Kidal.                                                                                                                                                                                        Ainsi, on ne manqua pas d’assister au déplacement de la crise vers le centre du Mali, sous-tendu par des luttes intercommunautaires et intra communautaires où dogons et peulhs furent mis en exergue, alors que ceux-ci ont vécu jusqu’ici en parfaite symbiose, sauf en cas de mineures incompréhensions survenant par les dégâts aux champs, les premiers étant cultivateurs et les second éleveurs. Ces incompréhensions ont toujours trouvé rapidement des solutions pacifiques. C’est pourquoi l’idée se confirme que la crise entre eux tire sa source ailleurs qu’entre peulhs et dogons et persiste malgré la paix des braves signée plusieurs fois par les belligérants. Ces crises entre ceux-ci n’ont jamais connu de telles ampleurs comme celles auxquelles on a assisté à Sobane Da, Agassagou, Boulkessi, et autres.  D’ailleurs dans toute la région de Mopti et une partie de la région de Ségou, les gens ont leur cœur dans leurs mains. On y dort que d’un œil parce que des criminels trouvent le moyen d’exprimer impunément leur haine à cause de l’aigreur qu’ils nourrissent, en pensant que leur échec dans la vie incombe aux autres.

L’année reflète le deuil d’Amadou Kouffa et Iyad Ag Ghaly qui demeurent insaisissables et restent enfouis dans le bourgou et le sable du désert. Ils sont morts plusieurs fois, selon la France. Leur mort souhaitée arrangera certes la situation.

Il y a eu une autre fausse note qui constitue un scandale quand les Maliens ont été réveillés par la nouvelle d’achat d’avions de guerre à coups de plusieurs milliards mais qui ne sont en mesure de voler. Encore, une fois, l’argent du contribuable a été jeté par la fenêtre et ces mécènes courent toujours les rues.

Sur le plan politique et institutionnel :

On notera durant cette année écoulée, deux prorogations de mandat des Députés, donnant lieu à différentes interprétations de certains Maliens  qui  en déduisent qu’ils ne sont plus élus mais nommés par le Gouvernement ; que donc ils sont dans l’illégalité totale. C’est pourquoi ceux-ci demandent avec insistance l’organisation des élections législatives, alors que  la révision de la constitution du 25 février 1992 peine à trouver le chemin chez d’autres qui n’en voient pas l’opportunité. Un bras de fer avec des opposants ne s’est pas encore baissé par rapport à cette volonté de changement.

Cependant cette révision est rendue nécessaire à la demande de la CEDEAO qui impose à tous ses Etats membres de créer une Cour des Comptes, et pour beaucoup d’autres raisons.

Tout autant, des Maliens n’ont pas compris qu’en cette période de crise aigue, le Gouvernement soit pléthore et absorbe pour sa prise en charge des ressources importantes. Ils demandent, au demeurant, la réduction de la taille de cet attelage, et mieux, de réduire le train de vie de l’Etat, de relire la charte des partis et la loi électorale, pour y intégrer entre autres des critères plus adaptés  à leur création , ce qui aura pour conséquence de réduire la manne financière qu’ils absorbent, alors que certains ne se limitent qu’à une famille et ne jouent aucun rôle. Tel est le cas de certaines institutions.

Par ailleurs, on a assisté à la nomination de certains individus à des postes très importants de responsabilité, alors que si la mesure instituée par Oumar Tam Tam Ly relative à l’appel à candidature aux emplois supérieurs  de l’Etat et des établissements publics avait été maintenue, ils n’auraient pas pu les occuper. Beaucoup se demandent actuellement si le mérite seul suffit à obtenir la promotion dans l’Administration.  

Sur le plan de la Gouvernance :

Un Etat, s’il veut être crédible, doit se fonder sur la bonne gouvernance, d’autant qu’elle s’entend de traiter tous les citoyens au même pied d’égalité au point de vue droit, en termes de respect des libertés, en termes de gestion rationnelle des ressources, qui doivent être équitablement réparties entre tous les fils du Pays, en un mot, pour résumer, gérer les affaires conformément aux lois que nous nous  sommes librement données. ; que le mérite soit récompensé à juste titre et les fauteurs, sans exception, soient mis au banc de la Justice exempte de tout reproche, indépendante et impartiale. Les gens tolèrent de moins en moins que “certains boivent du dolo et que d’autres racontent des histoires“ ; que des bras laborieux ne profitent pas de leur labeur au profit d’une minorité malhonnête ; que certains aient de la peine à se nourrir alors que d’autres  sur le fruit du travail de ceux-là construisent des châteaux. Les scandales nés de la mauvaise gouvernance se passent de tout commentaire, car ils forment une chape de plomb tirant tout effort d’émergence vers le bas.

Ce n’est pas un secret que l’année 2019 a été riche en scandales de toutes natures.

SUR LE PLAN SOCIAL

L’année 2019 a été dominée aussi par des conflits sociaux, ayant trait notamment à la revalorisation des salaires, à des conditions de travail meilleures, soldés par des engagements que l’Etat a pris couteau à la gorge envers les travailleurs dont il n’a pas les moyens d’honorer ou refusent d’honorer. En tout cas la mésentente entre les protagonistes est palpable et bat des ailes. Des débrayages dans tous les secteurs d’activités n’ont pas été du tout repos. Rares les syndicats qui n’ont pas frappé à la porte du Gouvernement pour lui rappeler sa parole donnée durant l’année écoulée. Le Gouvernement ignore qu’il a la posture d’une chèvre dont la queue ne  ferme pas les fesses. Tout est ouvert et s’offre en spectacle, si bien que la trêve demandée ne semble pas judicieuse pour les contestataires sociaux : les scandales financiers, le train élevé de la vie de l’Etat, la pléthore de l’attelage gouvernemental, la part belle faite aux pistoleros du nord, et des meilleurs, tout y entre pour justifier aux yeux de ces derniers la pertinence de leurs revendications. Il faut convenir aussi que ventre affamé n’a point d’oreille. Quand vous avez la bouche remplie de nourriture, celui à qui vous demandez d’observer le jeun pense que vous vous moquez de lui.

Sur le plan économie et finance :

C’est de l’euphémisme de dire que l’économie malienne est faible et est tributaire de la volonté des bailleurs de fonds et des réseaux mafieux. Cela fait croire à la plupart des Maliens que si ceux-ci se fâchent à l’heure, nous oublieront tout notre honneur pour nous mettre à genou et prier, car nous n’auront même pas nos salaires. Déficitaire devant l’Eternel depuis quelques années, le Mali compte pour réaliser tous ses programmes sur l’aide extérieure, alors qu’il possède des ressources du sous-sol et du sol, humaines énormes. Le Malien doit se réveiller et profiter de ce don céleste par le travail et l’intelligence qui dort en nous par paresse. Pour pallier ce déficit d’engouement à la production, excepté quelques secteurs, l’Etat doit impulser la dynamique à l’investissement et au financement de projets porteurs. Comment admettre que jusqu’ici il n’existe pas de banque d’investissement  au Mali comme c’est le cas dans la plupart des pays voisins ? Et il n’y a pas non plus une banque islamique tandis que 95% des Maliens sont supposés être des musulmans. La réalisation d’infrastructures de transport  est un luxe quand la population n’engage pas un bras de fer avec les autorités. Cette année, il a fallu une révolte des citoyens de Kayes et d’ailleurs  pour que la réhabilitation de routes qui engrangent deux milliards à l’économie par jour soit pensée.

En d’autres termes, est-ce que tous les établissements financiers et autres boostent réellement l’emploi pour enrichir l’Etat et sa population, au regard des difficultés que rencontrent les pauvres à avoir un financement ? On entend souvent des gens dire qu’ils sont entrés en belligérance contre l’Etat parce qu’ils n’arrivaient pas, malgré toutes les tentatives, à mettre leurs projets à exécution, faute de financement. C’est le même regard de mésintelligence que l’on porte sur les structures publiques comme Fafpa, Apej, Anpe et autres. On se pose la question de leur utilité. D’ailleurs, elles sont presque toutes mises en veilleuses le temps que la crise passe. Enfin, l’annonce de l’ECO cette année, qui était sensée, comme monnaie, mettre un terme à l’arrimage dont le CFA faisait l’objet, à la perte importante de réserves sur lesquelles était couchée la France, ne rassure plus à cause des récentes déclarations, lors de la visite de Emmanuel Macron, Président de la République française, en Côte d’Ivoire, d’Alassane Ouattara. La jeunesse malienne doit être à l’avant-garde de cette lutte pour l’affirmation d’une monnaie propre à l’Afrique et convertible sur le plan mondial.

Pour avoir l’eau et l’électricité à satisfaction, il faut d’abord entrer en retraite pieuse. On a suffisamment de l’eau et on pleure de soif, et on a autant de soleil, mais on n’a pas de lumière dans les maisons. On ne compte pas le nombre de villes et de villages qui sont sans eaux potables, sans électricité. 

Culture, jeunesse et sport :

La quasi-totalité des Maliens convient que les jeunes ont perdu les repères qui constituaient le socle de la vie en société. L’enseignement en pâtit. L’espace scolaire est voué à différentes vicissitudes tel que l’on le vivait au far-west, où politique et prostitution se côtoient, le maître jadis craint et respecté devient l’égal de l’élève.

Dans tout cela, les enfants sont inquiets de la sauce de l’avenir dans laquelle ils seront mangés. L’incertitude plane. A ce niveau, pour le bonheur de tous, l’Etat est appelé à prendre toutes ses responsabilités afin que la jeunesse trouve ou retrouve le sourire des années 64, 65.

Enfin, le constat actuel s’exprime dans l’indifférence de l’âge jeune aux recherches relatives à nos traditions, à nos valeurs ancestrales au profit des réalités qui ne sont pas les nôtres. Il est souhaitable que ceux qui consacrent leur temps et leur énergie pour la valorisation de nos us et coutumes soient encouragés et soutenus. C’est pourquoi il est incompréhensible que les livres qui parlent de notre histoire ne soient pas lus, ainsi laissant des connaissances dormir et décourageant l’esprit de recherche sans laquelle aucun progrès n’est possible. Tout autant, nos artistes ont besoin de notre accompagnement s’ils apportent une valeur ajoutée à notre existence en tirant leurs sources d’inspiration du terroir. C’est dire que nous étions riches de notre culture avant l’arrivée des colons arabes et occidentaux. Berceau de l’humanité, l’Afrique a donné souffle à plusieurs civilisations, et elle est en mesure de pouvoir trouver une adéquation entre notre histoire  avec les innovations technologiques. Donc la jeunesse actuellement vivante a le devoir, voire l’obligation, de réintégrer la destinée de celle-ci  dans son existence réelle et la sortir du joug  d’asservi politique, économique, financier qui ne profite qu’à autrui.

Sinon, à part ces quelques écueils, le Président de la République l’a dit, la résilience du Malien devant l’adversité est admirable. Donc, malgré la contexture qui est celle du Pays aujourd’hui, le taux de croissance demeure à  5%, et la production céréalière a sensiblement augmenté,  et beaucoup a été fait ou entrepris pour la satisfaction de la demande sociale.

C’est vrai, la gouvernance publique s’améliore, et la Justice se remet de mieux en mieux, et autant pour l’armée dont la remise à niveau demande le sacrifice de tous les Maliens.

Quel bonheur que celui de l’organisation du Dialogue National Inclusif qui s’est tenu à Bamako, durant lequel toutes les sensibilités que renferme la Nation malienne se sont retrouvées, se sont parlées et se sont, en grande partie, comprises ! Ainsi, le groupe armé, la CMA, s’y est inscrit dans la logique de l’intégrité du territoire.

Que l’année vers laquelle les regards avertis sont dorénavant tournés nous apportent la solution à tous nos problèmes ! Que la paix et la prospérité reviennent ! Que les cœurs des Maliens se forment en un seul ! Bonne année 2020 !

 

 

 

 

 

 

LA NUIT ET LE JOUR, SOUTIEN A LA VERITE

                                    Résultat de recherche d'images pour "La photo de la cour d'appel de Bamako"                                                                                  Dans le Mali d’aujourd’hui, il est peu dire que des forces centrifuges contribuent à annihiler tout effort de redressement tant clamé cependant sur tous les toits.
Qui n’a pas entendu sur les antennes des radios et des télévisions les déclarations, voire les dénonciations de Mamadou Sinsy Coulibqaly contre des fonctionnaires les plus corrompus du Pays ? On se souvient que lorsqu’il lui a été demandé par presse interposée de révéler les noms de ces fonctionnaires, il s’en est pris , comme par revanche, contre celui que l’on pensait jusqu’à preuve de contraire être le plus propre plutôt, eu égard à son parcours judiciaire élogieux. Ne dit-on pas tous les jours que la nature à horreur du doute qui corrompt la vie ? Une tâche noire sur un pagne blanc chatouille l’œil, tant que l’on ne l’efface pas. C’est pourquoi les Maliens ont espéré que la lumière de la Justice saisie blanchira le pagne, le cas échéant,, se fera une raison ; que la plainte de Nouhoum Tapily pour outrage à Magistrat donnera plus d’ailes au dénonciateur de révéler ses sources, il faut entendre, ses preuves. Rien de cela ne fit. C’est plutôt le  Réseau des Communicateurs Traditionnels (RECOTRADE)  qui se met en selle, pour faire croire qu’il joue son rôle social, en demandant aux deux de calmer leurs ardeurs. Dans l’entendement des gens, même si aucune preuve n’est avancée, le Récotrade est intervenu sur demande du Président de la République pour sauver des meubles, ou sur demande d’un des concernés, car l’affaire sent le cambouis pour lui. Ce qui est sûr depuis lors, le vent souffle calmement  dans l’entourage de Mamadou Sinsy Coulibaly qui donne toutes les raisons d’en déduire qu’il a rangé ses armes, laissant sur le bord de la route tous ceux qui l’avaient applaudi. De ce fait, il n’est même plus question du reste de la liste des plus corrompus à laquelle il faisait référence. A ce stade, l’on doute, à la limite, si ces remontrances prononcées avec véhémence ne portent pas simplement un effet d’annonce. Les Maliens ont du mal à le comprendre. Il est même soutenu que les religieux auraient mis les pieds dans l’étrier pour appuyer les démarches du Récotrade. Il va sans dire que ces interférences sociales, parfois injustifiées, enlisent la bonne administration de la Justice, mettent des carcans à son efficacité, si tant que des faits avérés scabreux tournent au dérisoire, à cause des pressions qu’elles  peuvent engendrées. Vouloir la chose et son contraire est en train de devenir le propre du Malien. L’on ne peut pas crier à tue-tête que l’impunité creuse un trou abyssal dans la gouvernance du Pays, et par ailleurs œuvrer coûte que coûte à empêcher l’affirmation de cette bonne gouvernance, lorsque soi-même ou ses proches sont concernés, comme si la loi ne doit s’appliquer qu’aux autres. L’on ne se donne même pas la peine, ou l’on en  a cure, de savoir la gravité des faits qui motivent l’application stricte de la loi. C’est pourquoi, il arrive que des cadres très honnêtes perdent pieds et baissent les bras à défaut de soutien pour leur combat qui est celui de servir proprement  la cause des Maliens.
Cependant, jusqu’une histoire récente, le Malien portait le label de l’honnêteté presqu’inégalée. C’est ainsi que l’intervention ou la pression exercée sur la Justice en faveur des malfrats est incomprise par bon nombre de Maliens. Nos coutumes ancestrales n’allaient pas du dos de la cuillère quand il s’agit de punir ceux qui ont la prétention d’empêcher la société de dormir. Pour certains, avant, le fautif ne pouvait pas accéder à des fonctions de notoriété comme Chef de village ou fraction, d’avoir même une femme en mariage. Mis en quarantaine, en raison de son méfait, il fuyait sa communauté.
Donc,  la Justice doit avoir les coudées franches pour nous aider à vivre dans la symbiose, sinon Il y a à craindre que Malick Coulibaly, choisi pour sa probité de redonner à la Justice, dont le bateau prenait  eau de toutes part, et parfois injustement, toutes ses lettres de noblesse, ne soit traité d’un mal encombrant, par les  faucons qui ne se lassent pas de boire le sang des Maliens. Il l’a dit et répété aux Procureurs poursuivants de tout mettre en œuvre afin d’affamer, ce sont ses mots, ceux qui affament le peuple. Et pour cette bonne cause, il affirme, avec le soutien du Président de la République, qu’il leur donne exclusivement carte blanche pour sévir, sans discrimination. Cette raison m’amène à dire qu’il doit rester aussi longtemps que possible au Département de la Justice, comme Mamoudou Kassogué doit rester au pool économique de Bamako à l’effet de continuer à faire bouger les lignes.
Le devoir citoyen nous interpelle tous à appuyer toutes actions en perspective allant dans le sens du rétablissement de la Justice impersonnelle, égale pour tous ; qu’aucune crainte ne nous en dissuade.
 Directeur de publication

POLICE NATIONALE MALIENNE, PIERRE ANGULAIRE DE LA PAIX EN SOCIETE

IL serait de la lapalissade de soutenir que la police joue un rôle inestimable pour la préservation de la paix publique. Elle est là présente, à la croisée de tous les maux qui rongent la société. Depuis sa création, sa mission est et demeure de débusquer les malfaiteurs qui n’ont souci constant que de détruire le tissu sociétal paisible, d’arrêter ceux-ci et de les conduire à qui de droit. Pour cela, elle a l’œil ouvert à chaque instant de la vie. Muette, elle s’informe de tout. Elle met toujours un point d’honneur à prévenir les plaies qui rongent et tuent. Rien ne se crée, passe et s’efface dans l’espace malien sans qu’elle le découvre, quel que soit le temps. Le rebut de la société qu’est le délinquant, qu’il soit le plus aguerri, ne peut courir longtemps en face de sa détermination et sa perspicacité. Au Mali, elle a la bénédiction du grand nombre, tant à de plusieurs fois elle a permis d’éviter le pire. On ne s’étonne même plus des nombreuses prouesses qu’elle ne cesse de réaliser. Combien de fois elle a mis hors d’état de nuire des criminels de gros calibre parmi lesquels des djihadistes ? Sans elle, l’on ne peut pas l’imaginer surtout à Bamako, est-ce que la circulation serait possible, la population ne serait-elle pas agressée jusqu’à  l’intérieur de ses habitations même en pleine journée, en un mot, le sommeil serait-il envisageable ?
C’est pourquoi, tous les Maliens qui ne cherchent qu’à vivre en totale paix approuvent et soutiennent , le moindre bien que le peuple peut faire, les dispositions de la loi n°2019-001 du 14 janvier 2019 portant modification de l’ordonnance n°2018-015/P-RM du 15 mars 2018 portant statut des fonctionnaires de la police, et du décret d’application n°2018-0277/P-RM du 15 mars 2018, qui améliorent les conditions de travail et de vie de ses composantes en hommes, bien  qu’il reste beaucoup à faire à ce niveau, à l’instar des autres corps de la fonction publique.
Pour autant, il ne serait pas honnête de taire toutes les bévues de certains de ses éléments qui se distinguent par leur promptitude à commettre* des racquettes*, à spolier les citoyens de leurs biens. La verbalisation à outrance de ces derniers a conduit à un regard erroné de quelques citoyens qui ont tendance à frapper du même bâton l’ensemble de la police qui n’a cessé d’être honorable. Alors, il en est appelé à la responsabilité de ses Chefs qui peuvent, exceptés quelques-uns qui y trouvent leur compte, mettre leurs mains sur le mal et à l’éradiquer en expurgeant du corps les mauvaises graines. Récemment, le Ministre de la justice actuel a été vu remettre, avec force médiatisation consciencieuse, des carnets qu’il affirme servir désormais à diminuer les détournements de recettes,  car les auteurs de contravention iront, selon lui, payer l’amende qui en résulte directement au trésor. Cette pratique, si elle prospère, peut mettre fin aux commérages, pas toujours fondés, contre les policiers, et renflouer les caisses de d’Etat. Par ailleurs, les usagers ont le droit de contester ces amendes qui peuvent être des amendes de composition, et saisir le tribunal du lieu de l’infraction qui  peut, si l’infraction n’est pas fondée, dédouaner les mis en cause.
C’est ainsi que comprend le Président de l’association des commerçants du marché de Sébénikoro, qui ne s’oppose pas, loin s’en faut, à la punition des malfaiteurs, mais à condition qu’on y mette de la légalité dans la manière. Selon ses dires, en plus de créer des déboires à leur commerce, la mesure prise par Madame le Commissaire du 9e Arrondissement d’empêcher aux motocyclistes d’emprunter la voie principale, au niveau du marché, donne droit aux agents d’infliger des amendes sans supports justificatifs.
En réalité, il n’a pas tort pour ce qui concerne la décharge des amendes, mais tel n’est pas le cas de la mesure qui poursuit son petit bonhomme de chemin avec l’appui des autorités, précisément municipales et de quelques notables de Sébénikoro. Le constat vient prouver qu’elle est juste pour avoir conjuré le sort des accidents presque quotidiens qui survenaient chaque jour sur la route. Elle a besoin, pour être plus efficace, de l’adhésion de tous. Madame le Commissaire l’a dit, depuis que cette mesure a été prise, on enregistre de moins en moins d’accidents. C’est dire qu’elle est salutaire notamment pour la population. Avant cette mesure, les vendeurs de toutes sortes de marchandises, même de bricoles, se permettaient de s’asseoir jusque sur la  chaussée, obstruant le passage des motos qui se rabattaient sur la voie principale où les véhicules, les bennes surtout, causaient beaucoup de pertes en vies humaines. Il est pour autant souhaitable d’obliger les piétons qui veulent traverser la route à emprunter les échangeurs qui surplombent celle-ci, la vie n’ayant pas de prix. Il n’effleure l’esprit d’aucune conscience d’essayer d’être à travers de cette mesure qui a reçu la caution des plus hautes autorités, en l’occurrence, le Ministre de la sécurité et de la protection civile. Le reproche était plutôt que les actions entrant dans la direction d’appliquer avec rigueur les lois, une fois l’effet d’annonce passé, sont aussitôt abandonnées, comme on l’a vu concernant le port de casques, l’immatriculation des véhicules, la circulation à trois sur une moto, les surcharges sur les routes, entre autres. Toute mesure juste qui rompt les habitudes à ses débuts d’application rencontre l’incompréhension, mais pérenne finit par se faire comprendre et accepter par tous, sauf toujours ceux  dont la vie se voient à l’envers. Il est, au demeurant, souhaitable que la bonne police soit soutenue pour qu’elle donne plus de résultats, donc de satisfaction. Il n’est pas facile pour un homme de sacrifier sa vie pour celle des autres. C’est noble, quand le policier, contre vents et marées, se conforme à son serment, et après profite du repos du guerrier.
Mes vœux les meilleurs pour l’année 2020 à toute la police malienne !

LE PROBLEME FONCIER AU MALI : UN CASSE-TËTE CHINOIS

Au Mali, s’il existe un problème sérieux  qui  tenaille avec  récurrence les tenants successifs du pouvoir, c’est le problème du foncier. En parler même serait fastidieux et inextricable en raison de l’imbroglio qu’il comporte. Et pourtant la législation qui régit le domaine est l’une des meilleures de la sous-région
En effet, l’ordonnance n°00-027/P-RM du 22 mars 2000 portant code domanial et foncier, modifiée et ratifiée par la loi n°02-008 du 12 février 2002 et la loi modificative n°001/ANRM du 10 janvier 2012, le décret  n°02-112/P-RM du 06 février 2002, ont le mérite de camper les limites à l’acquisition du foncier et, subséquemment,  au règlement des litiges qui s’y rapportent . Rien n’y fait à cause de l’état de la moralité des acteurs qui interviennent dans le secteur : les services du domaine, les maires, l’administration et les coutumiers.
A commencer par les coutumiers, ceux-ci ne veulent pas sentir les services de domaine, et mêmes les maires, qu’ils accusent de s’approprier indûment de leurs terres vitales. Etant jadis les premiers occupants, ils sont devenus par la force des choses les administrateurs traditionnels de populations s’accroissant de jour en jour. Des villages de moindre importance démographie sont habités actuellement par cinq cent, voire cinq mille âmes et plus, si bien que la terre devenant économiquement rentable se raréfie, et fait le lot de conflits. De ce fait, la recherche de terres nouvelles devient une nécessité, mais à quel prix, puisqu’elle ne se conforme pas le plus souvent à la légalité, qui, il faut le reconnaître, est ignorée par la majorité. Les textes sont tous écrits en français et les 80% de la population ne lisent pas le français. Ainsi, dans les contrées éloignées ou non, les modes d’acquisition de la terre sont purement traditionnels : le premier occupant ou conquérant, le don, le legs et le prêt. Justement, ce sont ces modes qui sont problématiques, car ils sont constamment remis en cause. Les plus malins, qui savent qu’ils ne sont pas sous-tendus  par des écrits, se mettent à nos jours à contester les propriétés qu’ils affirment. On n’est pas étonné d’entendre le plus souvent devant les Tribunaux que l’occupant de plus d’une cinquantaine d’années d’un champ n’en est pas réellement le propriétaire parce que celui-ci lui a été prêté, alors que jamais, son père ou jamais  personne du vivant de ses parents n’a fait cas de prêt . Le Juge n’étant pas dans le secret des Dieux, pour la manifestation de la vérité, le procès peut prendre l’allure d’une course de marathon à tous les échelons de procédure, notamment si  les témoins parfois cités par les parties connaissent peu le fond du litige, ou sont de mauvaise foi, ou simplement sont animés de la volonté de nuire. Dans ce cas de figure, des chefs de villages, des maires ou des députés, dont l’un des protagonistes est acquis à leur cause, peuvent venir ou présenter des écrits pour affirmer des droits qui n’existent pas.
A ces sortes de conflits dès fois voulus et entretenus par ceux qui sont permanemment  en quête d’intérêt, s’ajoutent les problèmes liés aux rapports prenants entre cultivateurs  et éleveurs d’une part et les pêcheurs d’autre part. Les bourgous, les harimas, les passages d’animaux, demeurent une litière de mésentente pouvant conduire à des affrontements. Tout autant les gens sont pugnaces quand il s’agit des limites des fleuves, des mares, marigots et étangs. Ici, mêmes les pêches collectives sont cause de contingences et de divergences, relatives à la prééminence des familles, qui traditionnellement les organisaient. Celles-ci étaient supposées détenir des pouvoirs mystiques, qui ne toléraient pas la violation de l’ordre préétabli. Cela est valable pour les traversées des animaux pendant lesquelles la préséance des dignitaires est respectée. A présent, mêmes ces détenteurs inamovibles des pouvoirs de gérer exclusivement les terres et tout ce qui s’y rapporte il y a quelque temps sont  de façon virtuelle contestés et parfois même vilipendés, du fait que certains parmi eux, avec l’évolution, ont perdu toute dignité par leur manque d’honnêteté. Ceux-ci, avant, préféraient la mort à la honte, leur dignité à quelles que faveurs que ce soient. Aujourd’hui, ils forment plutôt l’égérie de l’administration et des maires qu’ils combattaient naguère contre leurs semblables dont ils spolient injustement  les biens.
A certains endroits, les maires, auxquels la loi a donné le pouvoir d’attribuer des terres par voie de permis provisoires, ont perdu toute leur crédibilité, soit par ignorance, soit par maléfice politique, soit par mercantilisme. Il n’est pas rare de voir des maires attribuer, arrêtés à l’appui, des lots mêmes  sur des terres  non immatriculées. A la limite, ceux-ci sont très souvent sources de conflits entre leurs électeurs. Ils ne sont pas étrangers à bien des occupations anarchiques dans les villes, entraînant, de façon regrettable, des dégâts importants et parfois même des pertes en vies humaines. Les artères les plus importantes sont obstruées par des installations autorisées par eux, moyennant à bien des cas des sous-tables. C’est un plagiat de dire que beaucoup de maires gèrent mal le foncier au Mali. Heureusement que l’on ne peut pas jeter l’opprobre sur tous tant parmi eux certains étaient et demeurent  presque irréprochables. Si les élections continuent à être repoussées aussi longtemps, il y a risque de voir des maires déserter leurs communes. Qui ignore au Mali que des maires insoucieux se permettent de doubles attributions sur des terres, aux plus offrants ? Dans ces jeux de caïmans, le pauvre n’a que ses yeux pour pleurer. Peu de gens savent que la Justice, dans sa perspicacité, a eu à annuler une quantité importante d’actes établis par ces quelques maires véreux. En cela, l’on n’ignore pas qu’ils sont aidés par un nombre restreint de brebis galeuses dans l’administration et dans le corps judiciaire.
Le même opprobre frappe certains administrateurs qui pensent qu’ils sont sortis des cuisses de Jupiter et, tenant front aux premiers mis en cause, se donnent tous les droits d’attribuer des terres selon leur seule volonté. Par ce biais, ils arrivent à opposer tout le monde rien qu’à leur profit personnel. Même la nomination des chefs de villages et autres n’est en marge de ces méfaits. A l’occasion des attributions des concessions rurales selon les échelons, naissent des conflits, parce que la légalité n’a pas été respectée.
Il est donc impérieux que des mesures idoines soient prises pour extirper de ces corps les crapules qui n’honorent pas leurs fonctions. Comment comprendre que même le titre foncier qui était voulu comme une garantie inattaquable en matière de propriété foncière soit sujet à caution, et soit par conséquent soumis à annulation intempestive, par la faute d’une minorité d’agents  des différents services de domaine ?
C’est pourquoi nous nous résumerons pour poser la question qui vaille qui est celle de savoir si à l’état actuel de notre disposition organisationnelle sur le foncier est-ce que la voie judiciaire incontournable cependant peut seule suffire à endiguer les tares qui minent le système de propriété que tout le monde souhaite. Nous croyons que non. C’est ainsi que mêmes les assises nationales des états généraux du foncier (2009) n’ont pas permis de voir le bout du tunnel.  Il importe dès lors de dynamiser les modes alternatifs, qui ont besoin d’être  bien structurés, de règlement des litiges fonciers crédibles mais redevables, dont les responsables répondront en cas de faute devant les Tribunaux, de constituer un cadastre sur l’ensemble du territoire (article 49 du code domanial et foncier) qui permettra de connaître toutes les propriétés et leurs propriétaires, les limites de ces propriétés . Ainsi les propriétaires seront assurés par des titres en bonne et due forme, pour ceux qui n’en ont pas. En toute connaissance de cause, l’Etat peut, en conséquence, procéder à des rétributions et par purge des droits coutumiers, si nécessaire, et pallier l’état discriminatoire que l’on connaît actuellement qui fait que certains ont des étendues énormes de terres, par le principe du premier occupant, ou par corruption,  alors que d’autres n’en ont pas, ou ont une part incongrue . L’Etat en vue d’être efficace doit revoir ses structures impliquées dans le foncier en les rassemblant en une seule, de sorte, mettre terme aux attributions des maires par permis et des services de domaines par titres fonciers. De cette manière, il pourra engranger des recettes importantes par l’entremise d’un cadastre fiscal  à la taille du développement économique de cette sphère.
Le Chef de l’Etat, lors de son message à la Nation, le 22 septembre 2013, de bonne foi, avait dit ceci : Il sera mis un coup d’arrêt à la magouille foncière et à la spoliation des pauvres ou des vrais titulaires.
Tout sera fait pour doter le Pays d’un système cadastral fiable, et ce, dans des délais raisonnables. Il en sera fini des procès monnayés dans les bureaux des juges oublieux de l’éthique.* Nous croyons que  ces vœux nobles se sont perdus dans l’Etat de déliquescence du pays causé par l’insécurité qui absorbe toute volonté de faire mieux et par la grande corruption, à laquelle des remèdes appropriés  bien que possibles sont difficiles à trouver.

LA CARTE NINA, UN SESAME?

Le but qui est devenu un moyen relève désormais du parcours du combattant. Aucun Malien ne se dira pas deux fois que pour l’obtention de la carte  NINA, l’on est obligé de faire le guet à devenir piquet, à courir parfois dans tous les sens pour approcher un proche, ou une connaissance qui a la main à la pâte, ou de débourser ou de faire débourser pour graisser la patte de celui qui a la possibilité de vous faciliter son accession.
Pour celui qui connaît la raison qui a motivé l’institution de la carte NINA qui continue à livrer ses déboires,  il serait superfétatoire d’affirmer  que celle-ci a été voulue pour rendre fiable et sécurisée l’identité des personnes, qu’elles soient physiques ou morales. Le législateur donne sa source par la loi n°06-040 du 11 août 2006 portant institution du numéro d’identification nationale des personnes physiques et morales, modifiée en 2011 et en 2013. L’article 1erde cette loi dispose :<Il est institué en République du Mali le numéro d’identification nationale des personnes physiques et morales en abrégé NINA.> Et l’article 2 de la même loi définit le NINA comme un numéro d’identification nationale qui <a pour objet d’individualiser chaque personne physique ou morale par un numéro unique.> Cette loi , en son article 7 a ajouté que <Le numéro d’identification nationale attribué à une personne physique est inscrit sur la carte d’identité nationale, le passeport, le permis de conduire, le carnet scolaire, le carnet médical, la carte d’électeur, la carte de séjour pour les étrangers, les documents de personnes morales et les actes d’état civils.> C’est là que l’on comprend aisément l’importance de la carte NINA qui devient, de ce fait, un sésame sur lequel il faut mettre la main à tout prix, d’autant que, sans le numéro qu’elle porte, toute pièce ou document est systématiquement rejeté. Mais le bas blesse à savoir que, où elle devait être accessible à tous, certains esprits mercantiles devant l’Eternel l’ont rendue une denrée rare qu’il faut trouver par les moyens cités plus haut, ou en se levant chaque jour à quatre (4) heures du matin. Ce ne sont pas ceux qui ont fait un sit-in devant le Consulat du Mali en France pour l’obtenir qui vont me démentir. Certains ont perdu ou ont failli perdre leur emploi parce qu’ils n’arrivaient pas à renouveler leur passeport, et par conséquent, leur carte de séjour. C’est pourquoi, l’on ne comprend pas qu’en violation des procédures pour son acquisition, tout soit concentré jusque récemment à Korofina. Il fallait s’y rendre pour mieux mesurer la souffrance de ceux-là qui n’ont de choix que de la quérir. C’étaient des rangs à être fou (certains y passaient la nuit), et si vous parvenez à franchir tous les obstacles, vous vous retrouvez devant des gens qui vous regardent de haut comme si vous les déranger, ou vous répondent avec indifférence et sèchement. Ainsi, vous sortez sans avoir rien compris, ou, par un peu de veine, avec la promesse d’un rendez-vous qui ne viendra jamais, ou, la dernière possibilité, avec la chance d’être coopté par un quidam qui, tapis presque sous les escaliers, vous offre de vous aider moyennant une somme variant entre quinze mille (15.000) FCFA et cinquante mille (50.000) FCFA. Si vous acceptez de jouer le jeu, dans un temps très voisin, vous aurez votre sésame.
L’aberration qui pousse à bout se présente quand la fiche individuelle remise au demandeur comporte des erreurs. Il arrive que par cette situation l’envie vient de commettre l’irrespect quand le vis-à-vis réclame l’argent à l’effet de corriger ou de faire corriger l’erreur émanant du fait du Centre de Traitement des Données d’Etat Civil, communément appelé CTDEC. Or la loi n°2013-015 du 21 mai 2013 portant protection des données à caractère personnel en République du Mali dispose en son article 13 que :<Toute personne justifiant de son identité peut exiger du responsable d’un traitement que soient, selon les cas, rectifiées, complétées, mises à jour, verrouillées ou supprimées les données à caractère personnel la concernant, qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte, l’utilisation, la communication ou la conservation est interdite.
Lorsque l’intéressé en fait la demande par écrit, quel que soit le support, le responsable du traitement doit justifier, sans frais pour le demandeur, qu’il a procédé aux opérations  exigées en vertu de l’alinéa précédent dans un délai de trente (30) jours, après l’enregistrement de la demande.
En cas de contestation, la charge de la preuve incombe au responsable du traitement auprès duquel est exercé le droit d’accès.>
Après ce texte, il est mal vu d’exiger quoi que ce soit pour corriger une erreur pour laquelle le demandeur à la correction n’a commis aucune faute.
Ces malversations sont monnaie courante lors des élections pendant lesquelles la carte d’électeur comportant le numéro d’identification nationale peut être soumise à spéculations. Elle peut se retrouver entre les mains autres de celui qui est le véritable propriétaire, et qui vote avec elle.
Alors que suivant les dispositions de la loi électorale, en ses articles 59 et 61, elle doit être remise à chaque électeur au plus tard à la veille du scrutin.
La carte NINA donc pensée et réfléchie pour sa justesse, remplira pleinement sa fonction lorsque partout où se trouve un Malien, elle lui sera accessible dans les conditions les meilleures et plus faciles. Les autorités qui nous gouvernent doivent y avoir un œil très pointilleux comme ce fut le cas pour le passeport.

LE ROUGE D'UN OEIL DE CONSCIENCE

LE ROUGE D’UN ŒIL DE CONSCIENCE :.

Cela fait un bon bout de temps que la Plateforme Contre la Corruption et le Chômage au Mali (P.C.C.), membre à part entière de la société civile,  a enfilé sa tenue de lutte contre la déprédation de l’économie malienne. Ainsi, elle a permis désormais d’élever la voix  dénonciatrice à l’égard d’une tête de serpent qui a répandu sa langue à tout ce qui pouvait donner vie à la vie : il faut nommer la corruption et le chômage.
Mais, cette lutte courageuse comporte de sérieuses difficultés, puisqu’elle implique plusieurs intérêts divergents, selon les positions dominantes de tout un chacun :
I-Difficultés liées à son fonctionnement :
De la date de sa création à ce jour, personne ne s’est posé la question quant à la subsistance de la Plateforme pour vivre. L’on n’a pas besoin de le dire, chaque corps vivant a besoin de nourriture, sinon, elle ne peut pas évoluer normalement dans le sens utile à la société.
Donc, il importe de savoir que la Plateforme ne détient aucun fond propre à part ce que génèrent les quelques cotisations de ses membres. Mêmes les jeunes qui assurent ses travaux à son siège ne sont pas rémunérés. Sous d’autres cieux, en raison de son apport à la construction positive du pays, des bonnes volontés se seraient manifestées, de façon désintéressée, pour booster et encourager ses actions salvatrices, salvatrices parce que grâce à elle bien de malversations ont été découvertes et mises au soleil, procurant du levain aux poursuites contre plusieurs délinquants à col blanc ou autres. Grâce à elle, en effet, le taux de ces délinquances a sensiblement chuté, mettant la peur au ventre de ceux qui en avaient la tentation.
Il va de soi que le souhait des délinquants, contre lesquels elle lutte, sans répit, qui lui souhaitent aujourd’hui le plus grand mal, qui lui nourrissent de la haine, est de la voir faillir de manière qu’elle ne soit plus à même de continuer à mettre des bâtons dans leurs roues. Ceux-ci, évidement, ne lui donneront jamais les moyens qui mettront des cordes à leur coup.
C’est en cela qu’il faut saluer le soutien inlassable du Président du Patronat malien, en la personne de Mamadou Sinsy Coulibaly, qui lui sert de couverture associative et de tremplin bénéfique, car celui-ci a mis à sa disposition la liste de tous les corrompus de la République, sur la base de laquelle elle travaille, en plus des dénonciations dont elle est destinatrice directement  de la part de Maliens victimes de faits de corruption. Pour celui qui est au fait de l’actualité malienne, ce dernier n’a manqué aucune occasion pour mettre au goût du jour son aversion contre des pratiques crapuleuses de certains agents de l’Etat. Il constitue, certes, un maillon fort à  la réalisation des idéaux de la Plateforme.
II-Difficultés liées à ses rapports avec le Président de la République et le Premier Ministre :
Sur le plan théorique, on ne dénote aucune part d’animosité entre le Président de la République, le Premier Ministre et elle, qu’elle dit aider à aller vers la bonne gouvernance du Pays. Mais, cependant, à chacune de ses sorties, elle a déploré la lassitude des deux quant à mettre en œuvre ses dénonciations et ses demandes :
A-     La lassitude du Président de la République dans la mise en œuvre des dénonciations et des demandes de la Plateforme :
Ici, le problème majeur qui surgit  se rattache aux domaines de compétence du Président de la République qui n’est pas soumis à un ordre administratif que celui de mener une politique satisfaisante pour l’ensemble des Maliens. Dans une République bien organisée, sans rappeler toutes les fonctions présidentielles, chaque institution, et à l’intérieur, chaque organe de l’Etat, assure ses attributions qui lui sont dévolues par la loi, indépendamment de la redevance constitutionnelle que leur impose la loi suprême vis-à-vis de lui. Si les institutions sont au mieux, la République ne se portera que mieux, car chacune s’acquittera correctement de son travail même, s’il faut, contre la volonté du Premier Responsable lorsqu’il tente de dévier la normale de la conduite des affaires publiques.
Donc, le Président de la République n’est pas la compétence indiquée pour recevoir les dénonciations des citoyens, sauf quand elles ne trouvent pas la suite nécessaire à leur poursuite.
Mais ce que la Plateforme comprend moins, c’est la réfutation du Président et de son épouse à parrainer une soirée dont le but était la collecte de fonds à l’intention de l’armée.
C’est alors que l’on en déduit que le courant passe, en pratique, difficilement, entre la Plateforme qu’incarne le Pr. Clément Dembélé et le Chef de l’Etat, qui, selon celui-là, se soucie peu, en fait, de mettre les forces de défense au niveau souhaité, ou n’accorde aucune importance à la lutte qu’elle mène pour le bonheur des Maliens. Ce n’est pas aisé de soutenir une telle assertion avant de requérir l’avis du principal intéressé, en l’occurrence le Président, qui seul peut expliquer le bien fondé de ce refus. Peut-être que le Président pense que d’autres niveaux de compétences sont plus appropriés pour apporter une réponse adéquate aux sollicitations de la Plateforme.
B- La lassitude du Premier Ministre à la mise en œuvre des dénonciations ou des demandes de la Plateforme :
A cet égard, la Plateforme ne fait pas cas du refus de parrainage du Premier Ministre, mais déplore avec regret le silence de ce dernier par rapport à sa demande d’autorisation d’audit de huit (8) structures étatiques les plus mal gérées, selon elles, alors que l’Etat n’en déboursera pas un sou ; que des partenaires crédibles, qui se chargeront du recrutement des experts en audits internationaux, ont déjà mobilisé quinze milliards (15.000.000.000) FCFA à cette fin.
Mais, sur ce point également, des interrogations se font jour. Est-ce que le choix d’experts de cette manière, ne portera pas un coup à l’autorité de l’Etat auquel il revient normalement l’initiative de toute action similaire ?
Peut-être que si l’Etat accepte de se soumettre à ce diktat, il pensera d’abord à reprendre le flambeau en s’impliquant davantage, d’une façon ou d’une autre, à l’organisation de ces expertises. Il est incommode pour l’Etat, une Puissance publique, d’admettre des audits qu’il n’a pas choisis, et qui seront menés par des gens dont il ignore la moralité et de ce qui sera leur finalité, en termes de crédibilité et d’usage. Le bon sens demande d’avoir le cœur net sur l’identité claire et le désintéressement des bailleurs pour une telle œuvre, qui aura l’avantage de mettre à nue tous les secteurs sensibles du Pays. L’Etat, en toute cause, cherchera à avoir une vision claire de la demande de la Plateforme avant d’accepter de s’engager, s’il consent à accepter, le cas échéant.
III-Difficultés liées à ses rapports avec le Procureur du Pôle Economique :
Suivant les dispositions du code de procédure pénale, en son article 50, les Officiers du Ministère Public du ressort d’une Cour d’Appel ne sont soumis qu’à l’autorité du Procureur Général près de ladite Cour, lequel est soumis à celle du Ministre de la Justice. Il faut comprendre par là que les rapports entre le Procureur du Pôle Economique et la Plateforme de lutte Contre la Corruption et le Chômage (P.C.C.) restent des rapports définis dans l’article 52 du Code précité, et ne sont pas ceux qui existent entre le Chef du Parquet d’Instance et les Officiers de Police Judiciaire, encore moins ceux existant entre celui-là et le Vérificateur Général. Il est de toute évidence que la Plateforme ne figure pas parmi les services de la Police judiciaire, pour détenir des pouvoirs d’investigations protégées par la loi. C’est donc par simple tolérance, pour mener à bien la lutte contre la corruption et la délinquance financière, que le Procureur ne la met pas à l’écart pour inciter les plaignants et les dénonciateurs à le saisir directement. Ce cas de figure n’est pas à exclure si une fausse note entre les deux se produisait. C’est dire que la plateforme n’a aucun moyen d’entreprendre des enquêtes dont la crédibilité exige la confrontation de preuves. Son pouvoir se limite dans l’acceptation du Procureur de mettre en marche sa machine répressive pour donner corps à ses plaintes et dénonciations, en tant que société civile défendant les intérêts de la société.
En l’état, l’Etat ne peut pas prendre le risque et rester conforme à la légalité de reconnaître à une société civile les pouvoirs donnés à une police judiciaire, quelle qu’en soit son utilité, encore qu’elle ne possède pas toutes les compétences techniques nécessaires à la tâche. D’où  la nécessité de lui assurer une formation appropriée afin de lui éviter la responsabilité à laquelle elle s’expose seule, serait-ce civile, en cas de préjudice à l’Etat et aux citoyens.
Néanmoins, l’Etat peut, à cause du rôle capital qu’elle joue dans la lutte contre la corruption et le chômage, lui garantir la protection en lui reconnaissant une cause d’utilité publique.
IV-Difficultés liées à ses rapports avec les Maliens :
Les pratiques coloniales qui se traduisaient aussi par des violences contre des Soudanais hostiles à un ordre nouveau mettant en cause leurs traditions ont fini par déterminer ceux-ci à se solidariser à l’effet d’empêcher toute dénonciation au colon. Ainsi, des gens se liguaient pour soustraire à la punition de l’Administration coloniale les membres de leurs sociétés. A bien des égards, jusqu’à ce jour,  ce regard d’hostilité existe contre toute autorité qui incarne ou qui est perçue comme une autorité coloniale.
C’est pourquoi, on est loin encore du citoyen modèle qui aide l’autorité à combattre l’impunité par la dénonciation. Dans certains milieux maliens, le fait de dénoncer est une lâcheté, car jadis chaque individu dans la société était investi du droit de punir le déshonneur, s’il peut, avant que le Chef traditionnel soit saisi. Evidemment, un tel pouvoir multiple n’est plus possible, en raison de l’évolution démographique, de l’évolution des modes de gouvernance imposés et des mentalités.
C’est dire que la Plateforme est mal comprise par des milieux fortement conservateurs. Ainsi, les interférences sociales ou religieuses dans l’administration correcte de la justice sont monnaie courante et ne sont pas prêtes de s’estomper, même si celles religieuses ne correspondent pas à leur fondement appliqué en Arabie Saoudite, qui constitue une référence islamique, où seule la victime peut accorder son pardon, en amont du Kadi.
Il arrive que ceux-là qu’elle dénonce soient mieux entendus qu’elle, le contraire à toute bonne marche d’une société.
V- Difficultés liées à ses rapports avec les Officiers de Police Judiciaire (OPJ) :
Il n’est pas du tout étonnant d’affirmer que les Officiers de Police Judiciaire ne lui reconnaissent aucune autorité, si bien qu’ils ne lui prêtent le moindre concours. Au contraire, certains  pensent que c’est une plaie dans leurs jambes, qui a la prétention de se substituer à eux, notamment si encore ses dénonciations les touchent, alors que leur collaboration est salutaire pour tous.
En toute connaissance de cause, le rouge qui l’assombrit doit être levé pour permettre à l’œil de la conscience de voir mieux. D’une utilité publique avérée, la Plateforme qui n’arrive pas encore à atteindre sa vitesse de croisière, mérite tout le soutien pour le réveil des consciences sans lesquelles les efforts d’une société s’égaillent dans le vent,

PUPILLE DU MALI OU DEVOIR DE RECONNAISSANCE

Dans la situation actuelle du Mali, l’on ne dira jamais assez que la vie de certains  enfants mineurs est problématique, voir critique. L’interpellation des autorités qu’elle a suscitée a amené celles-ci  à la réflexion générale quant à y apporter des solutions idoines, du moins quant à y trouver une politique la meilleure à la prise en charge de ces enfants en état de désespoir.
C’est vrai, il reste en mémoire que de l’indépendance du Mali à nos jours, chaque pouvoir en a pris à sa charge ce qui est humainement possible. En cela, il convient de tirer le chapeau au Premier Président qui n’a laissé, sauf contre sa volonté, aucun enfant à la touche. Mais cette volonté politique qu’il a voulue et entretenue, a continué à  s’affirmer de mieux en mieux à partir de l’avènement de la démocratie pluraliste qui a donné un sens à ce que l’on peut appeler pupille. Le contexte a donné naissance à une notion plus large.
C’est ainsi qu’au temps d’Alpha o. Konaré, la loi n°00-39 du 07 juillet 2000 fut adoptée. Elle dispose que :< Peut prétendre à la qualité de pupille du Mali, tout enfant mineur, dont le père, la mère ou le soutien de famille est mort au service de la Nation, soit dans l’exercice de ses fonctions, soit dans l’accomplissement d’un service exceptionnel.> Mais le dernier tiré de l’article 3 de cette loi montre qu’elle est incomplète, d’autant qu’il y est dit de produire :<un acte administratif établissant le lien de causalité entre le décès et les circonstances qui donnent droit à la qualité de pupille  >, comme pour dire que ce sont les circonstances de la mort qui déterminent, en fait, la qualité de pupille.
Le décret n°00-387/P-RM du 10 août 2000 n’y a pas apporté plus d’éclaircissement, sauf qu’il fixe les réparations que l’Etat entend prendre en charge.
C’est pourquoi, l’on peut croire à l’intervention de la loi n°2016-058 du 27 décembre dont la mise en chantier a été instruite au Ministre de l’Action Sociale par l’actuel Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, lors de la commémoration de la fête de l’armée du 20 janvier 2015.
Cette loi plus large a marqué une nette distinction entre les pupilles de la Nation et les pupilles de l’Etat. Elle prescrit que : <Peuvent prétendre à la qualité de pupille de la Nation les enfants mineurs des personnes des forces armées et de sécurité et autres corps paramilitaires, des fonctionnaires et agents de l’Etat et tout autre citoyen dont l’un des deux parents ou le tuteur légal est mort, porté disparu ou déporté.
Les décès ou disparitions doivent être faits à l’occasion de guerre, conflits armés ou opérations de maintien de la paix ou de sécurisation, ou à l’occasion de l’exécution de mission de service commandé ou de service public.>
Cette même loi dit que les pupilles de l’Etat sont les mineurs abandonnés, de parents inconnus, de mère malade mentale sans substitut parental valable, de parents condamnés à de lourdes peines privatives de liberté, sans substitut parental valable, ainsi que des orphelins pour lesquels aucun membre de la famille ne peut être tuteur.
Plus tard la loi n°2018-011 du 12 février 2018 portant Création de l’Office National des Pupilles (ONUPA) fut prise. Par cet office, l’Etat se donne les moyens de la mise en œuvre de sa politique définie dans la loi précitée.
Et aussi, on rappellera l’ordonnance n°2016-020/P-RM du 18 août 2016 portant statut général des militaires, notamment en son article 25 qui affirme la reconnaissance de la Nation aux militaires tombés sur le champ de l’honneur. Cet article 25 dispose :<Les ayants-droit du militaire décédé sur le théâtre d’opération ou en service commandé bénéficient d’une indemnité forfaitaire mensuelle calculée sur la base de l’indice maximal du grade immédiatement supérieur, rapporté à la valeur indiciaire.
Ses ayants-droit continuent à bénéficier de cette indemnité jusqu’à la majorité de son dernier enfant.>
En sus, il leur est versé dans les trois (3) mois qui suivent le décès, une indemnité forfaitaire égale à dix (10) ans de salaire calculé sur la base de l’indice maximal du grade immédiatement supérieur.(article 26 al2 de la même ordonnance)
 Indépendamment des dispositions contenues dans l’article 25 ci-dessus cité, les ayants-droit des militaires décédés en opération ou en service commandé, bénéficient de l’assistance en nature et/ou en espèce dans les conditions fixées par décret pris en Conseil des Ministres. Ce décret d’application a été pris dès les mois qui suivent.
Nous compléterons cet arsenal  législatif concernant les Pupilles par la loi n°2019-042 du 24 juillet 2019 portant loi d’entente nationale qui, même si elle ne fait pas l’unanimité et est appelée à être probablement révisée, dispose en son article 32 :<Tout enfant mineur dont les parents civils et non fonctionnaires ou Agents de l’Etat sont décédés ou portés disparus dans le contexte visé à l’article 3 de la présente loi, bénéficie de la qualité de <Pupille de la Nation> telle que prévue par la loi n°2018-058 du 27 décembre 2016 instituant les Pupilles en République du Mali.>.
C’est dire que tout a été mis en œuvre pour l’affirmation du devoir de solidarité que chaque Malien doit à ceux qui donnent leur vie dans le but de nous protéger ou de vivre sereinement.
C’est dans ce chapitre que l’on peut situer le geste combien humain du Président de la République qui a donné récemment cent quatre vingt millions (180.000 .000) aux Pupilles du Mali. Ce geste hautement symbolique a été salué par beaucoup de Maliens, sinon, du moins, par les heureux bénéficiaires. Seulement, ceux qui l’ont approuvé redoutent de sa bonne gestion équitable et entière, mieux que ce qui est vécu jusqu’ici.
L’Etat peut, ce n’est pas au-dessus de ses moyens, se projeter dans l’avenir de réaliser des infrastructures, des centres par exemple d’éducation, d’apprentissage ou de formation, à l’endroit de ces pupilles, tant leurs parents ont fait pour le Mali. Ils ne doivent pas être laissés, pour ceux qui ont perdu les deux parents, à la merci de certains tuteurs de conscience douteuse.
Evidement, le souhait de tout bon Malien, c’est de voir moins de pupilles dont le nombre augmente chaque jour par la cruauté des hordes de toutes sortes de malfaiteurs. L’idée selon laquelle le militaire est fait pour mourir ne doit pas être le principe. Elle doit être plutôt que la vie du militaire soit sauve pour nous défendre, nous protéger. La mort en cascade de nos militaires démoralise tout un chacun et fait craindre le pire si des mesures à la hauteur de la menace ne sont pas prises au plus tôt. On ne dit pas que les autorités n’ont pas souci de la situation et ne font rien, c’est le contraire, mais qu’elles fassent mieux et plus pour que nos hommes sur le champ des conflits soient à même d’accomplir pleinement leur mission ; que la loi de programmation militaire ne soit pas la loi de renflouage de la poche de certains travailleurs véreux de la République ; qu’elle soit uniquement au bénéfice de la défense de la Nation.   

Bonne année 2020 à tous les enfants qui souffrent par le fait de l’homme à travers le monde