LA FORCE DES LOIS DE LA REPUBLIQUE

Pour ne pas choquer les différents concepts traitant de la forme républicaine d’un Etat, la définition  donnée par  Vikipédia  semble être plus près de l’exactitude. Selon ce site d’abreuvoir de données dans tous les domaines, « la République désigne un mode de gouvernement dans lequel le pouvoir est exercé par des personnes élues. Une République est typiquement antonyme d’une monarchie héréditaire, mais n’est pas toujours synonyme de démocratie.

La République est en 2020 la forme de régime politique la plus répandue : sur 197 pays, 151 sont des républiques ».

En toute évidence, d’après cette définition liminaire de la république, le pouvoir s’acquiert par les élections, et pas autrement. Les élections ne se font pas ex-nihilo. Elles se fondent sur des textes dont la constitution est le plus fondamental, étant la matrice qui donne naissance à toutes les lois régissant cette république.  Ainsi, toute loi qui ne lui est pas conforme est anticonstitutionnelle. La constitution, elle-même, est une émanation de la volonté du peuple, qui décide, dans un Etat souverain, des règles qui répondent mieux à ses aspirations. C’est elle qui définit les institutions, la désignation de leurs membres, le mode de leur exercice et la durée de leur vie.

Ainsi, en référence à la dernière constitution du mali, du 25 février 1992, survenue à la clôture des évènements de mars 1991, dont le Président de la République s’engage à faire respecter (art.37 de la constitution) et dont il en est le gardien(art.29 de la même constitution), le Mali est une république dont le Premier Responsable doit être élu démocratiquement. Pour cette élection comme celle des autres fonctions électives, les lois strictement peaufinées permettent aux citoyens, si elles ne sont pas biaisées par ceux qui défendent leurs intérêts propres, de désigner de façon éclairée leurs dirigeants.

Malheureusement, pour des raisons liées à de multiples facteurs ou paramètres, ceux qui ont eu en charge de leur organisation et proclamation n’ont pas été toujours dignes de la confiance du peuple, créant, comme ce fut le cas récemment, des frustrations, des mécontentements, qui se résument en une injustice, ajoutant du coup, par revers de la médaille, à d’autres insatisfactions,  dont les conséquences ont conduit à l’idée de l’illégitimité du pouvoir.

Comme toujours, dans pareils cas, la dégénérescence du contrat  de conformisme qui lie le peuple à ses dirigeants peut être attisée. Ainsi, virent le jour des regroupements, tels que la CMAS, le FSD, l’EMK  et autres, qui demandent la démission du Président du pouvoir, puisqu’aucun déni ne vient contester la véracité de la mauvaise gouvernance actuelle, et en conséquence, du mécontentement qui s’accumule au fil du temps.

Mais, cependant, aucune disposition de la constitution ne prévoit une possibilité légale de démission forcée du pouvoir du Président par une partie de la population, même si elle a tendance à gagner une adhésion importante.

En effet, on ne fera pas fi que beaucoup de Maliens, qui sont en déphasage avec les contestateurs, adoube le Président et demeurent dans la logique de le soutenir jusqu’au terme de son deuxième mandat. Ce qui est vrai que ce dernier ne s’est pas imposé de lui-même aux Maliens. Il a été élu, jusqu’à preuve de contraire. Et s’il a obtenu le pouvoir par des voies détournées des lois, c’est aux organes chargés de veiller à la sincérité des scrutins qu’il faut s’en prendre, qui n’ont certes pas jouer leur rôle tel que souhaité par tous. La culture de l’honnêteté leur a manqué comme à beaucoup d’autres responsables qui ne jouent la musique que pour leurs oreilles.

Selon notre arsenal juridique, le Président de la République n’est pas responsable de l’action gouvernementale qui incombe aux Premier Ministre et Ministres. Si c’était le cas, l’on pouvait engager contre lui une motion de censure.

Au demeurant, le droit à la manifestation est protégé par l’article 5 de la constitution, et même d’association et de cortège, car aucun pouvoir ne peut gagner l’unanimité. L’histoire nous enseigne, dans ce cas, qu’aucune manifestation ordinaire et règlementée ne peut conduire au renversement d’un pouvoir si ce n’est par un coup d’Etat de l’armée. Par rapport à cela, l’article 121 ne peut être plus clair : « Le fondement de tout pouvoir en République du Mali réside dans la constitution.

La forme républicaine de l’Etat ne peut être remise en cause. Le peuple a droit à la désobéissance  civile pour la préservation de la forme républicaine de l’Etat.

Tout coup d’Etat ou putsch est un crime imprescriptible contre le peuple malien ».

C’est pourquoi, quand une manifestation dépasse le cadre de la légalité, les services compétents pour la répression se mettent en branle. La stabilité du pays le commande. Imaginez une nation dans laquelle, à chaque fois qu’une partie de la population n’est pas contente, il faut renverser le pouvoir, parce que ceux qui viendront par ces moyens ne sont pas toujours assurés de la caution de tous. Ce serait alors l’éternel recommencement auquel un Etat crédible ne peut se soumettre. Cela fait qu’il n’y a pas mieux que les urnes pour l’alternance politique. C’est dire, enfin, que la mentalité malienne doit redevenir plus honnête pour pouvoir combattre un pouvoir corrodé. Qu’es-ce qui coûte à chaque responsable ou citoyen, à son niveau, de refuser d’exécuter l’ordre du pouvoir lorsqu’il est illégal. La baïonnette intelligente sied en ce moment. Quand le Chef est honnête, il redresse les malhonnêtes de son peuple, et quand il est malhonnête, il incombe aux citoyens de le redresser en ne le suivant pas dans ses errements.

Tout autant il est difficile d’admettre que le Président dissolve l’Assemblée Nationale en vertu de l’article 42 de la constitution qui n’a pas encore fini de s’installer sans revoir toute la chaîne qui a conduit à la situation de révolte de certains Maliens.

La Cour Constitutionnelle est une haute juridiction qui est souveraine dans ses décisions, et n’est pas exempte d’erreurs d’appréciation comme toute autre juridiction. Il faut rapidement revoir les textes qui la régissent quant au mode de désignation de ses membres,  à sa composition et son fonctionnement pour éviter de tomber dans des travers s’il y en a eus.

On regrettera que dans le domaine judiciaire, le Président de la République a la main haute. Il est le président du Conseil Supérieur de la Magistrature qui décide du sort des Magistrats, comme détenant la majorité à l’Assemblée Nationale, il se retrouve avec six sages à la Cour Constitutionnelle par la désignation de ses membres actuellement. Les membres de la Cour Suprême sont également nommés par lui.

Mais tout cela, il est souhaitable que les acteurs de ces hautes fonctions acceptent qu’ils demeurent là pour toute une nation mais pas pour un homme, et qu’ils prennent leurs décisions sous la seule autorité de la loi et de l’intérêt du peuple.

Je me résume, en disant qu’en cas de dissolution de l’Assemblée Nationale, le Président de la République ne peut pas mettre en œuvre des pouvoirs exceptionnels en violation des dispositions de l’article 50 de la constitution qui détermine dans quel cas les mesures exceptionnelles sont prises, sur consultation du Premier Ministre, des Présidents de l’Assemblée Nationale  et du Haut Conseil des collectivités ainsi que de la Cour Constitutionnelle. Il pourra, en l’occurrence, organiser des élections générales vingt et un jours au moins et quarante jours au plus après la dissolution.

Est-ce cela peut être le cas avec la Cour Constitutionnelle qui … «  comprend neuf membres qui portent le titre de Conseillers avec un mandat de sept ans renouvelable une seule fois ». Il n’est prescrit nulle part dans les dispositions constitutionnelles la mise à fin de service avant terme de cette Cour, sauf que l’article 92 de cette constitution dispose : « Qu’en cas de décès ou de démission d’un membre, le nouveau  membre nommé par l’autorité de nomination concernée achève le mandat commencé ». Cela veut dire que si feu Modibo Tounty Guindo avait été nommé par le Conseil Supérieur de la Magistrature, c’est ce même Conseil qui doit nommer son remplaçant.

Il n’est superfétatoire d’affirmer que le respect des lois de la République est un gage de bon fonctionnement de l’Etat, qui gagne ainsi en stabilité.

 

QUE COMPRENDRE DU RASSEMBLEMENT ORGANISE PAR LA CMAS,LE FSD ET EMK?

A l’appel des organisations suscitées, plusieurs partis politiques, associations et de regroupements de la société civile, ont répondu présents au rassemblement qui s’est tenu au Boulevard de l’Indépendance de Bamako, le 05 Juin 2020. Toutes les voies adjacentes à ce Boulevard avaient été prises d’assaut par toutes sortes de couches socio professionnelles, économiques, politiques.
La question qui mérite d’être posée dans pareil cas, c’est qu’est-ce qui motive un tel engouement à braver même la Covid-19 qui fait des ravages pour aller exprimer sur la place publique son mécontentement ? La réponse ne peut être seulement liée au charisme de l’Imam Mahmoud Dicko, même si ce dernier avait été Président du Haut Conseil Islamique et jouit encore de la popularité, voire de notoriété au sein de landerneau musulman, il est adossé à une CMAS qui a pour gouvernail Kaou Djim, et dont il est le porte-étendard. Même si, par ailleurs, il est assuré de l’appui inestimable du Chérif de Nioro, M’Bouillé Hamaoula Haïdara. Le doute n’est pas permis d’affirmer, en effet, que la CMAS est une organisation politico-religieuse depuis sa création. Ses fondateurs ne l’avaient pas nié et ses membres originels se tirent essentiellement parmi les religieux qui la financent. Et il n’y a pas à craindre de dire que la force de l’Imam Dicko réside dans cette organisation qui gagne du terrain dans la sphère politique, au point d’avoir des velléités de concourir aux différents suffrages comme celui des législatives dernières. Certains créditent  son mentor d’avoir des visées pour les présidentielles de 2023. Donc, l’on ne se serait pas trompé de soutenir que la réussite du rassemblement du 05 juin trouve crédit grâce au charisme de Dicko, des bénédictions du Chérif de Nioro et du cartel musulman. D’ailleurs, le Chérif, tout en proclamant sa volonté de rester légaliste, et l’imam Dicko, ne cachent pas leur satisfaction de voir le raccourci du pouvoir du Président de la République, avant termes, si les circonstances le permettaient. Toutes les raisons qui restent à approfondir par rapport aux intérêts et objectifs ont été avancées pour expliquer cette rupture.
 A côté, alors, ont profité le FSD, EMK et autres qui n’ont pas la carrure du succès si éclatant d’un tel événement qui a ébranlé la République jusque dans ses fondements. A eux seuls, ils n’auraient pas pu réunir autant de monde, à se dire la vérité, parce qu’ils portent aussi en eux une crise de crédibilité.
Il faut comprendre aussi et alors, par ricocher et en l’occurrence, qu’à présent, le Mali regorge d’un nombre important de mécontents du régime parmi lesquels comptent tous les frustrés de la mauvaise ou parfois fruste gouvernance, les enseignants, les victimes des dernières élections, qui ont rallié la cause du rassemblement. Trop de récriminations ont été accumulées contre le pouvoir en place que l’on accuse d’autisme si ce ne sont pas ses intérêts propres. Trop d’affaires qui exigent un coup d’accélérateur souffrent de latence par la faute de certains responsables politico-juridico-administratifs.

Il importe enfin, et vu l’urgence, de nettoyer les écuries qui ne sentent pas la population, étant donné que le mali ne peut pas s’offrir le luxe de faire fi de notre constitution par un renversement de pouvoir par la force et de revenir dans l’immédiat sur les résultats des élections proclamés solennellement par la Cour Constitutionnelle, même si celle-ci est contestée, de régler le litige, et cela est dans les cordes du Gouvernement, né de l’application de l’article 39 du statut particulier des enseignants grévistes, et penser à redresser la barre de la gouvernance en revoyant les structures de commandement qui n’y répondent pas valablement ou mal conçues, encourager et aider celles qui nourrissent la volonté de mieux servir le pays.
En conclusion, la porte ouverte au dialogue prôné par la partie gouvernementale et les contestataires laisse entrevoir la possibilité de trouver un terrain de compréhension en prenant des mesures urgentes et adéquates allant dans le sens de l’aspiration du peuple. Pour cela, une réunion autour d’une table pour discuter de ces mesures est recommandable. 
Au moment même où notre article est terminé, nous apprenons que la conférence qui avait été annoncée par la CMAS, le FSD et le EMK s’est bien tenue ce jour 08 juin 2020. Selon les différentes déclarations de ses initiateurs, le mouvement a reçu l’adhésion de plusieurs partis politiques et associations qui sont tous déterminés à en découdre avec le pouvoir. Ainsi le mouvement élargi envisage des actions dans les prochains jours ou semaines en vue de la démission du Président de la République. Pour ce faire, une assemblée générale de tous les adhérents est prévue pour jeudi prochain, le 11 juin, au cours de laquelle la restitution des démarches entreprises dans le but de l’aboutissement de la lutte sera opérée.

SUITE DES ARTS, RELIGIONS ET MYTHES

I-les Hommes du refus:

Parmi les véritables sédentaires actuels, les Maliens se repartissent entre le groupe manding (40% de la population), le groupe soudanais (20%) et le groupe voltaïque (12%). Le premier comprend les Bambara qui forment la plus importante (environ 32%) des minorités nationales, les Malinké et les Dioula. Le second groupe rassemble les Sarakollé, les Songhoï et les Dogon. Dans le troisième, enfin, se retrouvent les Senoufo-Minianka et les Bobo. A ces grands groupes, il faut ajouter d’autres minorités souvent considérées comme des sous-groupes : Ouassoulonké, Diawara, Khassonké et Toucouleur.
Les Bambara occupent la région de Ségou –où ils ont fondé un puissant royaume au XVIIè siècle —, le Bénédougou (au nord de Bamako), le Kaarta (à l’ouest et au nord de Bamako) et tout le sud de la capitale. En réalité, ils ont essaimé un peu partout, se mélangeant avec les autres ethnies, aidés qu’ils étaient par une langue devenue langue véhiculaire de fait.. C’est peut-être aussi leur revanche sur l’histoire.
Hormis les royaumes —musclés mais éphémères— de Ségou et de Kaarta, les Bambara n’ont pas, en effet, fondé d’empire. Réfractaires à toute autorité— à toute idéologie, pourrait-on dire—, ils sont « ceux qui refusent un maître » (Ban-Mâna, que les colonisateurs prononcèrent « Bambara »). Selon une autre thèse, le mot viendrait de bamba (crocodile). Mais d’après l’interprétation la plus répandue, les Bambara seraient réellement  des « hommes du refus », ayant, au cours de leur histoire, refusé aussi bien les empereurs que les prophètes. La preuve en est que, même lorsqu’ils organisèrent le royaume de Ségou, ils appliquèrent une règle démocratique pour le moins originale : on remplaçait régulièrement le roi… en l’assassinant. A preuve également leur opiniâtre résistance à l’islamisation menée à la pointe de l’épée au XIXè siècle par El Hadj Oumar  ; et à présent encore, les Bambara comptent parmi les Maliens musulmans les moins rigoristes —quand ils ne sont pas tout simplement restés animistes, malgré la persistance de l’islam venant de Tombouctou, en plus.
II-Religions et mythes
Pour le Mali, Tombouctou a été la porte d’entrée principale de l’islam. Tombouctou devait accueillir  au cours des années quatre-vingt les cérémonies célébrant, pour les musulmans du monde entier, le début du XVè siècle de l’hégire (ère musulmane commençant en l’an 622 de l’ère chrétienne. L’islam voulait ainsi rendre  hommage à cette ville millénaire qui fut, voici quelque sept cents ans , l’une de ses métropoles culturelles. Hommage également au Mali, dont l’histoire a déterminé depuis le VIIIè siècle de l’ère chrétienne, l’islamisation de l’Afrique noire.
Ce fut un islamisme adapté. Ainsi, les grands noms de l’histoire malienne appartiennent aussi en effet  à l’histoire de l’Afrique musulmane. C’est au nom de l’islam que les Almoravides détruisirent  en 1076  l’empire du Ghana. C’est son fastueux pèlerinage à la Mecque en 1325 qui fit connaître au monde l’empereur kankan Moussa du Mali (ou Mandé) ; accompagné par soixante mille porteurs, dont cinq cents esclaves portant chacun un bâton d’or pesant deux kilos et demi, il éblouit le Caire en offrant au Sultan cinquante mille dinars et la Mecque en distribuant vingt mille pièces d’or aux pauvres. Plus près de nous, au XIXè siècle, c’est toujours au nom de l’islam que se sont créés, combattus et disloqués les derniers royaumes : l’Etat théocratique des Peul du Macina et l’empire musulman qu’El Hadj Oumar voulut bâtir en proclamant la djihad contre les infidèles et les incroyants. C’est du reste El Hadj Oumar  qui est le père de la confrérie des Tidjiani d’Afrique de l’Ouest et, aujourd’hui encore, les fidèles venus de partout font le pèlerinage  de Deguimbere, près de Bandiagara, où l’ « émir de tous les croyants » disparut mystérieusement en 1864.
De cette longue et riche tradition religieuse, le Mali a gardé l’empreinte. Pas un village qui n’ait sa mosquée, que ce soit, dans la savane sahélienne, une modeste construction en banco juste décorée d’un œuf d’autruche perché en haut de sa tour, ou à Djenné, un majestueux édifice, chef-d’œuvre de l’architecture soudanaise, chanté par tous les chroniqueurs  arabes du Moyen Âge, avant d’éblouir les voyageurs européens du siècle passé. Partout, dans chaque village,  dans chaque quartier de chaque ville, les marabouts enseignent toujours à leurs talibés(jeunes disciples faisant à l’occasion office de serviteurs) les préceptes et les versets du Coran.
Curieusement, cependant, il n’existe pas au Mali de confréries religieuses rigoristes, comme au Sénégal. Hormis une infime minorité de Wahabites, les musulmans maliens (environ 80% de la population) sont fort loin d’être intégristes. Bien sûr, dans les écoles coraniques on apprend toujours par cœur les versets du Coran, on s’initie toujours à la philosophie et à la morale religieuse. Bien sûr, dès l’âge de sept ans, les talibés font toujours, par la mendicité, l’apprentissage de la vie, voyageant de ville en ville à la découverte du monde. Mais le Mali est très éloigné du prosélytisme qui animait les chefs guerriers d’antan. Car l’islam malien est resté fortement  teinté de l’animisme de toujours. Les Bambara, en particulier, continuent de pratiquer leur religion ancestrale, à laquelle ils ont en quelque sorte adapté l’islam.
Dieu est toujours Maa, tout au plus est-il devenu Maa N’Gallah parmi les musulmans. Car l’islam s’est facilement acclimaté grâce au monothéisme qui caractérise la civilisation de tous les groupes ethniques. Créateur et maître de l’univers, Dieu est unique pour tous les Maliens. Il s’appelle Irké chez les Songhoï, pour qui il est inaccessible autrement que par l’intermédiaire des esprits et des divinités secondaires. Il est Koulouikière chez les Senoufo ; mais après avoir créé l’univers, « il a fini son travail », et se repose laissant agir les esprits et les génies. Il a nom Amma ou Ammo dans la cosmogonie des Dogon, et gère le monde par la complémentarité et l’antagonisme permanent du fluide mâle et du fluide femelle qui émanent de lui.
Au dessous de cet Ëtre suprême  et absolu règnent les divinités secondaires, les esprits et les génies, qui protègent ou sanctionnent les hommes. Dans certaines régions du Mali, l’animisme est même total. Tout être, animal, végétal, minéral, est doté d’une âme. Car l’univers est formé de deux mondes, parallèles mais étroitement imbriqués dans le quotidien : le visible et l’invisible. Très couramment, à des époques précises correspondant au début d’une activité économique collective (labour ou pêche), ou à l’occasion de certaines circonstances, exceptionnelles ou non  (sécheresse ou départ en voyage), des cérémonies rituelles se déroulent encore dans la plupart des régions. On s’adresse aux esprits pour obtenir leur protection ou pour éloigner les maléfices, on consacre régulièrement les fétiches collectifs et les gris-gris individuels et familiaux.
L’islam n’a donc pas tué l’animisme. Les Touareg, musulmans dans leur totalité, comptent parmi les Maliens les plus pieux, mais ils ne se séparent jamais de leurs porte-fétiches. Mieux, certains sites, censés être sacrés aux yeux de tout musulman, n’en font pas moins l’objets  de rites animistes. Par exemple, la case sacrée et secrète de Kangaba, qui recélerait des objets saints rapportés de la Mecque, rassemble tous les sept ans les griots du Mandé venus pour la nettoyer ; au jour dit, après les incantations magiques, le toit de la case, affirme-t-on, se soulève tout seul  pour se déposer sur le sol et se laisser nettoyer suivant des rites  qui n’ont rien de commun avec la liturgie coranique. Et à la fin de ce toilettage, avec toujours les mêmes incantations, il remontait pour se fixer à sa place.
Ce mélange, somme toute harmonieux, d’islamisme et d’animisme a engendré un syncrétisme de fait dans la région de Gao, où les Songhoï, largement islamisés depuis mille ans, redécouvrent les  holé. Il s’agit de divinités secondaires de la cosmogonie traditionnelle qui assurent la liaison quotidienne entre les hommes et Dieu. Ils peuvent s’emparer d’un double de l’être humain qu’ils transforment en esclave, appelé holé-tam, et à travers lequel ils s’expriment, parlent et prédisent l’avenir. S’ensuivent alors des rites particuliers, où la danse et la parole inspirées (c’est-à-dire effectuées) par le holé servent à imiter le « possédé »à la magie.
Les Songhoï se souviennent  du reste que leur premier empereur, Sonni Ali Ber (1464-1492), était dâli, ou grand maître de la géomancie et de la divination. Les chroniqueurs  arabes ont transmis une image peu musulmane de ce terrible conquérant qui, semble-t-il, marmonnait toutes ses prières de la journée en une seule fois. Après quoi, il s’adressait à elles comme à des personnes, leur disant : « Maintenant, répartissez-vous tout cela entre vous, puisque vous vous connaissez bien les unes les autres… ». image peu pieuse en vérité, mais sans doute transmise dans un esprit de vengeance par les ulemas de Tombouctou, Sonni Ali Ber dut quelque peu malmener pour haute trahison.
Nous livrerons cette partie mystique et traditionnelle à l’article suivant,inchallah.
  

ACCORD DE OUAGA (2013)

 L’accord de Ouaga a été signé le 18 juin 2013 entre le
Gouvernement du Mali et les groupes armés du Nord,sous l’égide de la Communauté
internationale.
Cet accord prévoyait la reconnaissance de tous les signataires de l’intégrité
territoriale du Mali,son unicité et sa forme laïque. Ceci est conforme au préambule de la
constitution malienne du 25 février 1992 qui en son deuxième tiré dispose : …s’engage
solennellement à défendre la forme républicaine et la laïcité de l’Etat,et à son troisième tiré :
“réaffirme sa détermination à maintenir et à consolider l’unité nationale “et en ses articles 25 et
suivants,il est réaffirmé le caractère indivisible du Mali,les articles 114,115 et 116 prônent que
…”ceux qui (les traités) comportent cession,échange ou adjonction de territoire,ne peuvent
être approuvés ou ratifiés qu’en vertu de la loi. …Nulle cession,nul échange,nulle adjonction de
territoire n’est valable sans le consentement du peuple”.C’est le Président de la République qui
négocie et ratifie les traités,à l’exception donc de ceux mentionnés dans les articles suscités qui
imposent des formes. Entre le Mali et un autre Etat,la République du Mali peut conclure des
accords d’association ou de communauté comprenant abandon partiel ou total de souveraineté
en vue de réaliser l’unité africaine (art.117). Quant à la révision de la constitution,l’initiative
appartient concurremment au Président de la République et aux Députés. Le projet doit être voté
par l’Assemblée Nationale à la majorité des deux tiers de ses membres, et sa révision n’est
définitive qu’après avoir été approuvée par référendum.. “Aucune procédure de révision ne peut
être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire. La forme
républicaine et la laïcité de l’Etat ainsi que le multipartisme ne peuvent faire l’objet de révision”.
(art.118).
Ainsi la constitution malienne boucle ce débat qui ne donne aucune chance à une
remise en cause de la forme actuelle de l’Etat,en prenant en compte l’expression en masse du
peuple à laquelle l’on assiste actuellement.
Ligne de Force : Pourparlers d’Alger : Le 24 juin 2014,une
feuille de route a été consentie entre les protagonistes qui ont convenu au respect de l’accord de
Ouaga, sauf à lui trouver un contenu acceptable par tous. Cette feuille de route prévoyait la mise
en place à la deuxième phase des négociations ayant débuté le premier septembre quatre groupes
thématiques (voir:Négociations d’Alger : La Feuille de route de la scission du ….).
Donc au regard,de ce consensus commun,les négociateurs étaient amenés à croire
que les pourparlers connaîtront un dénouement heureux et rapide. Mais à la surprise générale,le
MNLA à l’ouverture de la phase II a remis à table des velléités de fédéralisme supposées prise
en compte dans les précédentes signatures d’accord,d’où la question de savoir la valeur juridique
de l’accord de Ouaga et de la feuille de route.
Pour tout juriste,et sous tous les cieux,les conventions librement signées entre parties
ont force de loi. L’article 77 du code des obligations du mali et plusieurs textes internationaux sont assez éloquents sur ce sujet. Je
vois mal la Communauté internationale se prêter à un jeu de ping-pong, faisant et défaisant des
conventions au gré du vent ,encore moins l’Etat malien qui n’y a pas intérêt.
C’est dire que l’Accord d’Alger nous a ramené de loin en arrière, même s’il prévoit que les dispositions non contraires de l’Accord de Ouaga s’appliquent.

QUELLE SOLUTION?

      
Ces derniers temps, de plus en plus de Maliens demandent le départ du Président de la République avant la fin de son second mandat de cinq (5) ans qui est à sa deuxième année. A cet effet, ceux-ci ne manquent pas d’arguments : les maux qui ont toujours miné la gouvernance de l’ère démocratique : népotisme, favoritisme, l’accaparement de tous les maillons forts de l’Etat au profit exclusif, dit-on, d’une minorité proche du pouvoir, les problèmes sécuritaires dont la gestion opaque ne convient pas à l’entendement de la majorité, et surtout, les problèmes sociaux. Le Mali s’enlise en faveur de l’opinion qui soutient, enfin, et mordicus, que la vision de conduite erronée des affaires se raffermit chaque jour, de telle sorte que l’effondrement du pays n’est plus à exclure, si des solutions idoines ne sont pas trouvées.
La question : est-ce la solution ?
Le départ prématuré du Président de la République résoudra-t-il pour autant les problèmes que les Maliens vivent ? En se plaçant du côté de la légalité, la réponse est tout trouvée, renverser un pouvoir en dehors des urnes crée un précédent qui ne peut demeurer pérenne. En d’autres termes, le cas échéant, des divisions peuvent naître entre Maliens qui ne vont pas favoriser l’exercice du pouvoir, à l’instar de tous les coups de force appréciés diversement par la population. Les cas vécus sont là pour édifier.
Pour autant, il n’est pas question de cautionner l’autisme du pouvoir qui affiche le mépris de l’opinion malienne qui n’approuve pas la résolution de tous les scandales –et Dieu seul sait qu’il y’en a eu – de tous les problèmes sociaux et sécuritaires qui ont été crées par une mauvaise gouvernance. L’on ne peut pas disconvenir qu’en vedette le problème scolaire lié à l’application de l’article 39 de la loi portant statut particulier de l’enseignement secondaire, fondamental et préscolaire a été malmené au point de conduire à la radicalisation des positions des protagonistes. Aussi, à cet instant, il incombe au Gouvernement de réunir tous les acteurs sociaux, l’UNTM, dont le Président, est étiqueté d’être un homme courtois, ouvert au dialogue, et autres syndicats, au tour d’une seule et même table afin de dégager un consensus allant dans l’amélioration des conditions de tous les travailleurs. Tout en acceptant, dans la mesure du possible, dans l’immédiat, l’application de l’article dont question, le Gouvernement peut, profiter pour harmoniser, par la suite, toutes les grilles salariales, en tenant compte des spécificités de chaque corps. Ce sacrifice ne serait pas de trop d’autant plus qu’il aura l’avantage de mettre fin à la situation actuelle de l’enseignement, même s’il faut procéder à des coupes budgétaires drastiques dans certains services qui n’en bénéficient que de trop.
C’est ainsi qu’on en vient à ce constat, à propos de la mauvaise gouvernance, de savoir à qui il faut s’en prendre ? Le Mali n’est pas une propriété privée, pour qu’un homme ou un groupe d’hommes en dispose comme il entend. Si chaque citoyen cultivait une certaine conscience de bien faire, si chaque responsable, à son niveau de responsabilité, se conformait à la volonté de la loi au lieu de celle d’un homme, nous pouvions sortir de l’ornière. De mauvais responsables, et cela a tendance à se généraliser, ne rendent pas réellement service au pouvoir, ni au peuple, en suivant des sentiers battus et expiatoires, en s’acoquinant dans des projets dont ils se partagent les bénéfices. Actuellement, une mentalité inadmissible s’est instaurée avec la pensée que la promotion est synonyme du profit, de l’enrichissement, même éhonté du bénéficiaire, au point de se demander quel cadre mérite la confiance. Il en existe, mais ils sont rares. C’est tout autant inconcevable qu’à l’heure des éveils de conscience partout dans le monde, des Maliens acceptent des bourrages d’urnes, des achats de voix au vote, couronnés par de mauvaises décisions, faussant les résultats des scrutins. Barack Obama, l’ex-Président américain, n’a pas eu tort d’affirmer que l’Afrique a plutôt besoin d’institutions fortes que d’hommes forts, car ce sont elles qui peuvent jouer valablement les contre-pouvoirs.
Ce qui est sûr, le Président IBK a déjà accompli un mandat, qui n’est pas sombre à tous les points de vue,  et a entamé un second dont il lui reste trois (3) ans et quelques mois. Etant donné que par les dispositions de la constitution malienne, le mandat présidentiel est renouvelable une seule fois, il vaut mieux attendre la fin de celui qui est en cours, et mettre légitimement par les voies autorisées un homme qui pourra donner satisfaction au peuple malien. Pour cela, il faut œuvrer à ce que la mentalité des Maliens évolue quant aux choix des responsables qui seront amenés à diriger le pays. Ainsi, mettre de côté le sentimentalisme destructeur, les considérations partisanes et subjectives au détriment de l’intérêt général. Sinon, en raison des réalités du moment, la remise forcée de l’ordre constitutionnel, peut empirer la situation, s’il n’existe aucune maîtrise de l’avenir immédiat qui peut renfermer beaucoup de non-dits.     

ASSEMBLEE NATIONALE: DUPERIE POLITIQUE

La réalité politique du Mali offre deux tendances seulement : la majorité et l’opposition. Mais, dans le contexte malien, l’opposition, qui semble être une nouvelle expérience, n’a pas la posture aisée due à plusieurs facteurs : facteur historique, facteur de gouvernance, facteur d’intérêts des acteurs politiques et facteur de compréhension de la démocratie par la majorité des Maliens.
I-                    FACTEUR HISTORIQUE :
A-Avant les indépendances :
Dans l’histoire politique du Mali, avant les indépendances, toute idéologie différente du colonisateur était perçue comme une désobéissance arrogante contre l’ordre établi par lui et était mâtée dans le sang. L’US-RDA et le PSP, les plus connus comme partis à l’époque, n’avaient d’impact profond sur les sociétés en dehors de leur canalisation, encadrement et les intérêts d’exploitation du maître. Ils ne véhiculaient pas réellement une culture démocratique sociale. Leurs objectifs étaient mal appréhendés par le plus grand nombre, sauf que l’US-RDA était favorable au colon et le PSP en était contre, si bien que ce dernier était étouffé et manquait énormément de moyens de son expression. Cette inégalité a continué jusqu’aux indépendances avec son corollaire d’arrestations, de brimades quotidiennes des partisans de celui-ci. 
B-Après les indépendances :
A la suite des échecs des fédérations africaines, le Premier Président du Mali, Modibo Keïta, avait opté pour le socialisme. Alors, dans la constitution, le multipartisme était théoriquement admis, mais dans les faits, c’est l’option de parti unique qui était appliquée. Ce que l’on a appelé le pouvoir de parti unique de fait.
A la suite de Modibo, renversé par un coup d’Etat le 19  novembre 1968, alors qu’il était à sa huitième année de pouvoir, c’est une junte militaire qui a pris les reines du pays. Ce pouvoir incarné par le CMLN et ensuite l’UDPM avait aboli la constitution de la première République et a pondu une nouvelle constitution qui ne laissait aucune place pour le multipartisme. L’on a appelé cet état également le pouvoir de parti unique constitutionnel. C’est cette dictature, qui s’était établie,  qui a conduit aux soulèvements populaires de mars 1991, l’année à laquelle une autre junte militaire a parachevé l’œuvre populaire.
B-L’ère démocratique :
L’ère démocratique qui portait tous les espoirs de changement n’a pas rempli, sinon à moitié, des attentes des Maliens, si bien que certains regrettent les pouvoirs précédents, qui avaient, au moins plus d’autorité, et n’admettaient pas toute la mauvaise gouvernance qui s’en est suivie, et l’honneur était sauf.
II-                  Facteur de gouvernance :
Sans entrer dans les détails de la récupération du mouvement démocratique, l’évidence nous montre que ceux en qui le peuple a fait totalement confiance jusqu’ici ont trahi pour s’accaparer de tous les segments de profits que le pays offre. Ils ont instauré une autre dictature qui consiste à écarter tous ceux qui ne partagent pas leur vision de la conduite des affaires. D’ailleurs, à tous les postes clef de l’administration, ils ont placé des parents, des amis et camarades, ou tous ceux qui acceptent de partager les meilleurs profits avec eux. Leur loi du plus fort se résume à dire que quand tu n’es pas avec moi, donc tu es mon ennemi, alors tu es suivi, persécuté, et tu n’as droit à aucun privilège. Ainsi, avec l’ère démocratique, chaque prince du jour est venu avec ses opérateurs économiques, ses fonctionnaires et affidés qui bénéficient de tous les marchés juteux. Ceux qui ne sont pas dans ce canevas peuvent se ronger les freins, il n’y a rien à regretter. Parler ainsi du mérite devient une vue de l’œil.
III-Facteurs d’intérêts des acteurs politiques :
Quand l’essentiel du jeu démocratique est dominé par une minorité qui a compris que pour accéder à tous les privilèges il faut nécessairement faire de la politique, il faut craindre pour les populations. Puisqu’en ce moment, au lieu de mener le combat pour l’amélioration des conditions de celles-ci, c’est plutôt la course à mieux se servir qui est mise en avant. Le politicien malien joue plus pour ses intérêts que ceux de ses électeurs. Le spectacle le plus ensoleillé demeure le manque d’idéal politique, de conviction, de foi, de vision, qui fait que l’adhérence à un parti se satisfait toujours de calculs, si bien qu’en pleine mandature des Députés acceptent de trahir leur base. C’est ce que bon nombre de Maliens appellent « la mangecratie partagée », qu’il ne faut aucunement rater lorsque l’occasion se présente.
Aujourd’hui, malin sera celui qui me dira avec certitude qui est dans l’opposition et qui ne l’est pas. Les dernières élections législatives en sont une illustration parfaite de la duperie politique qui, alors qu’elle crie au crime, vient sans vergogne s’allier avec le criminel. Il est évident que sans ces alliances dites de contre nature certains candidats n’avaient aucune chance d’être élus ou réélus.
Par conséquent, l’on n’est pas étonné de ce qui vient de se passer  pour l’élection du Président de l’Assemblée Nationale, pourtant apprécié, et la composition des groupes parlementaires. Le Président de l’Assemblée, Moussa Timbiné, est un rassembleur de nature, c’est pourquoi il était souhaitable qu’il soit élu à ce perchoir sans le vote favorable de l’opposition. Avec la composition des groupes parlementaires, c’est la pensée unique qui est en train de faire ses beaux jours, à cause parfois de querelles de clocher, de personne. Cela annihile tous les sacrifices consentis pour l’ouverture démocratique.
Pour la constitution des groupes parlementaires, les Députés avaient donc le choix à faire entre la majorité et l’opposition. Pour ce faire, de tradition, un groupe parlementaire doit être un regroupement des députés ayant les mêmes tendances et partageant les affinités, opinions ou objectifs politiques.
Tout groupe parlementaire comprend au moins dix (10) députés. Aucun député ne peut faire partie de plus d’un groupe parlementaire. Mais un député peut également être non inscrit. Le groupe parlementaire sert de cadre d’échanges et de concertation aux élus des différents partis politiques pour faire valoir leurs idéaux et se caractérise par une certaine discipline de vote. Un député qui n’appartient à aucun groupe peut s’apparenter à un groupe de son choix, avec l’agrément de ce groupe. Un député qui n’appartient ou ne s’apparente à aucun groupe est dit non inscrit. C’est le cas, dit-on, du député Moussa Mara.
Dans la posture qui est la tienne, est-ce à dire que son vote porte peu d’impact sur les décisions ?
 C’est le lieu de constater que le groupe parlementaire affilié à la majorité parlementaire se déclare d’emblée favorable aux idéaux, aux prises de décisions  de celle-ci, même si rien n’empêche que, jouant honnêtement pour l’intérêt général, des divergences arrivent parfois. C’est dire qu’aucun texte n’interdit à un député d’un groupe parlementaire majoritaire de voter en faveur de la position prise par l’opposition s’il pense que c’est plus juste. Dans la configuration actuelle de la Représentation nationale, qui manque de lisibilité, c’est ce qui se dessine, tant cette majorité est disparate et n’offre aucune homogénéité dans son essence.
A la longue, il est même prévisible que des défections interviennent dans ses groupes parlementaires, comme c’est l’habitude dans cette Assemblée nationale, lorsque les intérêts ne concordent plus. Ne dit-on pas qu’il vaut mieux le diapason que le diable ? Puisque dans l’essentiel c’est l’intérêt qui guide, que faire dans un groupe qui n’offre aucun profit, pour longtemps ? Pour un député malien c’est sans gêne de claquer la porte à la moindre incartade de son propre parti pour rejoindre le parti qu’il critiquait, vilipendait récemment, lorsque ses intérêts le commandent.
Dans cette Assemblée sans visage pour le moment, à part le choix de son Président, le conseil de La Fontaine sied « La patience et longueur de temps ne font que force ni que rage ». En effet, il n’existe pas de vérité que le temps ne révélera pas.
III-                Facteurs de compréhension de la démocratie par la majorité des Maliens :
A part les quelques avisés, le Mali profond ignore la culture de l’opposition telle qu’elle est conçue par les démocraties modernes. L’accession d’un homme à cette haute charge a été toujours considérée comme une prédestination, un don céleste pour bon nombre de Maliens. A chance égale, le plus veinard de Dieu perce quoi qu’on fasse ou dise. Les qualités de l’homme se noient dans cette conception de la vie qui veut que le chef s’arroge de tous les droits, le temps de reine que le Tout Puissant lui a accordé. Toute autre vision est assimilable à du « Hassidiya ».
Ainsi, la nouvelle expérience qui se trouve être la démocratie n’est pas encore éloignée du biberon. Elle mettra du temps à trouver son chemin si on prend en compte tout  ce qui a été affirmé plus haut. Jusqu’ici c’est la peur au ventre que les Maliens expriment, à leur risque et péril, leurs opinions, leurs pensées de la vie publique.
Par ailleurs, en raison de la gouvernance à géométrie variable, beaucoup de Maliens se convainquent que pour bénéficier des avantages du pouvoir il faut être de son bord impérativement. Dans ce cas, l’opposition se représente comme un trouble-fête.
Mais, enfin, l’on ne peut s’empêcher de hausser le cri pour soutenir qu’aucune démocratie n’existe si elle n’est pas sous-tendue par une opposition crédible, à moins qu’on retourne à nos arrières, qui ne sont pas, pour autant, dénuer de valeurs à tous les égards.
Pour conclure, dans l’architecture actuelle d’un pouvoir démocratique, comme il doit y avoir une affirmation claire des trois pouvoirs, l’exécutif, le législatif et le judiciaire, il faut le multipartisme, au sein duquel compte l’opposition. C’est ainsi dire qu’aucun orchestre agréable ne joue à corde unique.

LA PERCEPTION MALIENNE DU COVID-19

La pandémie de covid-19 est une pandémie d’une maladie infectueuse émergente, appelée la maladie à coronavirus 2019 (covid-19), provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2. Elle apparaît le 17 novembre 2019 dans la province de HUBEI (en Chine centrale), et plus précisément dans la ville de Vuhan.
Le mot Covid-19 désigne la pathologie, la maladie provoquée par le coronavirus responsable d’une pandémie au début de l’année 2020.
De la même façon qu’en 2003 un coronavirus avait entraîné une épidémie de SRAS (acronyme de syndrome respiratoire aigu sévère), celui de 2020 est à l’origine d’une pandémie de Covid-19, ou par abréviation, de Covid.
Par raccourci, le mot Covid-19 est utilisé parfois pour désigner le virus lui-même.
D’où vient ce mot ?
Le mot Covid-19 est apparu le 11 février 2020, lorsque l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a donné un nom à la pathologie par le virus connu jusque-là sous le nom technique de 2019-nCov, et d’abord appelé coronavirus de Vuhan. Ce renommage a pour but d’éviter de stigmatiser la région qui était le premier foyer connu de cette pandémie.
Covid-19 est formé à partir des syllabes co et vi empruntées au mot coronavirus, et de l’initiale du mot anglais disease, qui signifie « maladie, pathologie ». Le nombre 19 correspond à l’année d’apparition du virus chez l’être humain : 2019.
Masculin ou féminin ?
Quand le mot a été forgé par l’OMS, celle-ci n’a donné aucune indication sur son genre et spontanément, en le reprenant, les francophones l’ont utilisé au masculin : le Covid-19. Début mars 2020, cependant, l’OMS a commencé à employer ce terme au féminin. L’information a d’abord été reprise par les médias québécois, qui ont incité à dire la Covid-19, en ajoutant que le mot anglais disease se traduisait en français par le nom féminin maladie.
Mi-mars, des médias français ont à leur tour commencé à employer Covid-19 au féminin. Début mai, l’Académie française a recommandé à son tour d’utiliser le mot au féminin. Il est trop tôt pour dire si cet usage sera repris à grande échelle ou si les deux genres vont coexister.
Ainsi, le décor campé sur l’origine et la terminologie de la Covid-19, nous noterons que le premier cas en Afrique a été enregistré le 25 février 2020 en Algérie du fait d’un ressortissant italien arrivé dans le pays le 17 février, et au Mali, qui nous intéresse principalement, plus tard le 25 mars, par deux ressortissants maliens rentrés de France mi-mars. Depuis lors , le Mali assiste impuissant à sa flambée fulgurante au point de craindre le ravissement de la vedette à d’autres pays qui ont connu la maladie bien avant.  Donc la situation au 25 mai se présente ainsi :
Sur 153 échantillons testés, les services de santé ont enregistré 29 nouveaux cas de covid-19, sept patients guéris, deux décès.
La situation cumulée est de:
-1059 cas positifs,
-67 décès dont 25 survenus en dehors des centres de prise en charge,
-604 guéris,
-1949 personnes-contact font l’objet de suivi quotidien.
Cela nous amène à dire, mis à part les personnes-contact, en traitement à ce jour se trouvent 671 patients.
Mais malgré, les Maliens sont divisés quant à la véracité de la maladie, relevant de ses symptômes qui sont des habitudes révélées de manière courante, découlant d’autres maladies surtout liées à la vieillesse.
Il y en a qui pensent que, même si elle existe, elle ne peut pas prospérer compte tenu du climat à degré très élevé dans le pays ; que c’est une maladie propre aux pays à forte densité de froid.
D’autres, qui ne se donnent pas la peine de penser loin, en déduisent qu’elle provient d’un fait de Dieu, qui nous punit de nos insultes par nos comportements à son égard ; qu’Il est seul détenteur du pouvoir d’y mettre fin. De toute façon, selon ceux-ci, la société malienne ne peut admettre l’individualisme poussé qu’elle crée ; que la vie de solidarité fondée sur des valeurs de partage ne peut s’accommoder de distanciation telle qu’il est demandé à travers les médias. Cela peut constituer un mépris pour le vis-à-vis qui pense que l’on ne peut l’admettre entre époux, entre père et fils, entre mère et ses enfants, entre parents et amis, voisins, entre Maliens tout court. Entre Maliens, le contact ceint davantage le sang.
En d’autres termes, la couche la plus importante des Maliens vivent en dessous du seuil de la pauvreté admise, et cherche quotidiennement la pitance dans les marchés par des activités dont les capitaux sont pratiquement inexistants ; elle vit du jour au jour. Cela est valable dans tous les domaines d’activités, presque. Et l’Etat, qui a fini de couper la queue du diable, à bout du souffle, à cause de ses moyens limités, ne possède aucun palliatif, sauf aide importante de ses partenaires.
L’on l’ignore peut-être, mais au Mali, les tradi-thérapeutes sont constamment consultés actuellement par rapport à cette maladie du coronavirus, et prodiguent des médicaments, en grande partie, efficaces.
Enfin, les religieux, tournés exclusivement vers Dieu, et qui pensent que tout ce qui leur arrive provient de Lui, s’en remettent à Sa Sagesse pour condamner la fermeture des mosquées, où il est dit que les musulmans, au moment de la prière, ne doivent pas laisser un espace entre eux par lequel le diable peut entrer. Ce qu’aussi on ignore, la subsistance de beaucoup de nos frères maliens est liée aux mosquées, qui sont pourvoyeuses d’emplois. A ce niveau également, fermer les mosquées sans une solution de rechange conduirait à un autre malheur.
Pour tout dire, le Gouvernement n’a pas tort de s’agripper, dans ce contexte, à l’alternative du port des masques qui, à défaut d’empêcher la propagation de la maladie, pourra la limiter considérablement. C’est ce qu’il a recommandé vivement lors des dernières législatives devenues impérieuses.

Par ailleurs, étant donné de la position de retrait dont on a bénéficié par rapport au déclenchement de la maladie, des dispositions ont pu être prises pour prévenir beaucoup de ses méfaits, des mesures testables ailleurs ont pu être appliquées favorablement. Des expertises avérées fondées sur des données actualisées au fur et à mesure des recherches se sont mises immédiatement en place au bénéfice de la médecine et du peuple. L’espoir est permis, à présent, que le vaccin contre le virus sera trouvé dans les meilleurs délais, et qu’à défaut de l’immédiat, ses dégâts ne continueront pas comme ses débuts violents et ravageurs. Cela se constate sur les derniers bilans. Ainsi, toutes les possibilités ne sont pas à exclure, comme celle de la découverte du covid organics malgache, dont les bienfaits ne sont pas démentis, même si l’OMS lui reproche son manque de certification scientifique. Ce qui ne peut effacer son efficacité dès lors que son traitement est curatif. Il convient, alors de lui apporter tout le soutien nécessaire en emboîtant les pas qu’il a tracés.

LA SUITE DES ARTS DU MALI

LA SUITE DES ARTS DU MALI
Les « griots de l’écrit » ont perdu cet autre art qui distinguent les Belen-tigui traditionnalistes : la musique. Dans tout le pays manding – le Bélédougou – les griots continuent seuls de maîtriser la musique sacrée. Car ils ne sont pas seulement dépositaires de l’histoire, ils ont aussi la charge de perpétuer une tradition musicale. Mieux, ils se transmettent des instruments sacrés ayant appartenu à des personnages célèbres. Ainsi, au cours des années soixante-dix, la mort faillit provoquer un conflit entre le mali et la Guinée. Conservateurs attitrés du balafon sacré du roi-magicien Soumangourou Kanté – qui vivait au XIIIè siècle – les griots du Mandé (maliens et Guinéens)  s’étaient entendus pour veiller dessus à tour de rôle. A la mort du dernier conservateur, un Guinéen, les Maliens voulurent récupérer l’instrument. Devant le refus de leurs confrères, ils en appelèrent à l’histoire et aux gouvernements. Seule une entente entre les autorités politiques  put calmer les griots antagonistes.
L’instrument favori du griot est la kora, une harpe comportant  de vingt et une  à vingt-six cordes. En fait, chaque groupe musical  malien dispose aujourd’hui de sa kora et de son balafon, le xylophone africain. Mais le balafon n’est pas identique dans toutes les régions : le nombre de gourdes et de planchettes varie de Sikasso à Kangaba, et les tonalités diffèrent selon les chants et folklores particuliers.
Dans le Nord malien, la flûte remplace chez les Touareg la kora des gens du Sud ; sous l’influence arabe, la mélodie, pentatonique, y est plus lancinante. Dans le Sud, en revanche, le rythme est plus vif, plus répétitif, ponctué d’exclamations et de battements de mains. L’introduction récente d’instruments chromatiques  a quelque peu ordonné la polyphonie chez les Malinké et surtout les Bambara de Ségou, où se produit avec maestria  le plus célèbre des ensembles musicaux régionaux. Mais s’il est fait appel aujourd’hui au synthétiseur et même à la kora à clef, l’inspiration de la musique malienne n’en vient pas moins de la sagesse des anciens éclairant le passé comme le présent.
Avec un caractère beaucoup plus religieux, la même inspiration domine la sculpture malienne, caractérisée par une profusion de masques rituels et de statuettes représentant les personnages de tout le panthéon. Le pays dogon est à ce titre un véritable musée vivant, dont les objets ont fini par envahir tous les marchés artisanaux du Mali. Mais l’art ne s’est pas vulgarisé en devenant simple artisanat. Le visage fermé de l’hermaphrodite dogon – barbu mais doté de seins – taillé dans le bois ou grès incarne à lui seul tout le mystère de ce peuple secret. Les masques velus, systématiquement surmontés  du symbole de l’homme aux bras levés, pèsent parfois jusqu’à dix kilos. Ce même gigantisme se retrouve chez les Bambara de Ségou, où la représentation de la déesse de la pluie  exige parfois la fabrication  d’un masque haut de deux mètres.
Les masques bambara ont une forme sévère et des arêtes vives ; les statuettes, le corps mince, les seins globuleux et le nez  anguleux. Le plus célèbre des objets d’art bambara, le tyi-wara, représente une antilope mythique – envoyée sur terre pour enseigner aux hommes la culture du blé – au corps long et mince, aux cornes et aux oreilles recourbées vers l’arrière. Emblème des Bambara, le tyi-wara leur assure fécondité et force ; lors des cérémonies en son honneur, les hommes  dansent en le portant juché sur leur tête.
Car cet art sculptural participe encore de la tradition religieuse. Masques et statues traduisent  la magie et la science des anciens. Si, dans certains rites, ils sont destinés à faire peur, généralement en pays bambara, dogon ou manianka, ils servent en tant que fétiches à assurer la communication  avec le monde de l’invisible. Objets rituels, les masques authentiques sont façonnés dans un bois très dur choisi entre cent, et que l’on ne coupe qu’après des incantations destinées à consacrer tant l’arbre que l’outil du sculpteur.
Souvent, de petits coquillages sont incrustés dans le masque, en particulier chez les bambara de rite N’Tomo, le génie des jujubiers. Mais l’ornementation ne va pas plus loin. Le masque N’Tomo, de forme cubique, se doit d’être sobre  puisqu’il renferme l’esprit protecteur.
Il ne faudrait cependant pas croire que tous les objets d’art maliens proviennent des réserves  de quelque société secrète. Les imitations pullulent sur tous les marchés et les artisans maliens maîtrisent parfaitement la technique du vieillissement du bois qui donne aux masques et aux statues un vernis d’authenticité.
A suivre

LE RETOUR DE L'ARMEE A KIDAL! QUE DE JOIES, MAIS AUSSI D'INCONNUS!

Depuis la décision du retour de l’armée malienne à Kidal,les commentaires vont bon train exprimant l’immensité de la joie que cela a procurée.
Ce serait de l’euphémisme d’affirmer que certains Maliens sont aux anges à cette nouvelle pour plusieurs raisons, même s’ils sont confrontés au scepticisme des plus réservés, qui demandent d’attendre de voir ce que l’avenir nous réserve.
I-LA JOIE DE CERTAINS MALIENS A L’ANNONCE DU RETOUR DE L’ARMEE MALIENNE A KIDAL :
La joie de certains Maliens s’explique pour les raisons liées à l’évolution du statut de Kidal, à la lanterne vers la paix, à l’expression de l’amour qu’ils portent aux gens de cette partie du Mali :
A-     L’évolution du statut de Kidal :
A un moment donné, Kidal était en passe d’échapper à l’unicité du  territoire malien, du moins, c’était l’impression que l’hostilité qui s’y est créée laissait prévoir. Ce retour de l’armée marque l’idée de croire à l’acceptation des rebelles de s’inscrire dans la logique d’un Etat uni dans ses diversités.
Enfin, l’armée reconstituée à Kidal, c’est comme l’Etat malien reconstitué.
La réalisation de ce pan de l’accord pour la paix  et la réconciliation d’Alger est un pas géant vers le retour à la normalité, qui permettra, avec le minimum de franchise, de faire désormais front commun contre les rapaces qui versent quotidiennement le sang des Maliens dont le seul tort demeure d’aspirer au vivre ensemble dans la tranquillité.
B-      La lanterne vers la paix :
Ce retour de l’armée, même reconstituée à Kidal, suppose une lueur pour la paix avec ceux qui s’étaient fait distinguer dans leur propension à l’irrédentisme. Les éléments qui la composent c’est tout comme ils s’engagent à ramener ensemble la quiétude des populations. Il est très évident qu’il n’y a pas mieux que la paix pour tourner l’avenir vers le développement.
C-L’amour que tous les maliens portent aux gens de Kidal :
Cet amour n’a été à aucun moment démenti. Tout a été entrepris pour sauver cet amour. Les concessions les plus hardies ont été acceptées par les autorités et les Maliens pour dissuader les rébellions : des programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (D.D.R.) ont été toujours concoctés à l’intention de ceux qui veulent se désolidariser de l’ensemble dans lequel, cependant, ils n’ont rien à perdre.
Il est permis d’espérer désormais qu’un bémol est mis dans les relations tendues entre le Mali et ses composantes rebellées, si rien ne vient encore brouiller les pistes.
II-LE SCEPTICISME DES RESERVES AU RETOUR DE L’ARMEE A KIDAL :
Le scepticisme des plus réservés au retour de l’armée à Kidal a aussi ses raisons à cause de la remise en cause permanente des accords de paix par les gens de Kidal, à cause du manque de confiance de ceux-ci en la personne des Maliens, à cause même du racisme qu’ils nourrissent contre les gens autres que ceux de leur appartenance sociale ou spatiale, à cause de ce qui est au-delà de Kidal :
A-     La remise en cause permanente des accords de paix :
Aucun accord de paix n’a duré le temps de celui de la première République qui a vu le jour en 1963. On se souvient que cet accord avait été imposé dans le sang par les armes.
A l’époque, les Ifoghas, la famille de Intalla, s’étaient opposés à toute rébellion dont le but tendait à la partition du Mali. Donc, ils avaient choisi le camp des autorités gouvernementales pour préserver l’unicité du territoire.
Mais, malgré, une autre rébellion, dont les méfaits ont duré jusqu’en 1992, a éclaté en 1990. Celle-ci également a connu son épilogue par un accord dit de Tamarrachet.
Ce jour, tous les maliens, sauf ceux qui ont plusieurs flèches à leurs arcs, pensaient que c’était la fin définitive des rébellions. C’est ainsi que la journée de la flamme de la paix au cours de laquelle des armes ont été brûlées a été fêtée à Tombouctou. Mal en pris les Maliens crédules à la parole donnée de ceux-là qui n’ont pas de parole d’honneur, car le 17 janvier 2012 ils furent réveillés par l’horreur des crépitements des armes qui tuaient indistinctement civils et militaires.
C’est cette dernière rébellion en cours qui s’est soldée par un accord dit accord d’Alger pour la paix et la réconciliation. Cet accord, au demeurant, fait l’unanimité de ceux qui soutiennent qu’il est tiré par les cheveux, mais faute d’alternative meilleure, son application va à pas de tortue, dont le retour de l’armée reconstituée à Kidal.
B-      Le manque de confiance des rebelles en la personne des Maliens :
Il est triste de savoir que malgré tous les gages donnés à ceux-là qui ont pris les armes contre leur pays, ces derniers ont en tête que les Maliens ne sont pas dignes de confiance et sont capables de les trahir. Comme ils ont dorénavant trouvé du plaisir dans leur entêtement infondé, ils pensent qu’en rentrant au bercail ils vont perdre les privilèges qu’ils se sont donnés en combattant par les armes.
A l’heure, ils redoutent fortement des poursuites des faits graves qu’ils ont commis. C’est l’une des raisons aussi qui fait qu’ils marchent sur la pointe des pieds, qu’ils sont en perpétuelle alerte, prêts à rebondir au moindre bruissement. Or, au lieu de jouer à la victimisation, ils auraient pu éviter ces violences qui n’avaient pas lieu d’être, et personne ne se serait pris à eux. D’ailleurs, ils sont libres d’aller où ils veulent au Mali, sans crainte de représailles.
Par ailleurs, ils pensent que leur zone de prédilection regorge de ressources du sous-sol dont les bénéfices doivent leur revenir en premier, oubliant que présentement ce sont les mines d’autres régions qui les nourrissent. Et ils ignorent que sans eux le nord serait le meilleur endroit au Mali où la vie pourrait être agréable. Ils ne savent pas l’énormité des torts qu’ils y ont causés en y annihilant tout effort de développement, et cela, depuis des lustres.
C-      Le racisme des rebelles :
N’ont-ils pas dit maintes fois que le Mali est le seul Pays où les Noirs dirigent les Blancs ? S’ils sont raisonnables, ils se seraient posé la question quant à la responsabilité des Noirs de se retrouver majoritaires dans le même espace qu’eux. Beaucoup étaient partis s’installer définitivement en Lybie n’eut été la mort brutale de Kadhafi, or leurs semblables occupent des postes importants dans l’administration et institutions maliennes. Et puis, personne ne choisit à l’avance d’être noir ou blanc, s’ils sont croyants comme ils veulent le faire croire.
D-     A cause de ce qui est au-delà de Kidal :
Les sceptiques, mis à part de ce qui est avancé plus haut, mettent des réserves concernant la situation qui prévaut à Kidal depuis la libération du Nord du Pays.
En effet, du jour de la libération du Nord à maintenant, l’armée malienne n’a pas pu avoir pied ferme dans les Adrars des Ifoghas, par le fait de l’armée française et de la Minusma. Dans cette zone, sous la barbe des forces précitées, toutes sortes de hordes malveillantes centrifuges et hétéroclites fusent de partout, se livrant à cœur joie aux trafics les plus ignobles, en tuant sans pitié tout ce qui bouge autre qu’eux.
Il y en a qui croient, et ils ne sont pas moindre, que ce retour de l’armée a été accepté par les hommes à cause des dernières accusations portées contre la situation hors-la-loi de Kidal. Le Président nigérien, Ousmane Youssoufi, n’a pas manqué de dire haut que toutes les attaques dont son Pays fait l’objet se trament à partir de Kidal. Pour seule réponse, en faisant croire qu’ils sont innocents par une visite, ce sont des séries de massacres qui ont suivi.
De ce fait, la Communauté internationale avait commencé à se faire une religion autre que celle que l’on lui a fait croire jusqu’ici. Il y en a dans cette Communauté Internationale indolente qui commençaient à affirmer publiquement que les terroristes bénéficiaient de la complicité des rebelles de Kidal, alors que cela sautait aux yeux pour qui sait que ces malveillants ne s’y étaient pas transportés ex nihilo, et avaient pris soin d’épargner de leurs attaques tous ceux qui partageaient leurs visées criminelles. Et aussi, la réunion de Pau, en France, en a fait cas, et a décidé d’y trouver une solution le plus tôt.
Pour cela, ceux qui gardent leurs réserves, concluent que ce ne sont pas ces quelques hommes qui peuvent suffire à neutraliser tous les terroristes qui pullulent dans la zone de Kidal, sauf si les forces internationales, en l’occurrence Barkhane et la Minusma, acceptent de les appuyer, avec honnêteté, car selon eux, en cas de pépin, il ne faut pas compter entièrement sur la CMA dont on connaît la volatilité, ou sur la Plateforme, qui a en son sein, à part le Gatia, des gens qui sont susceptibles de trahir à tout moment, qui soufflent très souvent le chaud et le froid. Selon leurs dires, Kidal ne se limite pas seulement à la ville, en laissant libre tout l’espace qui sépare Kidal à la frontière algérienne où est présumé se mouvoir Iyad Ag Ghaly et ses sbires.
Du coup, ils ne se privent pas de croire que depuis que cette crise perdure, les forces coalisées du nord ont eu des assises un peu partout dans le grand Sahara et le Sahel, qui ne mettront pas de gant pour venir renforcer leurs alliés longtemps basés aux environnants de Kidal, comme ils l’ont fait lors de la visite dont catastrophe de Moussa Mara en 2014. Pour eux, ce n’est pas pour rien que la France, cette puissance mondiale, demande le renforcement de sa position par les autres pays occidentaux. Ils ne se trompent pas en disant que l’intervention de la France a été une chance pour nous, d’une certaine matière, car tant qu’elle continue à nous soutenir, même si c’est pour ses intérêts, nous pouvons garder espoir sur l’issue heureuse de la crise, puisque toute attaque ouverte contre elle impliquerait l’Europe. Aucun groupe criminel ne s’y aventurerait, notamment ceux-là qui ont échoué devant Israël. Notre seul souhait est de la voir, en mettant toutes autres considérations à part, se mettre entièrement du côté du pouvoir légal de Bamako pour combattre toute organisation qui ne s’inscrirait pas dans les lois nationales et internationales.
Enfin, pour terminer, nos prières vont à tous ceux qui sont morts à tort, civils et militaires, sur le sol malien, et continuent à mourir, malgré la demande de dialogue que les autorités maliennes ont adressée à Iyad et à Amadou Kouffa. L’espoir ne serait pas superfétatoire de penser que le retour ainsi enclenché de l’armée reconstituée à Kidal est un début de la fin de la crise qui fait plus de mal que de bien.

LES ARTS DU MALI : LES MAITRES DE LA PAROLE

Au Mali, plus que partout dans l’ouest africain, la parole est restée un art, car, expression d’une civilisation, elle demeure l’apanage de ceux qui, de génération en génération, se transmettent l’histoire et la culture maliennes : les griots traditionnalistes ou Belen-tigui, « les maîtres de la parole ».
Dépositaires de la mémoire des peuples, les griots de souche appartiennent à une caste professionnelle aussi vieille que la société malienne. De père en fils, de mère en fille, ils perpétuent  ce qu’on appelle la tradition orale. Dans les grandes occasions, ils parlent, chantent, jouent de la musique, retracent l’histoire millénaire qu’ils ont reçue de leurs aïeux et la complètent  par les événements qu’eux-mêmes ont vécus ou vivent.. Quand un griot parle, tout le monde se tait, pour apprendre de sa bouche, car son art ne se limite pas à sa science de l’histoire. Il manie magistralement mots et allégories, silences et rythmes. Habillant ses narrations de contes et de légendes, faisant intervenir son imagination afin d’éveiller  celle de son auditoire, le griot chante pour émerveiller, enseigner, voire menacer lorsque sa mélopée se transforme soudain en un feu roulant de mots aussi  soutenu que les sons du tam-tam.
Parmi ces maîtres de la parole, les Maliens du XXè siècle, y compris les plus jeunes, tiennent Bazoumana Sissoko pour le plus grand des griots  contemporains. Aveugle, ce digne vieillard n’est intervenu que dans les occasions  exceptionnelles, comme pour jalonner l’histoire et les mémoires  de ses irruptions dans l’actualité.
En 1960, il s’est manifesté par deux fois sur les antennes de Radio-Mali : lors de l’éclatement de la Fédération du Mali (laquelle rassemblait le Sénégal  et ce qui  était  alors le Soudan ex-français) et le jour de la proclamation de la République du Mali. Puis ce fut le silence. Jusqu’à un certain jour de novembre 1968 où, entendant soudain la voix du griot national, les Maliens comprirent qu’un événement important  venait de se produire : il s’agissait du renversement  du Président Modibo Keïta par de jeunes officiers. Puis à nouveau le silence. Quand, en 1974, un conflit frontalier avec la Haute-Volta d’alors risqua de dégénérer en une guerre, le « Vieux Lion » -puisque c’est ainsi qu’on l’appelle- reparla et rechanta le Mali.
Le vrai griot n’intervient donc que rarement en public. Car il existe des griots secondaires, parmi lesquels on trouve aussi bien de véritables traditionnalistes que de simples marchands  de louanges et de musique. La race des griots traditionnalistes se meurt, ce qui a inspiré à l’écrivain malien Amadou Hampaté Bâ cette belle et tragique formule : « Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ».
L’ayant compris et exprimé , Amadou Hampaté Bâ s’est attelé à la tâche de transcrire la tradition orale. Ce faisant, il a inauguré un genre littéraire inédit, seul garant de la perpétuation des acquis du passé : la « tradition orale écrite », pour ainsi dire. Il est incontestable que l’histoire retiendra son nom comme celui du père fondateur d’une génération de « griots de l’écrit », bien que n’étant pas lui-même de la souche des griots. Derrière Amadou Hampaté Bâ, sont venus  des jeunes que la formation universitaire n’a pas éloignés de la tradition orale. Parmi eux, il faut mentionner Seydou Badian Kouyaté qui dans des ouvrages magistraux, parfois romancés, a restitué aux nouvelles générations le Mali ancestral enfoui dans la mémoire des griots. Mais de l’extraordinaire communauté des intellectuels maliens ont surgi  aussi de jeunes écrivains et chercheurs qui se sont mis  à leur tour à l’écoute des anciens. En Afrique, ils ont acquis leurs lettres de noblesse, faisant ainsi retrouver au Mali sa réputation de « réservoir culturel ». Ceux-ci ont noms Massa Makan Diabaté, Issa Baba Traoré, Sekene Mody Cissoko, Bocar N’Diaye, Sadia Traoré, Issa Traoré, Django Cissé, Madina Ly Tall… Mêmes les non-historiens et les non-sociologues ont rattaché leurs études techniques à la tradition et à l’histoire. Economistes ou géographes, tels Youssouf Cissé ou Rokiatou N’Diaye Keïta, leurs écrits ont conservé cette obsession de la référence  à la culture qui a fait de la parole comme de la littérature malienne un même art cohérent.
A suivre.