Ces derniers temps, de plus en plus de Maliens demandent le départ du Président de la République avant la fin de son second mandat de cinq (5) ans qui est à sa deuxième année. A cet effet, ceux-ci ne manquent pas d’arguments : les maux qui ont toujours miné la gouvernance de l’ère démocratique : népotisme, favoritisme, l’accaparement de tous les maillons forts de l’Etat au profit exclusif, dit-on, d’une minorité proche du pouvoir, les problèmes sécuritaires dont la gestion opaque ne convient pas à l’entendement de la majorité, et surtout, les problèmes sociaux. Le Mali s’enlise en faveur de l’opinion qui soutient, enfin, et mordicus, que la vision de conduite erronée des affaires se raffermit chaque jour, de telle sorte que l’effondrement du pays n’est plus à exclure, si des solutions idoines ne sont pas trouvées.
La question : est-ce la solution ?
Le départ prématuré du Président de la République résoudra-t-il pour autant les problèmes que les Maliens vivent ? En se plaçant du côté de la légalité, la réponse est tout trouvée, renverser un pouvoir en dehors des urnes crée un précédent qui ne peut demeurer pérenne. En d’autres termes, le cas échéant, des divisions peuvent naître entre Maliens qui ne vont pas favoriser l’exercice du pouvoir, à l’instar de tous les coups de force appréciés diversement par la population. Les cas vécus sont là pour édifier.
Pour autant, il n’est pas question de cautionner l’autisme du pouvoir qui affiche le mépris de l’opinion malienne qui n’approuve pas la résolution de tous les scandales –et Dieu seul sait qu’il y’en a eu – de tous les problèmes sociaux et sécuritaires qui ont été crées par une mauvaise gouvernance. L’on ne peut pas disconvenir qu’en vedette le problème scolaire lié à l’application de l’article 39 de la loi portant statut particulier de l’enseignement secondaire, fondamental et préscolaire a été malmené au point de conduire à la radicalisation des positions des protagonistes. Aussi, à cet instant, il incombe au Gouvernement de réunir tous les acteurs sociaux, l’UNTM, dont le Président, est étiqueté d’être un homme courtois, ouvert au dialogue, et autres syndicats, au tour d’une seule et même table afin de dégager un consensus allant dans l’amélioration des conditions de tous les travailleurs. Tout en acceptant, dans la mesure du possible, dans l’immédiat, l’application de l’article dont question, le Gouvernement peut, profiter pour harmoniser, par la suite, toutes les grilles salariales, en tenant compte des spécificités de chaque corps. Ce sacrifice ne serait pas de trop d’autant plus qu’il aura l’avantage de mettre fin à la situation actuelle de l’enseignement, même s’il faut procéder à des coupes budgétaires drastiques dans certains services qui n’en bénéficient que de trop.
C’est ainsi qu’on en vient à ce constat, à propos de la mauvaise gouvernance, de savoir à qui il faut s’en prendre ? Le Mali n’est pas une propriété privée, pour qu’un homme ou un groupe d’hommes en dispose comme il entend. Si chaque citoyen cultivait une certaine conscience de bien faire, si chaque responsable, à son niveau de responsabilité, se conformait à la volonté de la loi au lieu de celle d’un homme, nous pouvions sortir de l’ornière. De mauvais responsables, et cela a tendance à se généraliser, ne rendent pas réellement service au pouvoir, ni au peuple, en suivant des sentiers battus et expiatoires, en s’acoquinant dans des projets dont ils se partagent les bénéfices. Actuellement, une mentalité inadmissible s’est instaurée avec la pensée que la promotion est synonyme du profit, de l’enrichissement, même éhonté du bénéficiaire, au point de se demander quel cadre mérite la confiance. Il en existe, mais ils sont rares. C’est tout autant inconcevable qu’à l’heure des éveils de conscience partout dans le monde, des Maliens acceptent des bourrages d’urnes, des achats de voix au vote, couronnés par de mauvaises décisions, faussant les résultats des scrutins. Barack Obama, l’ex-Président américain, n’a pas eu tort d’affirmer que l’Afrique a plutôt besoin d’institutions fortes que d’hommes forts, car ce sont elles qui peuvent jouer valablement les contre-pouvoirs.
Ce qui est sûr, le Président IBK a déjà accompli un mandat, qui n’est pas sombre à tous les points de vue, et a entamé un second dont il lui reste trois (3) ans et quelques mois. Etant donné que par les dispositions de la constitution malienne, le mandat présidentiel est renouvelable une seule fois, il vaut mieux attendre la fin de celui qui est en cours, et mettre légitimement par les voies autorisées un homme qui pourra donner satisfaction au peuple malien. Pour cela, il faut œuvrer à ce que la mentalité des Maliens évolue quant aux choix des responsables qui seront amenés à diriger le pays. Ainsi, mettre de côté le sentimentalisme destructeur, les considérations partisanes et subjectives au détriment de l’intérêt général. Sinon, en raison des réalités du moment, la remise forcée de l’ordre constitutionnel, peut empirer la situation, s’il n’existe aucune maîtrise de l’avenir immédiat qui peut renfermer beaucoup de non-dits.